Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
Navigation
Les textes publiés dans les Goruriennes sont souvent extraits des livres du catalogue : brochés et ebooks chez Amazon.fr + Lecture intégrale en ligne gratuite sur le site www.patrickcintas.fr
Goruriennes (Patrick Cintas)
La chance entretenait des rapports galactiques avec Dieu lui-même

[E-mail]
 Article publié le 19 janvier 2014.

oOo

Le Plumitif et le Ramasseur de bribes continuaient de cacher leur utilité. Le système les dénommait Plum et Ram, je savais pas pourquoi, alors que mon identité faisait l’objet d’une opacité inexplicable avec les moyens du divertissement. Ici, je devrais incruster la Marche au Sommet du Forum des Peuples Nationaux, mais la place me manque.

*

Il ramenait des substances recommandées par le système sous-contingenté. J’y prenais plaisir, mais sans satisfaire mon cerveau, comme si j’avais besoin de guérir au lieu d’être plus prosaïquement réparé au contact des reliques apostoliques qui s’inséraient entre les pages de mon exemplaire du Koran. J’savais plus c’que j’disais quand je parlais arabe. Mais ça voulait dire quelque chose que personne ne pouvait expliquer sans ouvrir le parapluie sur l’usage abusif de la torture. Je coupais des enfants en deux dans le sens de la longueur, étripant le souvenir inaugural sans rien détruire de ses conséquences sur mon comportement d’usager du système. Ya rien sans communion, mec, et le micro dans lequel je parlais pour ne rien dire contenait des atomes de pulvérulence théologique. Ah ! C’était compliqué comme l’arrachement du poil cancéreux au milieu d’un tas d’autres poils qui protègent du froid et des regards indiscrets. Une seconde d’inattention, et j’entrais dans la souffrance terminale avec si peu de moyens de défense que je me métamorphoserais en bouddha constrictor.

*

Il était soupçonneux, ce mec, et il inspirait pas la pitié qu’on ressent généralement pour les fonctionnaires de l’éducation physique et morale.

*

Les concerts du Printz, c’est toujours un peu la même chose. On recommence. On avance pas. On revient même pas sur ses pas. On imagine à sa place et il prend des notes pour les soumettre aux fusions publicitaires soumises aux pare-feu de la conscience collective. Plum était venu pour préparer le terrain des futures instances du blues et de la salsa. Il s’y connaissait en communion des intérêts de chacun dans le concert des fringales acquisitives. Et Ram déclenchait les obturateurs de son cerveau parfaitement en phase avec les préliminaires amoureux qui attiraient les voyeurs et les partisans de la relation platonique. T’étais où, ma Sibylle, pendant que je merdais et qu’on appréciait mes dérivées hormonales reproductibles par contact épistolaire ?

*

Il avait raison, le vieux Mohammed, c’est sur le dos du Monde habité qu’il faut marcher, sinon ça glisse et on est plus rien. Il faut installer l’immensité et jeter la lumière par les fenêtres de l’angoisse.

*

Qu’est-ce qu’on répond à la question de savoir si vous voulez danser ? Oui, je veux danser avec vous, ô merveille métallique, — ou non, je sais pas danser dans les flaques d’urine de la pensée décadente. J’avais aussi envie de barbe à papa, parce que c’était ce que j’avais offert de mieux à la caresse du temps d’aimer. Il y avait du milk-shake dans ma pensée et ça m’rendait parfaitement clair au moment d’expliquer ce que je fabriquais à un endroit prévu pour cet effet. Traversé de blues et de salsa, entièrement soumis à la fission métal/urine, je franchissais des distances de plaquette de voyagiste, écoutant l’hélium siffler dans les fissures et le ronronnement fascinant du gros Daimler qui revenait de loin, ayant lui-même franchi les sauts de l’Histoire et du recommencement.

*

C’était décevant, mais on savait qu’à force d’être déçu, on finirait dans la rigole ou pire encore dans les ornières du printemps bavant les eaux croupies de la contestation solaire. J’avais assez d’problèmes comme ça !

*

Yavait même des enfants vernis jusqu’aux ongles dont ils auraient finalement besoin pour conserver leurs privilèges. Pour l’instant, ils s’en servaient pour s’empiffrer, se disputant les buffets ignoblement garnis de tout ce que les types comme moi pouvaient pas se payer pour compenser les frustrations de l’enfance ou liées atrocement à elles par effet de serre. Je criais que j’en avais envie et que j’étais riche à l’intérieur, ce qui devait bien compter si la mort est justice finale et recommencement des sorts balancés dans un temps forcément circulaire si j’ai compris quelque chose à ce sacré foutoir de Monde.

*

Les mecs ! Les mecs ! Les mecs ! Je montais par cran. J’avais l’impression de m’laisser emporter par un escalator à la retraite. J’savais plus où j’étais, mais je pouvais voir à quel point j’y étais. Yavait d’quoi tripper jusqu’au bout ! Ah ! Les meufs ! Si j’avais eu des sous, j’vous en aurais arrosé rien qu’pour vous donner une chance de pas vous laisser embarquer par le premier con venu qu’a un boulot et un p’tit héritage pour avancer le fric à la banque. En plus, je voyais le plafond avec larbins qui fourmillaient, les mains dans le cambouis pour que ça marche comme sur des roulettes. Devant la bouche d’aspiration du Daimler, j’ai eu un malaise du type pied dans la merde à la hauteur des yeux. Je vomissais tout l’outillage dans la poche d’un mécano qui beuglait dans un porte-voix pour se faire entendre des salariés qui revenaient de la mer avec des érythèmes gazeux à la place des lunettes. J’étais pas chez moi, pour sûr, mais je jouissais des flaques d’huile usagée vertes miroitantes tandis que le soleil était progressivement remplacé par une lampe à ultraviolet. Ç’a été comme ça tout le long de la montée, voyant c’que l’homme peut donner à l’homme pour qu’on lui foute la paix et que ses gosses soyent nourris avec de la viande extraite des meilleurs raffinages du rapport femelle/hypothèque. Yen avait, des soutiers raccourcis par la perspective du ouikène ! Mais on était pas mieux verni. Derrière moi, les partisans de la résolution par la violence se pressaient sous les drapeaux noirs et rouges, poussant le voisin du d’ssus sans intention de passer devant, et les portraits des fous-l’bol-à-l’heure se prenaient les bras dans la mécanique qui engrangeait, engrangeait, engrangeait ! Qu’est-ce que j’foutais devant ? J’en sais rien. J’étais p’t-être arrivé le premier sur le tarmac et j’avais perdu l’temps à me tripper à la mousse en attendant que mon billet y soye tamponné par les machines à compresser les économies de bouts d’chandelles. J’étais arrivé à jeun, avec juste un degré au-dessus de zéro, des fois qu’on m’aurait pris pour un con gelé. Le Zeppelin tournoyait lentement dans un ciel gris à souhait parce que c’était la fin des vacances des minus qui s’arrêtaient à Shad moins quelque chose parce que leurs culs valait pas les tripettes nécessaires au Grand Voyage. Le Zeppelin les ramènerait à la case départ après avoir survolé Shad City au-dessus de quoi j’étais censé sauter dans le vide en visant une des cibles qui servaient de repère aux tirs iraniens. Je revenais chez papa en héros retrempé dans le Métal. J’en avais une en acier hydrogéné rezingué par fission et recalculé à l’aulne de la dimension idéale. Elle giclait de l’huile avant de s’adonner à l’éjaculation, redorant le vieux blason déchiré du vieux John qui voyait plus rien d’autre. Pour le cucul, c’était plus simple que la belote, mais j’y comprenais rien. C’était peut-être pour ça que j’étais devant, trempant la queue hypermétallisée dans la gueule grande ouverte des prolos qui se servaient de leurs yeux pour lire les annonces sécuritaires. En passant devant le Daimler, j’avais crié pour provoquer un écho, mais la turbine tournait déjà et mon cri passa inaperçu. L’échafaudage contenait une vibration viscérale parce que les voyages se terminaient pas toujours bien. On avait déjà assisté au saut dans le vide de types qui répondaient pas aux questions pour gagner l’estime de l’équipage au travail des vents contraires. J’sais pas si vous avez participé à l’épuration des dimanches du temps où ça avait un sens qui s’est perdu à cause de la baisse du pouvoir d’achat en Zone de Vente, mais ça y ressemble quand vous êtes devant et que personne vous explique à quoi correspond ce privilège. J’me sentais pas vraiment aidé par mes relations sociales, pas même resquilleur du handicap congénital, ça venait comme ça, presque naturellement, comme si le destin avait quelque chose à voir avec la chance et que la chance entretenait des rapports galactiques avec Dieu lui-même.

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

 

www.patrickcintas.fr

Nouveau - La Trilogie de l'Oge - in progress >>

 

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -