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ROTONDA DE GATOS ILUSTRES V - Les chats du paradis et de l'obscurité
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 Article publié le 29 novembre 2005.

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Traduit en français par Patrick CINTAS

français

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Hier, aujourd’hui et demain ne sont pas des temps séparés
mais confondus

 

Au sommet d’un rocher entouré de vieilles toitures, comme une voûte céleste, il y avait une étendue de lumières et de couleurs. Personne ne pouvait la toucher parce qu’elle brûlait. Cette étendue séparait deux grandes sphères, celle du Nord et celle du Sud. C’était comme une Atlantide perdue.

Au Sud, brillamment éclairé, on pouvait voir des centaines de chats ; mais un seul était doré comme le soleil, avec des yeux jaunes, noble d’allure et deux fois plus grand que les autres. Dans cette sphère, on trouvait des oiseaux au beau plumage, des fruits délicieux et on pouvait entendre de la musique tous les matins, surtout Les fantaisies du compositeur hollandais Jean Pieterszoon , et le Magnus liber organi, un recueil d’alléluias primitifs et polyphoniques français du compositeur liturgique Leoninus ; L’hymne à la joie de Beethoven, avec l’arrangement du dernier mouvement par le compositeur allemand Fiedrich von Schiller et Les quatre saisons de Vivaldi. Le soir, on entendait à l’horizon la musique des Andes, jouée par des instruments aux sons magiques.

Cette sphère avait trois niveaux. Le premier au sommet même du rocher connu comme Le dernier toit, où tous les chats étaient blancs aux yeux verts. À gauche de ce toit, il y avait un petit lac où les poissons et les oiseaux s’amusaient, et une cascade dans les feuillages dont les hirondelles buvaient l’eau rapide. À droite, des centaines d’amphores pleines de lait et un essaim de cigales et de lucioles.

Au milieu de la sphère, il y avait un autre toit qu’on appelait Le toit du milieu, où les chats étaient jaunes avec des yeux verts, car il se nourrissaient de pain de froment, de miel et de raisin vert.

Au troisième niveau, dans la partie basse, qu’on appelait Le toit d’en bas, les chats étaient noirs aux yeux verts, car ils se nourrissaient de chocolat et de raisin vert. Sur ce toit s’élevait une vigne géante dont les branches, toujours fleuries, atteignaient les trois niveaux de la sphère, et les chats en cueillaient d’énormes grappes.

Les trois toitures possédaient de belles terrasses et quand le ciel se dégageait, on pouvait voir clairement le lac Titikaka, qui est le lac d’eau douce le plus haut du monde, avec ses îles, Inti Marka l’île du Soleil, son temple Pilkokaina, et Koati l’île de la Lune. Il y avait aussi la cité préhispanique de Tiwanaku, anciennement connue sous le nom de Taypikala, avec sa porte de lumière et sa grande pyramide, encore presque totalement enfouie sous des centaines de tonnes de terre. Dans le Haut Plateau, paissaient tranquillement des vigognes à la peau délicate, des lamas beaux comme des poupées aux grands cils, des alpagas et des guanacos. On pouvait entendre les voix de Maman Ocllo Huacco et de Manco Kapac, descendants de Wiracocha, dieu de la mythologie andine ; et au fond, en direction de la croix du Sud, la mystérieuse beauté de l’Illimani.

Dans la sphère Nord, environnée d’ombres, il y avait des centaines de chats méchants, nuisibles, brigands et mesquins de couleur gris, avec des yeux rouges ; beaucoup d’entre eux souffraient de faim et de soif. Ils vivaient en compagnie de chauve-souris, de vampires et de rats. C’était une zone de chaos, de tonnerre, d’éclairs et de fureurs. Cette sphère était située en dessous du Toit d’en bas, elle était plus profonde, trouée de tunnels et de souterrains. On y pouvait pas voir la splendeur des lumières ni écouter de la musique.

Il y a bien des années, il y eut une tragédie féline sur la terre des hommes, des centaines de chats périrent bruyamment dans une déchirante explosion théâtrale. Maintenant, ils se trouvaient tous ici dans cette énorme et étrange voûte.

Un matin, apparut, dans la lumineuse sphère du Sud, un beau chat, plus grand que les autres, mais moins que le chat doré. C’était le Russe Raspoutine qui, mystérieusement, n’avait pas changé de couleur comme les autres.

Presque à la même heure, apparut au même endroit le chat Patriarche Oriental Melaka, toujours célibataire ; il avait été, dans sa vie passée, généreux et protecteur, et il avait conservé ces qualités. Il arriva en compagnie de son ami la souris blanche Mère Célibataire Solitude, qui maintenant avait toutes ses dents et qui n’était plus le symbole de la souffrance et du mauvais sort. Elle ne se séparait jamais de ses enfants, Seule Un, Seule Deux et Seule Trois qui se sentaient uniques de leur espèce et qui ne changèrent pas de couleur, car elles étaient blanches de naissance. Il y avait aussi ses parents, Dominique et Dominique, plus vieux et tout blancs comme leur fille, Ursule son ancien compagnon, son frère Gervais et sa fiancée Lorette, qui avait péri tragiquement. Il y avait ensuite ses enfants, Anémie, qui ne souffrait plus d’appauvrissement du sang, ni d’hémorragies, ni de maladies chroniques ; Arithmétique, qui avait augmenté ses connaissances des nombres ; Mathématique, exact et précis ; Multiple, qui n’avait pas changé d’avis et Silence, maintenant plus bavard, un peu bruyant même, toujours protestant et se plaignant sans cesse ; un vrai bavard qui ne parvenait pas à réprimer sa passion secrète et qui commençait à en parler, mais sans révéler le nom de son aimée. Les anciennes amours étaient aussi présentes : Fidence, Jouvence et Phil.

Le chat doré appelé Homère descendit du Dernier Toit pour recevoir les nouveaux venus, et il invita Raspoutine et Patriarche, les recevant comme des hôtes spéciaux qui montèrent avec lui au Dernier Toit. Ils y rencontrèrent d’autres chats. Harmonie s’appliquait à combiner des sons simultanés et différents, mais parfaitement accordés et s’essayait sans cesse à des imitations. Berceur, avec un miaulement toujours monotone, comme le son des tourterelles amoureuses ou celui que produit une petite rivière ; Cygne, avec sa petite tête, un gros corps et un cou très fin, et des oreilles noires et pointues, et sa manière si gracieuse de marcher ; Cristal, à la peau diaphane, délicate et transparente, avec un visage d’eau gelée en mouvement ; Dessein, avec ses plans et ses intentions constantes ; Discrétion, qui n’était pas belle, mais son intelligence et son tact lui inspiraient des miaulements prudents, au moment opportun, que tout le monde reconnaissait ; Rêve, un beau chat qu’on voyait rarement bouger, même en ouvrant les yeux, car il avait une capacité de rêver trois fois plus grande que les autres ; Eurasio et Juliette, fous d’amour, qui ne se séparaient jamais ; Éros, un des chats les plus beaux de la sphère, subtil dans ses actes, amant de la nuit, du lac et des fleurs, il avait aimé presque toutes les chattes de la voûte céleste ; Image, dont les yeux lançaient des rayons lumineux, avait l’air d’un sphinx à cause de son immobilité ; Méditation, une curieuse chatte, toujours silencieuse, réfléchissant dans le noir ; Rosalinde et Pantalon, très unis et pleins de projets théâtraux ; Penseur, méditant intensément à la brune, les jours de pluie, sombres et brumeux, cherchant une vision et essayant de deviner les malheurs à venir ; Préféré, remarqué pour son courage ; Prudent, comme son nom l’indique, agissait avec modération et prudence quand il parcourait les galeries, et on ne lui connaissait qu’une concubine ; Respect, qui obéissait avec déférence, considération et courtoisie ; Révélation, une chatte très appréciée, qui exprimait toujours des vérités secrètes ; Flèche, aux griffes rapides, ses coups étaient fameux, Sentier, expert pour trouver des chemins plus étroits que les sentiers ; Sens, un chat très important, avec son sens de l’équilibre à haute altitude, quant à l’orientation et la reconnaissance des sensations et des stimulus de la vision, de l’ouïe, de l’odorat, du goût et du toucher ; Vertueux, qui miaulait magnifiquement avec un don naturel pour surpasser les difficultés et éviter les conséquences néfastes. Il y avait encore beaucoup d’autres chats.

Homère invita la souris Mère Célibataire Solitude et toute sa famille à demeurer sur le Toit d’en bas où se trouvaient, entre autres chats, Affligé, qui ne souffrait plus physiquement ni moralement ; Angoissé, qu’on ne voyait plus effrayé ; Antique, maintenant très moderne ; Hasard, agité comme toujours ; Doute, maintenant sans regret ; Grave, totalement soulagé ; Mélancolie, qui souriait gracieusement ; Peine, trés joyeuse ; Regret, content ; Hâte, qui patientait ; Profond, encore plus profond, avec un regard indéchiffrable ; Pupille, qui avait des yeux très grands et très beaux ; Souvenir, un chat à la mémoire prodigieuse capable de se rappeler les moindres détails de sa vie passée et de celles des autres ; Route, les yeux posés sur l’horizon, plein de projets, un peu comme Sentier ; Rumeur, spécialiste du ronronnement avec des susurrements pour pousser des murmures, apparemment errant, mais sûr de ses effets ; Autoroute, avec ses obsessions félines de l’itinéraire ; Sacrifice, chat de l’offrande et de la reconnaissance ; Signal, observateur des distances pour la découverte d’indices, de vestiges ou de prodiges extraordinaires en dehors de l’ordre naturel des choses ; Évènement, qui se consacrait au temps qui passe ; Tranquille, prenant toujours le temps des choses, sans animosité ni angoisse et sans se préoccuper de ce que pensaient les autres de lui, même l’opinion d’Homère lui importait peu ; Une Seule Dent, qui les avait toutes maintenant ; Un Seul Oeil, avec ses deux nouveaux yeux ; et Seuil, chat des ombres, gardien des portes, des trous et des lucarnes.

Sur le Toit du Milieu il y avait Carmina, Nina, Cornu, qui était leur ami et qui ne portait plus ni ombres ni traces sur le front ; Adroite, Lama, Avenir, Pudeur, Chance et beaucoup d’autres chatounettes.

Raspoutine, dans ses moments de tranquillité, récitait des passages des classiques grecs. Eurasio ne se séparait jamais de Juliette et Melaka s’occupait, comme les autres, à ronronner, à boire du lait et à manger des raisins verts et des poissons du lac ; il écoutait de la musique, faisait de longues siestes et contemplait l’horizon.

Soixante jours plus tard, on entendit dans toute la sphère le long miaulement de Rumeur, qui venait d’avoir une conversation avec Hâte, Seuil et Signal. À cet appel, Homère descendit du sommet du rocher accompagné de quelques-uns.

 - Que se passe-t-il, Rumeur ?

Hâte lui répondit, sans hâte ni nervosité :

 - Il serait opportun de traverser la sphère du Nord car il y a de nouveaux candidats pour la nôtre.

 - Exact ! confirma Rumeur.

 - J’ai vu tomber du ciel plusieurs étoiles, les unes vivantes, les autres mortes, dit Signal.

 - Bon. Alors, traversons la sphère triste, dit Homère fermement. Cette fois, je me ferai accompagner par un important cortège, plus la souris Silence, avec l’autorisation de sa mère.

Homère, s’adressant avec autorité à Seuil, lui dit :

 - Toi, tu resteras ici. Ouvre la lucarne tout de suite.

Seuil, obéissant, manoeuvra la lucarne bleue pour laisser le passage au cortège félin accompagné d’une seule souris. Il la referma avec l’aide d’Angoissé quand tous furent de l’autre côté.

Devant le chat doré Homère marchaient Lama, Un Seul Oeil, Sentier, Route, Autoroute, Prudent, Image, Respect et Silence. Comme ils commençaient à descendre un escalier humide et fumant, ils sentirent des odeurs fétides. Il tombait une pluie sale, désagréable et gelée, de couleur gris cendre. Ils traversèrent plusieurs souterrains et, miaulant dans les coins, ils rencontrèrent des chats de leur connaissance, faméliques et squelettiques. Dans d’autres passages de toitures cassées et sales, on entendait un grand chahut ; il y avait des tambours et d’autres instruments. C’était comme une fête luxurieuse, avec des danses et des miaulements profanes, tandis que dans un tunnel moins profond, mais tout aussi désastreux, d’autres chats à l’aspect horrible apparaissaient : Amant Secret et Satirique, Avorton ; Spectre avait un mauvais regard ; Chaticide, qui avait la réputation d’être un assassin de chatons, qui avait détruit d’innombrables portées, un véritable ennemi de la félinité ; il y avait une foule d’autres chats à la mauvaise réputation.

Il fallait sans cesse demander à Silence de se taire. Il n’arrêtait pas de parler et de faire des commentaires à tout va. Prudent en était dérangé et Homère se repentait d’avoir amené dans un voyage aussi délicat un souriceau qui était censé être silencieux.

Les tambours cessèrent de résonner et les chats méchants repérèrent Silence. Ils se jetèrent sur lui. Se sentant menacé, il se mit à courir dans les ruines. Ils le poursuivirent dans les tunnels, détruisant tout sur leur passage. Dans le dernier tunnel, le souriceau sans défense rencontra un rat gris et se cacha sous lui. Il devint plus silencieux que quand il était l’ancien Silence. Entre temps, une bataille s’engagea entre les chats voyageurs et les méchants. Homère avait un étrange pouvoir. Il faisait disparaître les chats qu’il touchait. Ce qui provoqua une grande stupeur chez les méchants qui cessèrent le combat, fuyant horrifiés vers les toits. 

Quand le calme revint, le rat demanda à Silence :

 - Qu’est-ce que tu fais dans cet endroit ? Ignores-tu que nous autres, rats et souris, nous sommes la nourriture de ces brigands ?

 - Je viens de l’autre sphère où je suis invité, lui répondit le souriceau encore tremblant de peur. Je suis le fils de Mère Célibataire Solitude.

 - Oh ! Quel bonheur ! Quelle joie ! dit le rat. J’étais votre voisin de grenier. Je vais te protéger et t’aider à retourner auprès de ta maman qui m’a toujours semblé être une souris admirable. Elle souffrait tant, la pauvre !

Quand ils atteignirent le bout du dernier tunnel, Homère, maintenant plus tranquille, appela plusieurs étoiles vivantes et les invita à se joindre à lui.

 - Vous autres, dit-il avec douceur, approchez-vous de moi.

 - Et Abandonnée, Avortement, Drogué, Étonnement, Austérité, Malheureuse, Douleur, Lourdaud, Imperturbable, Hypocondriaque, Mot, Marionnettiste, Triste, Ronfleur, Séduction, Anarchiste, Désillusion, Ivresse, Délire, Fantôme et Borgne... rejoignirent Homère.

Eurasio et Juliette s’approchèrent d’Homère et lui demandèrent s’il pouvait inviter Adelfa, qui était une chatte suicidaire par amour, certes, et qui avait mauvais caractère, mais qui ne méritait pas de rester avec ces maudits, ces mafieux, ces dégénérés.

Homère les regarda avec douceur et admira leurs sentiments.

 - Adelfa, dit-il, approche-toi. Deux de tes anciens amis ont bien parlé de toi.

Image, qui écoutait, dit à l’oreille du chat doré :

 - Vous pensez que c’est une bonne idée ?

 - Hé, dit Prudent, que vont-ils en penser dans la sphère céleste ?

 - En effet, dit Respect. Comment allez-vous leur expliquer ?

 - Moi, je ne me responsabilise pas, dit Rumeur.

Lama éclaira le visage éploré d’Adelfa qui s’approcha du chat doré. Elle ne put s’empêcher d’embrasser Eurasio et Juliette en les remerciant.

Signal lui demanda de se joindre au groupe et Flèche l’accompagna avec diligence.

Discrétion était inquiète, mais Harmonie, Doute, Peine et Regret la tranquillisèrent, en lui disant qu’elle n’avait aucune raison de s’inquiéter étant donné que dans la sphère du Sud, tout était différent et sans méchanceté ni mal. 

Quand le groupe félin monta les dernières marches de l’escalier, guidé par Route, Autoroute et Sentier, on entendit un miaulement triste et languissant ; boitant, apparut un chat qui conversait avec des fourmis jaunes ; sur terre, on l’avait appelé Boiteux et les chats malfaiteurs se moquaient de lui.

 - Je savais qu’il y avait une étoile perdue parmi celles qui sont tombées du ciel, lui dit avec joie Homère. Sois le bienvenu parmi nous.

Pupille et Un Seul Oeil l’embrassèrent chaleureusement.

Signal gratta trois fois la lucarne et aussitôt, Seuil s’empressa de l’ouvrir.

Comme ils allaient franchir la lucarne, on entendit les cris de Silence qui arrivait en courant avec le rat gris. Celui-ci remit le souriceau à Homère. Le chat doré, pour le récompenser, l’invita à passer de l’autre côté.

 - Je ne mérite pas tant d’honneur, dit le rat. Ce que j’ai fait, je l’ai fait avec plaisir. C’est que j’ai connu la mère de ce petit égaré.

 - Raison de plus, lui répondit Homère. À partir de maintenant, tu es notre invité.

La chatte Parole salua avec éloquence les hôtes de la sphère céleste et les invita à monter au Dernier Toit ; Carmina et Nina, anciennes rivales d’Adelfa, la reçurent avec plaisir et les autres chats, sauvés de l’obscurité, furent répartis dans les différents niveaux de la sphère lumineuse. Abandonée, qui se sentait maintenant très accompagnée, prit en charge Carmina, Nina et Adelfa. Les rejoignirent Austérité, Malheureuse, Douleur, Séduction et Désillusion, qui étrennaient un nouveau visage. Hypocondrie fit aussi partie de ce groupe. La sensibilité de son système nerveux avait changé, elle n’avait plus cet air de tristesse et sa préoccupation constante et angoissée pour sa santé avait disparu. Marionnettiste fut envoyé à Rosalinde et Pantalon. Maintenant, ils avaient tous les yeux verts.

Avortement demeura sur le Toit d’en bas, en compagnie d’Imperturbable et de Triste qui souriait tout le temps ; il y avait aussi avec eux Anarchiste, qui conservait son idéologie, Ivresse, qui était devenue sobre, Délire, qui ne souffrait plus de fièvre et qui faisait preuve d’une grande lucidité, Fantôme, qui n’était plus un spectre et Borgne qui voyait avec les deux yeux.

Lourdaud alla s’occuper des canards du lac, avec Étonnement et Ronfleur. Le rat gris, qui maintenant était noir avec des yeux verts, fut reçu par son ancienne voisine avec beaucoup de tendresse. Silence ne cacha plus sa passion secrète et parla de l’amour qu’il avait pour sa demi-soeur Anémie qui devint sa compagne. Seule Un, Seule Deux et Seule Trois espéraient qu’un jour Homère leur permettrait de vivre sur le Dernier Toit où tous les chats sont blancs, comme elles. Mathématique passait le temps à compter les chats de tous les niveaux et Arithmétique le corrigeait. Multiple, qui voyait maintenant les choses simplement et non plus en double, ni en triple, devint la joie de ses grands-parents Dominique et Dominique et du rat gris qui était devenu noir.

Le jour se levait. C’était le solstice d’hiver. Le premier rayon de soleil traversa la porte de lumière qu’on voyait au loin. Il effleura la vigne de la sphère céleste et ses branches toujours fleuries ; il y avait un jeu de lumière dans les trois niveaux et les chats, joyeux comme on ne les avait jamais vus, essayaient d’attraper les reflets de couleur. Des terrasses, on voyait aussi le temple Kalasasaya, énorme observatoire solaire, et la Fourche de l’Inca ; Akapana, Pumapunku et dans toute sa splendeur, comme un miroir vivant, la Cordillère Royale des Andes avec ses monts enneigés le Huayna Potosí, le Mururata, l’ Illampu et l’ Illimani, entre les fumées et les rites de Kallawayas, Amautas, Yatiris et Curakas ; pénétrait dans l’oreille la merveilleuse musique des sicus, des quenas, des tarkas y des pututus comme un hommage au solstice. C’était le soleil aymara à la naissance des siècles, comme un dieu assoiffé buvant dans le Titikaka. Homère lui doit sa couleur ainsi que son fils Alux, lutin maya.

 

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Los gatos del paraíso y de la oscuridad

 

No son el ayer, el hoy y el mañana tiempos dispersos
sino unidos.

 

En la cumbre de un peñasco rodeado de tejados antiguos, como una bóveda celeste, había una malla de luces y colores, nadie podía tocarla porque quemaba. Esta malla separaba a dos grandes esferas, la del Norte y la del Sur, era como una Atlántida perdida.

En la del Sur, bellamente iluminada, se veían cientos de docenas de gatos ; pero sólo uno era dorado como el sol, de ojos amarillos, de noble aspecto y de doble tamaño que los otros. En esta esfera se encontraban aves de hermoso plumaje, frutas deliciosas y se oía música todas las mañanas, especialmente Las fantasías del compositor holandés Jean Pieterszoon y el Magnus liber organi, una colección de aleluyas primitivas y polifónicas francesas del compositor litúrgico Leoninus ; El himno a la alegría de Beethoven, con el arreglo coral del último movimiento del poeta alemán Fiedrich von Schiller y Las cuatro estaciones de Vivaldi. En las tardes, se escuchaba en el horizonte música de los Andes, con instrumentos de sonidos mágicos.

Esta esfera tenía tres niveles, uno en la propia cumbre del peñasco conocido como El Último Tejado, donde todos los gatos eran blancos y de ojos verdes, pues se alimentaban principalmente de leche y de uvas verdes. A la izquierda de este tejado un pequeño lago donde peces y pájaros se solazaban y una cascada de agua entre el follaje, de la que bebían golondrinas en vuelos rápidos. A la derecha cientos de ánforas llenas de leche dulce y un enjambre de cigarras y de luciérnagas.

 

A media esfera, había otro tejado al que le decían El Tejado de en Medio, donde los gatos eran amarillos y de ojos verdes, pues se alimentaban de pan de trigo, de miel y de uvas verdes.

Al tercer nivel, en la parte baja, se le conocía como El Tejado de Abajo, donde los gatos eran negros y de ojos verdes, pues se alimentaban de chocolates y de uvas verdes. Desde este Tejado se elevaba una parra gigante cuyas ramas, siempre floridas, se esparcían por los tres niveles de la esfera, de las que los gatos bajaban de un zarpazo racimos de uvas verdes.

Los tres tejados tenían bellas terrazas y cuando se despejaba el cielo, se podía ver con mucha claridad, el Lago Titikaka, que es el lago de agua dulce más alto del mundo, con sus islas, Inti Marka la Isla del Sol, su templo Pilkokaina y Koati la Isla de la Luna. También la ciudadela prehispánica de Tiwanaku, conocida antiguamente como Taypikala, con una puerta de luz y una enorme pirámide, todavía oculta y cubierta casi en su totalidad por cientos de toneladas de tierra. Pastaban tranquilas en el Altiplano, vicuñas de fina piel, llamas hermosas como muñecas de largas pestañas, alpacas y guanacos. Podían oírse las voces de Mamá Ocllo Huacco y Manco Kapac, descendientes de Wiracocha, dios de la mitología andina ; más al fondo, en dirección a la Cruz del Sur, la misteriosa belleza del Illimani.

En la esfera del Norte, en un ambiente sombrío, había cientos de gatos malandrines, dañinos, salteadores y ruines de color gris y ojos rojos ; muchos de ellos padecían hambre y sed. Vivían acompañados de murciélagos, vampiros y ratas, era una zona de caos, de truenos, relámpagos y estruendos. Esta esfera estaba más abajo que El Tejado de Abajo, era más profunda, más honda con túneles y subterráneos. Desde ella no se podía ver el esplendor de las luces ni escuchar música.

Años atrás, había sucedido una tragedia gatuna en la tierra de los hombres, cientos de gatos fallecieron estrepitosamente en una desgarradora explosión teatral. Ahora todos ellos, junto a muchos más, se encontraban en esta enorme bóveda extraña.

Una mañana, apareció en la luminosa esfera del Sur, un hermoso gato, más grande que los demás, pero de menor tamaño que el dorado, era el ruso azul Rasputín que, misteriosamente, no había cambiado de color como los otros.

Casi a la misma hora, aparecieron en el mismo lugar, el gato Patriarca Oriental Melaka, todavía célibe ; en su vida pasada fue generoso y protector y esas cualidades las seguía conservando. Llegó acompañado de su entrañable amiga la ratona blanca Madre Soltera Soledad, que ahora tenía todos sus dientes y ya no era símbolo del sufrimiento y de la desdicha, siempre inseparable de sus ratoncitos Solo Uno, Solo Dos y Solo Tres, que se sentían únicos en su especie y que no tuvieron que cambiar de color, pues ya eran blancos de nacimiento. También venían con ella sus padres Domingo y Dominga, más viejitos y blancos como su hija,su antiguo compañero Úrsulo, su hermano Gervasio y su novia Loreta, a los que había perdido trágicamente. Igualmente venían sus hijos Anemia, ya sin su empobrecimiento de sangre, ni sus hemorragias y sus enfermedades crónicas ; Aritmético, con nociones muy amplias de los números ; Matemático, exacto y preciso ; Múltiple, sin ver cosas de muchas manerasy Silencio, ahora sin su acostumbrada abstención de hablar, haciendo ruidos, protestando de todo y quejándose ; un verdadero parlanchín, sin reprimir su pasión oculta y secreta, pues ya empezaba a hablar de ella, pero sin revelar todavía el nombre de su amada. Estos seis últimos de color negro con sus lindos ojitos verdes. No faltaron en esta comitiva sus antiguos amores Fidencio, Juvencio y Filio.

El gato dorado llamado Homero, descendió de El Último Tejado para recibir a los recién llegados, e invitó a Rasputín y al Patriarca como huéspedes distinguidos a que subieran con él a El Último Tejado, en el que se encontraban los gatos Armonía,esmerada en unir y combinar sonidos simultáneos y diferentes, pero acordes, trataba de hacer imitaciones constantemente ; Arrullo, con un maullido siempre monótono, como el que expresan en su estado de celo las palomas y las tórtolas o la pequeña corriente de un río ; Cisne, de cabeza pequeña, cuerpo fuerte y cuello delgado y largo, con sus orejas negras y puntiagudas y su graciosa elegancia al andar ; Cristal, de una piel diáfana, delicada y transparente, como una figura de agua congelada en movimiento ; Designio, con su entendimiento, un plan y una intención constantes ; Discreción, no era bonita, pero su sensatez y tacto para maullar con ingenio y prudencia, en el momento oportuno, le eran muy reconocidos ; Ensueño,un hermoso gato al que casi nunca se le veía en movimiento, ni con los ojos abiertos, pues tenía la enorme capacidad de dormir tres veces más que cualquiera de los otros ; Eurasio y Julieta, prendados de amor, sin separarse nunca ; Eros, uno de los gatos más bellos de la esfera, sutil en sus acciones, amante de la noche, del estanque y de las flores, había tenido amores casi con todas las gatas de la bóveda celeste ; Imagen, de cuyos brillantes ojos se desprendían rayos luminosos y su estampa, casi siempre inmóvil, parecía una esfinge ; Meditación, una gata extraña, siempre en silencio, reflexionando en la penumbra ; Rosalinda y Pantaleón, muy juntos y con proyectos teatrales ; Pensador, meditando con intensidad en las tardes parduscas, en los días nubosos, sombríos y llenos de bruma, buscando una visión, tratando de conocer los males futuros ; Preferido, destacado por su valentía ; Prudente, como su nombre lo dice, actúa con moderación y cautela cuando recorre las galerías y sólo tiene a una gata como concubina ; Respeto,un gato que todo lo acata con deferencia,consideración y cortesía ; Revelación, una gata muy apreciada, siempre manifestando verdades secretas y ocultas ; Saeta, de gran velocidad en el movimiento de sus garras, sus zarpazos son famosos ; Sendero, experto en encontrar caminos más estrechos que una senda ; Sentido,un gato muy importante, con un gran sentido del equilibrio en las grandes alturas, en la orientación y reconocimiento de sensaciones y estímulos en la vista, el oído, el olfato, el gusto y el tacto ; Virtuoso, con una magnífica habilidad para maullar con un talento natural y un don especial para superar dificultades y evitar consecuencias negativas.Había muchos gatos más.

A la ratona Madre Soltera Soledad y a toda su familia, Homero los convidó a quedarse en El Tejado de Abajo, donde estaban, entre otros gatos, Afligido, ya sin sufrimiento físico ni pesadumbre moral ; Angustiado, al que ya no se le veía apocado ; Antigua, ahora muy moderna ; Casualidad, azarosa como siempre ; Deudo, ya sin pesar ; Grave, totalmente aliviado ; Melancolía, con una sonrisa graciosa y permanente ; Pena, muy alegre ; Pesar, contento ; Premura, ahora con mucha paciencia ; Profundo, de sentimientos más hondos que lo regular y de mirada indescifrable ; Pupila, de ojos extremadamente bellos y grandes ; Recuerdo, un gato de memoria envidiable, capaz de recordar hasta los más mínimos detalles del pasado de su vida y de la vida de otros ; Rumbo, con los ojos puestos en el horizonte trazando planos, muy parecido a Sendero ; Rumor, especialista en ronronear con susurros para hacer correr un murmullo, aparentemente vago pero seguro en su efecto ; Ruta, con obsesión gatuna en los itinerarios ; Sacrificio, gato de ofrendas y de reconocimientos ; Señal, observadora de distancias para descubrir indicios, vestigios o prodigios extraordinarios fuera del orden natural ; Suceso, dedicado a escuchar el transcurso del tiempo ; Tranquilo, siempre tomando las cosas con tiempo, sin nerviosismo ni agobios y sin preocuparse de quedar bien o mal con los demás, ni siquiera con Homero ; Un solo Diente, que ahora tenía todos sus dientes completos, Un Solo Ojo, con sus dos nuevos ojitos y Umbral, gato de las sombras, guardián de puertas, de agujeros y de claraboyas.

En el Tejado de en Medio, estaban Carmina, Nina, Cornudo, muy amigo de ellas y sin sombras ni huellas en la frente ; Diestra, Llama, Porvenir, Pudor, Suerte y muchas otras almas gatunas.

Rasputín, en sus horas de tranquilidad, recitaba pasajes de los clásicos griegos. Eurasio no se separaba ni un instante de Julieta y Melaka se dedicaba, como los demás, a ronronear, a tomar leche y a comer uvas verdes y peces del estanque ; a escuchar música, a dormir largas siestas y a contemplar el horizonte.

Sesenta días después, se oyó en toda la esfera un largo maullido de Rumor, que minutos antes conversaba animosamente con Premura, Umbral y Señal. Ante este llamado, Homero bajó de varios saltos de la cumbre del peñasco, acompañado de un grupo de ellos. 

 - ¿Qué pasa Rumor ?

Premura le respondió, sin mostrarse ni acelerada ni nerviosa :

 - Es recomendable atravesar la esfera gris del Norte, parece que hay nuevos candidatos para nuestra esfera.

 - Así es - confirmó Rumor.

 - Yo vi caer del firmamento varias estrellas, unas vivas y otras muertas - dijo Señal.

 - Bien, entonces atravesaremos la esfera triste - expresó Homero con firmeza - esta vez me va a acompañar una importante comitiva y el ratón Silencio, con autorización de su madre.

Homero, dirigiéndose con autoridad a Umbral, le dijo :

 - Tú, aquí te quedas, abre inmediatamente la claraboya azul.

Umbral, con obediencia, giró la palanca de la claraboya azul para que pasara la comitiva gatuna y el único ratón a la otra esfera y la volvió a cerrar con la ayuda de Angustiado, cuando todos estaban ya del otro lado.

Delante del gato dorado Homero, iban Llama, Un solo Ojo, Sendero, Ruta, Rumbo, Prudente, Imagen, Respeto y Silencio. Al bajar por unos escalones de barro húmedo y humeante, empezaron a percibir unos olores fétidos. Caía una lluvia arenosa, desagradable y helada, de color gris ceniza. Recorrieron varios subterráneos y maullando, entre los rincones, se encontraron a varios gatos conocidos, famélicos y con los cuerpos esqueléticos. En otro de los pasadizos de tejados rotos y sucios se escuchaba un gran alboroto ; se oía el sonido de tambores y otros instrumentos, era como una celebración lujuriosa con bailes y maullidos profanos, mientras que en un túnel menos profundo, pero también desastroso, estaban, entre otros gatos, Amante Secreto y Mordaz, Amargo, Engendro, de aspecto horrible ; Espectro, de mal mirar ; Gaticida, famoso por asesinar a cachorros de gatas en innumerables camadas, un verdadero enemigo de la gatunidad y otros felinos de graves antecedentes.

A cada momento tenían que decirle a Silencio que se callara, pues en todo el recorrido no dejaba de hablar y de hacer todo tipo de ruidos y comentarios. Prudente estaba muy molesto con él y Homero se había arrepentido de traer a un viaje tan delicado un ratón del que no sabía que había dejado de ser silencioso.

Dejaron de sonar los tambores y los gatos malignos descubrieron a Silencio y se abalanzaron sobre él. Al sentirse amenazado, corrió por los escombros. Lo persiguieron por varios túneles destrozando todo a su paso. En el último túnel, el ratoncito indefenso se encontró a una rata gris y se ocultó debajo de ella. Guardó un silencio más profundo que cuando era el antiguo Silencio. Mientras tanto, entre los gatos visitantes y los malvados se dio una gran batalla. Homero tenía una misteriosa cualidad : desaparecía a los gatos que tocaba. Esto provocó un asombro y un temor muy grande entre los demás, que dejaron de enfrentarse con los visitantes, huyendo horrorizados entre los tejados.

Cuando se calmó el alboroto, la rata gris le preguntó a Silencio :

 - ¿Cómo es que has aparecido en este lugar ? ¿No sabes que nosotras somos el alimento de todos estos malvados ?

 - Yo vengo de la otra esfera como invitado - le respondió todavía temblando de susto ; soy hijo de Madre Soltera Soledad.

 - ¡Oh ! - respondió ella entusiasmada, ¡qué gusto, qué alegría !, yo era vecina de ustedes en el ático. Te voy a proteger y te voy a ayudar para que vuelvas con tu mamá, siempre me pareció una ratona admirable ¡Sufría tanto la pobre !

 

Cuando llegaron al final del último túnel, Homero, ya más tranquilo,llamó por su nombre a varias estrellas gatunas vivas y las invitó a que vinieran con él.

 - Ustedes - les dijo con dulzura - acérquense a mí y se fueron integrando al grupo visitante Abandonada, Aborto, Adicto, Asombro, Austeridad, Desdicha, Dolorosa, Ganso, Imperturbable, Hipocondría, Palabra, Titiritero, Triste, Roncador, Seducción, Anarquista, Desilusión, Ebrio, Delirio, Fantasma y Tuerto.

Eurasio y Julieta se le acercaron a Homero y le pidieron por favor que invitara a Adelfa, pues si bien es cierto - le dijeron - que era una gata suicida por amor y de mal carácter, no merecía estar con aquella manada de malditos, mafiosos y degenerados.

Homero los miró con ternura y admiró sus sentimientos.

 - Adelfa, acércate - le dijo con emoción - dos de tus conocidos han hablado por ti.

Imagen, que estaba escuchando, le dijo al oído al dorado :

- ¿Será buena idea lo que está usted haciendo ?

- Sí, - intervino Prudente - ¿qué van a pensar en la esfera celeste ?

- Efectivamente - terció Respeto - ¿Cómo lo vamos a explicar ?

- Yo me encargo de que no ocurra nada - dijo Rumor.

Llama iluminó el rostro lloroso de Adelfa, que se aproximó al gato dorado y no resistió el impulso de abrazar a Eurasio y a Julieta con agradecimiento.

Señal le dijo a la nueva invitada que se colocara atrás del grupo y Saeta la acompañó muy diligente.

La que se quedó preocupada fue Discreción, pero Armonía, Deudo, Pena y Pesar la tranquilizaron, diciéndole que no había de que preocuparse, que recordara que en la otra esfera todo era diferente y sin maldad.

Cuando el grupo gatuno subía los últimos peldaños de la escalera, guiados por Rumbo, Ruta y Sendero, se oyó un maullido triste y lánguido ; cojeando apareció un gato que hablaba con hormigas amarillas ; en la tierra le decían Renco y los gatos malhechores se burlaban de él.

 - Yo sabía que había una estrella perdida de las que cayeron del firmamento - le dijo muy entusiasmado Homero, - seas bienvenido con nosotros. Pupila y Un solo Ojo lo abrazaron con cariño.

Señal rasguñó tres veces la claraboya azul y al instante, Umbral se apresuró a abrirla del otro lado.

Antes de que pasaran por la claraboya, se oyeron los gritos desesperados de Silencio, que venía corriendo en compañía de la rata gris, quien se lo entregó a Homero con humildad. El gato dorado, como premio, la invitó a que pasara con ellos a la otra esfera.

 - Yo no merezco tanto honor - le dijo - lo que hice, lo he hecho con mucho gusto, además, yo conozco a la madre de este pequeño extraviado, boca suelta.

 - Con mayor razón - le respondió Homero - desde hoy en adelante tú también serás nuestra huésped.

La gata Palabra saludó con elocuencia a los huéspedes de la esfera celeste y la invitaron a El Último Tejado ; Carmina y Nina,antiguas rivales de Adelfa, la recibieron con mucho gusto y el resto de los gatos, rescatados de la oscuridad, fueron ubicados en los diferentes niveles de la esfera iluminada. A Abandonada, que ahora se sentía muy acompañada, la pusieron con Carmina, Nina y Adelfa. Lo mismo a Austeridad, a Desdicha, a Dolorosa, a Seducción y a Desilusión, que lucían rostros nuevos y diferentes. Hipocondría también pasó a formar parte de este grupo, la sensibilidad de su sistema nervioso había cambiado, ya no se le veía esa tristeza habitual y su preocupación constante de angustia por su salud había desaparecido. Titiritero fue enviado con Rosalinda y Pantaleón. Ahora todas y todos eran de ojitos verdes.

Aborto se quedó en el Tejado de Abajo, en compañía de Imperturbable y de Triste, que ahora tenía una sonrisa permanente ; de Anarquista, que no había cambiado su ideología ; de Ebrio, que ahora era abstemio ; de Delirio, que ya no padecía fiebres y mostraba una gran lucidez ; de Fantasma, que dejó de ser un espectro y de Tuerto, que ahora veía con los dos ojos.

Ganso se fue a cuidar los patos del estanque, junto con Asombro y Roncador. La rata gris, que ahora era negra y de ojitos verdes, fue recibida por su antigua vecina con mucho cariño. Silencio ya no ocultó más su pasión secreta y habló del amor que sentía por su media hermana Anemia, a quien la hizo su compañera. Solo Uno, Solo Dos y Solo Tres, soñaban en que Homero algún día los invitara a vivir en El Último Tejado, donde todos los gatos eran blancos, igual que ellos. Matemático pasaba las horas contando una y otra vez a todos los gatos de los tres niveles y Aritmético se dedicaba a corregirlo. Múltiple, que ahora veía las cosas sencillas no dobles, ni triples, se convirtió en la alegría de sus abuelos Domingo y Dominga y de la recién llegada rata gris, que ya era de color negro.

Estaba amaneciendo, era el solsticio de invierno. El primer rayo del sol atravesó aquella puerta de luz que se veía en la lejanía y tocó la enorme parra de la esfera celeste y sus ramas siempre floridas ; había un juego de luces en los tres niveles y los gatos entusiasmados, como nunca se les había visto, trataban de atrapar las luces de colores. Por las terrazas se veía también el templo de Kalasasaya, como un enorme observatorio solar y la Horca del Inca ; Akapana, Pumapunku y en todo su esplendor, como un espejo de vida, la Cordillera Real de los Andes con sus nevados Huayna Potosí, Mururata, Illampu e Illimani, entre sahumerios y ritos de Kallawayas, Amautas, Yatiris y Curakas, penetraba en los oídos, maravillosa la música de las zampoñas o sicus, de las quenas, de las tarkas y de los pututus como un homenaje al solsticio. Era el sol aymara en su nacimiento de siglos, como un dios sediento bebiendo en el Titikaka. De él tomó Homero su color y también su hijo Alux “duendecillo maya”.

 

 

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