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Journées (Patrick Cintas) - 1ère partie
Faut bien rire

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 Article publié le 28 juin 2012.

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À la campagne, je me marre. Je peux pas dire que j’aime ces nuits de silence absolu. L’idée de toutes ces bêtes et de tous ces humains (en admettant que cette différenciation est judicieuse) en attente dans le noir des fois qu’il se passe quelque chose qui ne soit ni un tremblement de terre ni une invasion des barbares me donne comme qui dirait le goût de l’angoisse alors que d’ordinaire je suis plutôt un type tranquille qui s’endort à l’heure et se réveille avec les autres. Je me marre pas pour ça. Je me marre parce qu’à la campagne, je suis pas seul. Je parle pas des bêtes, ni même de ces humains qui ont un nom mais rien pour le prouver. Ici, j’ai des connaissances. On se connaît depuis des siècles. Depuis l’enfance pour tout dire. On se retrouve et on peut pas s’empêcher de se comparer. On mesure plus les jets de pisse dans la cour de l’école. On a dépassé ce stade du développement intellectuel. On est même complètement développé. Il manquerait plus que l’un de nous se mette à pisser aussi loin ! On en parle, bien sûr. On se souvient, comme on dit. Ça fait pas de nous des poètes. Manquerait plus qu’ça ! Les enfants ne savent rien de ce que nous savons maintenant. On parle en code quand ils s’approchent. Mais on les observe de près. Leurs cris animent le faubourg sous les platanes. Les mêmes cris. Les mêmes filles. Les fenêtres noires de regards. Les chats qui dorment ou font semblant de rêver à autre chose. Mais c’est pas ça qui me fait marrer. Ça, tout le monde peut le constater s’il revient chez lui. C’est même pas agréable. Ça n’explique rien et ça s’explique pas. Comme la nuit avec ses animaux humains et autres. Le matin, je reçois la lumière comme un don. J’ai cette appréciation du temps. Et j’ai pas encore commencé à me marrer. Je fais un tour par la rivière et je reviens par les bois. Je rencontre. Je me souviens. Je mesure le jet de nos mémoires. C’est pas marrant, pas encore. Puis je m’approche de la boulangerie. Ça sent plus le fournil, mais à l’intérieur, ça sent le pain. Ça me fait marrer, mais pas autant que la boulangère. Les mêmes yeux, la même vieillesse en cours. Elle me fait marrer. J’y peux rien. Et elle m’en veut encore.

 

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