Comme une main qui se resserre
pour étouffer ce qui prend vie
au contact de l’existence
le Poème assassine ses personnages
Pourtant ils ont parlé de leurs belles voix
Soutenant toutes les thèses
ils n’ont pas manqué
de charmer l’esprit
Pourtant on les voyait
presque derrière la porte
fermée du récit de leur passage
de la vie à la mort
Le Poème assassin revient
comme le mauvais vent
secouer la poussière du temps
et faire les tapis de la conscience
Pourtant nous étions à l’heure
Nous n’avions tué personne
et même certains d’entre nous
avaient convolé en justes noces
comme on dit ici-bas
en parlant de noces
et de cette impression de voler
qu’on a
après s’être connu
Mais le Poème assassinait
sans pitié sans confession possible
il assassinait tout ce qui était vivant
et n’avait d’autre solution
que de mourir en sachant très bien pourquoi
parce qu’il n’y a pas de la place pour tout le monde
et parce que si le monde n’était pas monde
il faudrait l’inventer avec la mort comme principe
et la vie pour finir d’en parler