L’écriture,en somme, est une affaire récente.
Nous avons l’habitude de scinder préhistoire et histoire avec l’apparition des premières traces d’écriture, aux alentours de – 3000 avant J-C.
Ce sont les Phéniciens qui inventent le premier alphabet, ce sont eux qui simplifient l’écriture mésopotamienne et donnent toutes ses lettres de noblesse à la communication écrite, indispensable pour ces marchands des mers dont les comptoirs, mille ans avant notre ère, sont florissants.
A leur suite, les Grecs vont parfaire cette grande innovation et faire basculer l’écriture vers l’Occident. Dès lors tout s’accélère, d’autant que les Romains, reprenant l’héritage hellénistique, invente le latin qui se diffuse partout dans l’Empire. Les premiers écrivains professionnels surgissent, des noms qui sont des marqueurs de civilisation : Sophocle, Eschyle, Euripide, Virgile, Horace, Ovide …
Il faut attendre le XVIe siècle ou la Renaissance, avec d’une part la redécouverte des savoirs antiques et d’autre part l’invention de l’imprimerie pour connaître une nouvelle accélération de la diffusion de l’écrit.
En France, au XIXe siècle, c’est la naissance de l’école républicaine, dont les programmes absorbent un certain nombre de savoirs littéraires. Pendant ce temps, la presse écrite se développe, se faisant le relais de certains auteurs tels que Guy de Maupassant ou Emile Zola.
C’est véritablement au XXe siècle que les écrivains irriguent les manuels scolaires, et ce à tous les niveaux : primaire, secondaire, supérieur. Pour apprendre à lire, à écrire, à bien connaître les règles grammaticales et orthographiques, pour apprendre à penser, même, les écrivains sont là, distincts de par leur style et parfois leur mouvement.
Les bibliothèques sont érigées partout sur le territoire, les dictionnaires prolifèrent, ainsi que les encyclopédies.
Et récemment, l’apparition de la toile, synonyme de nouveau canal de diffusion, permet des échanges inédits, et peut-être, surtout, la possibilité infinie de diffuser le texte.
L’écrit reste, l’écrit demeure, donc, la base de notre civilisation. Et la littérature y conserve une bonne place, créant sans cesse de nouveaux écrivains dont l’identité évolue avec le contexte.
Les XIXe et XXe siècles ont multiplié et multiplié ses figures. Il n’en reste pas moins qu’à l’échelle du temps, l’écriture, disais-je, est une affaire récente …