Qu’avons-nous besoin de paroles
Pour nous redire les heures enrubannées
De notre amour,
Pour nous confier l’immensité de nos passions,
Le sens sacré de nos deux vies ?

Qu’avons-nous besoin d’étreintes interminables
Pour traduire la tendresse
Comme ces jeunes
Aux corps fondus et confondus
Au plus fort de l’éclipse
Et de l’extase ?

Depuis un demi-siècle, nous épluchons nos souvenirs
Dans la solitude de ce parc
Qui garde encore la primeur de nos premiers aveux,
Le sublime de nos caresses,
La musique de nos promesses,
La saveur de nos baisers
Et la noblesse de nos serments.
Des fois, nos larmes sur les roses
Traduisaient la tragédie de nos brisures.
Pourtant, quand l’aube nouvelle nous révélait
La naissance de mille bourgeons sur les tiges,
Nous comprenions mieux le miracle l’amour
Qui embellissait le jardin avec la rosée
De nos chagrins, de nos regrets et de nos peines.

Cet arbre connaît la portée de nos rêves,
Cette allée solitaire,
Le sens de nos promenades vespérales
Et ce vieux banc de bois, le poids de nos angoisses.

Qu’avons-nous besoin de paroles ?
Nous connaissons tous les langages de la tendresse
Dans la délicatesse du silence,
Dans la douceur de la présence,
Dans le secret de l’absence…
À présent, il ne nous reste qu’à partir pour continuer le rêve
Au-delà de la vie.