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Manifeste mutantiste 1.1 de Mathias Richard et al
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 Article publié le 14 novembre 2011.

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Si on voyage un peu, on a vite fait d’entendre ce qu’on pense en général de la « littérature française d’aujourd’hui » : c’est de la merde ! Les générations qui se pressent au portillon des librairies, toutes d’après-guerre, ne convainquent personne. Au mieux, les dernières bonnes nouvelles arrivent du Nouveau roman, et de ces années 60 où, par contre, ça pullulait encore dans la poésie et le génie.

Depuis, quelques aventures d’îles à la dérive marquent encore le territoire.

Mais au fond, entre la crasse commerciale et les ronrons des autres, plus rien n’arrive à l’esprit dans ce pays préoccupé d’abord par des rêves plus sommaires.

Pourtant, on n’a même pas besoin de gratter pour se rendre compte que l’existence, à défaut de la vie, continue de plus belle.

Quelques années de travail, aux confins de la création et de la pensée, ont suffit à Caméras animales, éditeur hors pair, pour mettre sur pied non seulement un catalogue de choix, mais encore une équipe assez active et efficace pour être une communauté.

Enfin, voici la première version d’un manifeste qui tient du logiciel comme il sied à toute pensée contemporaine de qualité et de poids.

C’est d’une profondeur étonnante. Et d’une actualité qui informe et qui fonde.

Patrick Cintas

 

Manifeste mutantiste 1.1 de Mathias Richard et al [1].

« Le mutantisme est un logiciel psychique s’adressant aux personnes voulant penser et créer hors de ce qui est. »

Que faire quand on s’emmerde à mourir dans la France des années 2010 ?

Réponse : devenir mutantiste !

Le seul avantage d’une époque-désert comme celle-ci, c’est que tout est réinitialisé, et que des zozos peuvent tout reprendre à zéro.

Le seul avantage de cet espace lisse désertifié — ce monde — est que des originaux peuvent en récréer les plis.

Tout reprendre à zéro. S’organiser.

Tout reprendre à zéro. Tout est fini. Rien n’a commencé.

Auto-organisation. Mutantisme.

Hymne à la création, à la solidarité entre « différents » (voire « inadaptés », ceux qui font « un pas de côté »), Manifeste mutantiste 1.1 [2], de Mathias Richard, exprime les principes du « mutantisme » [3].

Texte de poésie, de pensée, manifeste littéraire et artistique, manuel, essai transgenre avec liste de protocoles de création (« machines abstraites ») et d’exemples (textes, images...), notice technique, contrepoison à une époque mortifère, rassemblement de singularités utilisant l’environnement technoscientifique et informationnel, le Manifeste mutantiste propose des perspectives créatives et communautaires.

Le mutantisme est un réseau asocial (tellement asocial qu’il est toujours en voie d’effondrement, de disparition !) et une cellule de recherche et développement sur la multiplicité des formes et des formats. Certains qualifient cet agrégat de « situationnisme psychédélique ». Du noir, mais en couleur ? Des arcs-en-ciel, mais noirs !

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Le livre s’organise en trois mouvements :

(1) le manifeste lui-même, constitué dix chapitres modulaires [4] très brefs (des modules synthétiques), sauf le dernier,

(2) le module « Machines », qui est hypertrophié, atteint d’éléphantiasis, car son principe, matriciel, est d’être développable, augmentable à l’infini, d’être l’objet d’ajouts par qui veut, ouvert à tous vents, [20 auteurs participent à cette partie]

(3) un appendice contenant des exemples et des textes de création, trop longs pour être insérés dans le corps même du manifeste, dont le texte « Réplicants » (chronologiquement première oeuvre-application issue des machines mutantistes) qui à lui seul pourrait constituer un livre autonome.

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Une grande force du Manifeste mutantiste est son aspect synthétique, la qualité de sa synthèse d’éléments civilisationnels, culturels, sa vision transversale différents champs, s’attardant particulièrement, dans cette version, sur celui de la création (art, littérature...). C’est un texte matriciel qui donne des pistes pour créer.

1/ En art et littérature, le mutantisme déclare une table rase et une reconstruction des genres sous forme de machines.

2/ D’un point de vue social, le mutantisme constitue un appel aux « déviants » à s’allier, ou du moins s’agréger (pour solidarité, amusement, émulation, créativité accentuée accélérée, projets, soutien des uns et des autres à travers la construction d’un réseau). Le mutantisme rêve de créer une zone de solidarité entre ceux qui ne se reconnaissent dans rien et veulent créer, commencer, de nouvelles choses.

Les « différants » sont souvent convaincus qu’ils sont des erreurs et frappés d’anomie sociale. Nous sommes divisés pour être mieux régnés, il n’y a plus de solution collective. Un début : mutantisme.

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Mutantisme = 1/ un constat sur une époque 2/ une façon de créer 3/ un agrégat de personnes se déclarant « mutantistes ».

Ce livre déclare une réinitialisation générale, une reconfiguration.

« Création, solidarité, liberté », semble-t-il nous dire.

« Le mutantisme est un programme de réinitialisation d’où naissent de nouvelles catégories, de nouvelles classifications, de nouvelles formes. »

 


 

[1] et al., abréviation d’et alii, « et les autres » en latin (ou de et alibi, « et ailleurs ») : il est d’usage dans certains domaines scientifiques, lorsqu’un ouvrage a plusieurs auteurs, qu’on annonce l’auteur principal puis et al. » au lieu de citer tous les collaborateurs.

Nikola Akileus, Gabriel Azais, Guénolé Boillot, Philippe Boisnard, Antoine Boute, Lucilie Calmel, Cyrill Chatelain, Georges Cl4renko, Yvan Corbineau, Grégoire Courtois, Etienne Dodet, Christophe Esnault, Caroline Hazard, Hypsis, LWO, Méryl Marchetti, Cédric Micchi, Virgile Novarina, François Richard, Yannick Torlini.

[2] La numérotation « 1.1 » indique que c’est une version augmentée (et mise à jour) par rapport à la première version « 1.0 » parue en ligne le 10 janvier 2010, sur le site http://mutantisme.free.fr/

[3] Il est question ici de mutation par la pensée (modes de représentation) et non par reproduction biologique.

[4] La structure modulaire (et non linéaire avec un début et une fin) du manifeste participe de son sens même : ouverture, non finitude, recombinaisons.

 

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