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La police des piscines

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 Article publié le 23 octobre 2008.

oOo

Il n’y a rien de mieux que la piscine pour se détendre. Mais il faut avoir un peu de temps devant soi.

Il y a quelque 25 mn de marche de chez moi à la piscine que je fréquente. Il faut traverser la zone de bureaux de Noisy et passer à côté de l’autoroute, un chemin très urbain. Passé ce secteur, on arrive à Villiers et on longe un stade.

J’allais à vive allure car je me sentais en retard. Il faisait beau et je craignais que la piscine fût bondée.

Marchant toujours à grands pas, mon sac plastique sous le bras, je longe le terrain de tir à l’arc et le stade par un petit chemin de terre. Eh bien ! des policiers m’attendaient :

-"Police en civil ! arrêtez-vous !"

Je n’en revenais pas. Moi ? ici ? pourquoi ? Je me suis arrêté, bien sûr, troublé de cette rencontre imprévue. Les gars ressemblaient à des personnages de série psycho-policière française. Jeunes, mal rasés, pas antipathiques mais cultivant un air de cowboy. Je me suis interrogé aussi mais somme toute, l’entretien a duré peu de temps.

- Qu’est-ce que vous avez dans votre sac ?

- Mes affaires de piscine.

- Ah ! vous allez à la piscine ?

- Bah oui."

La piscine était tout à côté qui plus est. Le gars prend mon sac, jette un oeil à l’intérieur et me le rend.

- Vous pouvez y aller.

Je repars, d’un pas pressé, heureux que la piscine soit toute proche. Quel meilleur remède au stress, en effet, que la piscine ? Et cette rencontre m’avait fait un coup au coeur, tout était donc pour le mieux.

Arrivé au guichet, j’ai demandé une pièce de 50 ct pour le casier.

- C’est 1 euro, ici !

- Ah.

Je n’avais pas un euro mais la dame m’a donné un jeton. Ce n’était qu’une péripétie sans importance. J’allais me baigner !

J’arrive au vestiaire, commence de me déshabiller et regarde dans mon sac.

Pas de maillot de bain.

Je l’ai retourné dans tous les sens mais enfin, ce sac, ce n’est qu’une "poche" comme on dit dans le sud-ouest. Les faits sont têtus, disait Lénine et je devais me rendre à l’évidence, pour cruelle qu’elle fût.

Je n’avais pas mon maillot de bain.

Et ce blaireau de policier ne s’en était pas aperçu !

Je suis ressorti, désespéré. Marchant, je m’nterrogeais sur la stratégie à adopter. Mais j’étais inquiet, également, de repasser si tôt par le même petit chemin où l’on m’avait arrêté. Cela pouvait bien me valoir des complications.

Finalement, les policiers étaient parti. J’ai repris mes 25 minutes de marche en calculant le temps qu’il me faudrait pour revenir. Je n’avais pas de temps à perdre. Il y avait un beau soleil et cette condition suffit à multiplier par 10 la population des piscines ! En faisant l’aller-retour, j’en avais pour une heure, un peu moins. J’arriverais donc à 14h... une heure limite, craignais-je.

Et sur le chemin, voilà que je rencontre un couple d’amis que je vois si rarement ! "On se voit la semaine prochaine ?" Je crois que nous avions déjà convenu de cela la semaine précédente, mais enfin j’étais pressé.

J’arrive chez moi. Je jette un regard circulaire sur mon studio et là, une bizarre impression me saisit.

Pas de maillot de bain.

Un vertige me prend : ces policiers n’étaient-ils pas de faux policiers ? En fouillant, je complète le scénario. Deux jeunes à qui il manquait un maillot... Ils m’ont aperçu, m’ont tendu un traquenard, m’ont subtilisé mon maillot, profitant de ma surprise... Je m’imagine raconter cet épisode ridicule à mes amis, à ma famille. Je me suis fait braquer mon maillot de bain !

Finalement, je le retrouve dans une seconde poche. J’avais préparé un sac pour le maillot et un autre pour la serviette. Je m’asseois, le téléphone sonne. Mon frère.

- On se voit jeudi ?

- Oui, oui !

Et je repars, déterminé à lutter contre ce qui apparaît de plus en plus clairement comme un complot du sort. L’univers ce matin-là n’a eu pour finalité suprême que de m’empêcher d’aller à la piscine. J’ai marché, à grands pas, à toute vitesse, slalommant entre les promeneurs, empruntant pour la 3e fois le même chemin. Parvenu à la sortie du stade, une inquiétude nouvelle m’a pris : un bonhomme marchait devant moi, il avait avec lui un sac en plastique. Et s’il était l’homme recherché par les policiers en civil ? Est-ce qu’il n’allait pas déclencher une fusillade ? Et moi, je me prendrais une balle perdue, à cet endroit même, sans avoir pu mettre un doigt de pied dans l’eau ?

Finalement tout s’est très bien passé. Les policiers n’étaient plus postés là et la fille au guichet s’est souvenue de moi. J’avais un euro, mon maillot de bain, ma serviette. J’ai pris ma douche à l’entrée de la piscine. L’espace était quasi désertique.Une merveille.

 

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