Alphonse de Lamartine
Qu’on appelait aussi Cucul-la-Praline
Parce qu’il avait le vin mauvais
À cause d’une mauvaise cuvée
Eut raison de la Révolution
En imposant aux passions
Les trois couleurs de la liberté
Héritées
Respectivement
Des curés, des rois et de la famille régnant
Aucun art ne guida sa pensée
Et il fut suivi par la majorité
Ce drapeau est couvert de sens
Il y a aussi pas mal de sang
Versé
En apnée
Comme le vin
Qui met fin
À l’art de composer des drapeaux
Dans le pays de la poule au pot
En Amérique
Pays pratique
Le drapeau n’a qu’un sens vernaculaire
Même à l’envers
Il dit ce qu’il veut dire
Sans praline et sans soupirs
Sans une seule seconde de retard
Bien sûr ce n’est toujours pas de l’art
Il y a bien de la terre et des hommes
Avec tombée de l’arbre une pomme
Que la science de ces habitants
Dément
Un peu plus chaque jour
Parce qu’ils sont aussi champions du tour
Des choses et des vivants
Comme au bon vieux temps
Des Arabes fils du ciel
Au goût de miel
Et de sable
Arable
Plus loin sur la Terre
Peut-être au milieu
Avec ou sans dieux
Le désert
Est plus fort que la Chine
Alpine
Et plus vrai que la Sibérie
Qui rit
Elle aussi au fond de l’océan
Du temps -
Dans le désert
De terre
On s’accroche à la vie
Et le temps manque à l’envie
Aussi
Ici
On est peintre avant tout
On a les yeux sur tout
Et on voit
Que c’est là
Et seulement ici
Que la poésie
Peut sans danger pour elle-même
Ni pour ceux qui l’aiment
Faire des drapeaux un art
Et de l’art un drapeau
On y voit ou il est tard
Mais on l’a dans la peau
Et même avec des mots, des gestes ou des histoires
Leçon de chose et non pas de morale ni de science
Poésie de la conscience
C’est l’espoir
Et donc la vérité
Qui prend la place des déshérités
Et non pas des idées même véridiques
Comme en Amérique
Ou nostalgiques d’un temps pourri
Par le règne et ses épis
Symboliques
Et toujours en pratique -
Ici dans le désert et sur les plages
Dans les montagnes et les mirages
Le drapeau est un art facile
À la portée des couseuses de son fil
Et des voyages de ses fils
À la hauteur de la vie qui s’immisce
Chez le voisin
Qui n’est chez lui
Que chez les autres
Mer et océan, montagnes et jardins
Sahara à portée de main
Ici
L’homme libre n’a que la couleur de la vie