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Théâtre de Patrick CINTAS
Ode
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Scène premièreFausto Sur la muraille, la nuit. Une sentinelle : Fausto.
FAUSTO
I
Mes poumons ! Je les hais, de rire Pleins des froids brouillards automnaux Par quoi détale le satyre. Et seul j’arpente des créneaux De pierres chaînées, tours très hautes Dans mon crâne, fou par les fautes Enfants, et par le repentir Qui reparaît, fou d’en découdre Avec le mal fané, la foudre S’enracinant dans un soupir.
II
Au paratonnerre éclabousse De feux vibrants, poitrine d’or ! Et cependant le cri s’émousse, Éclat trembleur qui rompt le corps. Le soleil en son anse couche Proche qu’est la nuit, et la louche Flamme qui s’éteint veille au soir, À peine vue ! toute la force Ancrée aux monts, creusant le torse Rêveur qui verse dans le noir.
III
Gardien, je dors, ayant bu, l’âme Rompue, membres brisés, gardien. Et je couche auprès d’une femme Interdite, et si douce. O bien Des fois la femme se déchaîne, Brise le vin, répand ma peine Sur les dalles, d’un coup s’en va Comme un jeu de l’esprit s’épanche. Folle vision ! Gardien, la hanche Sûre, le sein haut, ventre las.
IV
Flatte le ventre de ma cruche O ma main, plutôt que d’armer Le sommeil inquiet de la ruche. Ma main, tu as le droit d’aimer Le vin, les femmes et l’espace Crevé, et la lune à la place Du soleil. Bas salaire, o nuit ! Le vin a la couleur des pierres Que j’entoure, mortier et lierres S’étreignant comme ciel de lit.
V
Et je bois le vin que je paye, Monologue morose, épars Avec le peu de mots que veille Ma conscience, comme les fards De ta peau, traits, couleurs et taches, Maigre trésor, trésor ! Tu caches Le reste, et quel reste o amour ! Cœur sentinelle et la plus belle Récompense me vient d’elle, Charmeuse au sommet de mes tours.
VI
Je me penche, profonde terre, Dans les profondeurs de la nuit. Mes mains s’accrochent à la pierre Et je ne vois pas, sombre puits À mes pieds, loin de moi la source. Sûr du contenu de ma bourse, Je m’étire et m’aveugle, col Tendu. Je mesure le vide Réel dont je suis tant avide, Moins toutefois que d’alcohol.
VII
Car toi, Alcool, Dieu d’étranges Phénomènes dont je suis fou, Quitte ou double reflet, toi l’ange Ou le démon, dieu à tout coup, Je te bois sans laisser de trace. Ni vu, ni connu, pas de place Pour le châtiment. Fou de Dieu Que je suis, idole pansue ! Ce qui est bu est bu, foutue Existence, amer repos, feu !
Il fait feu de son arme. Il s’affole.
VIII
J’ai tué un hibou ! l’alarme J’ai donnée ! Je serais châtié ! Mais non. J’ai rêvé. C’est le charme D’un incube ce soir. Allé A la rencontre pour descendre Aux enfers une fois, des cendres Plein la bouche, et non pas le vin Que je croyais boire sans peine. J’ai tenu sa main dans la mienne. Chaude, elle annonce le matin.
Entre Marie-Pipi la sorcière, belle et laide.
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