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Article publié le 31 août 2014. oOo Bonjour, Paris des midinettes, Des filles, des mauvais garçons, Des clochards et des bals-musettes ! Si je te dois d’être poète, C’est sur un air d’accordéon. Francis CARCO
Quand je trousse en douce des roupanes, Que je tripote, comme il se doit, Une frangine à la frangipane, J’ai de l’esprit jusqu’au bout des doigts.
Je prends à témoin tes clientèles Qui ne sont pas du genre à déchoir Au fort de ta rengaine à bretelles, A faire des nœuds à leurs mouchoirs.
En octobre, le mois des rosaires, Des pièces au derche et aux genoux, Je prends à témoin cette misère. Mais dans quelle époque dansons-nous ?
Au coin des rues, tu nous en soupires De la romance à la mie de pain Qu’on largue, une nuit, pour un empire, Pour une tournée, pour un tapin…
C’est le moment de coucher en joue Tous ces bas balourds, ces vrais ballots, Ces rogues ringards qui se la jouent, Ces pots à deux anses, ces falots…
Je renifle la faune du Flore Où je dérime Arthur et Tristan. Je me verdis, je me décolore, Je reviens, peineux, sur mes printemps.
Nous sommes tous à la même enseigne, Tous pétris dans le même limon. On chante, on chiale, on ricane, on saigne, On s’étiole, on crache nos poumons !
Les uns ont les arquepinces gourdes Et ne riboulent plus des callots, Les autres s’étoupent les esgourdes. Dans la blague, plus le doux perlot !
J’en découds avec ton antienne âcre, Ta sempiternelle der des ders, Avec tes piteux boutons de nacre, Avec ton soufflet qui manque d’air.
La République est une fadasse, Une bringue, une gueuse, une peau Qui crève le bide des bidasses, Qui t’entortille dans un drapeau.
Quand je rapporte de la bataille Ma couenne criblée de grains de plomb, Les boules de cristal prétintaillent Les fouffes fanées des Madelon.
Plus rien ne te gêne aux entournures, Tant tu t’y connais en grands frissons. Pense, au moins, à tous ceux-là qui n’eurent Ni tes airs du temps, ni tes chansons.
Quand, à des javas à la ramasse, Tu mets des dessous affriolants, Nous qui bavions comme des limaces, Nous ne restons plus les bras ballants.
Je vois Paname dans ma bouteille, Notre-Dame donne son bourdon. Mes vieilles putes borgnes m’étayent. L’amour, ce n’était pas du bidon !
Si tes scies farcissent la caboche Des chalands, des barbeaux, des ribleurs, Des bobèches et des rigolboches, Elles étourdissent nos douleurs.
Si tout se passe sous la ceinture, A quoi bon tous ces propos fleuris. Mes ripatons sont à la torture En dentelle bleue de Coventry.
La carmagnole n’est plus de mise Aux guinches des 14-Juillet. En blue-jeans et en pans de chemise, Je m’imbibe d’un pivois paillet.
Tripatouille-les, ces polonaises De Chopin, de je ne sais pas qui, Fiérottesd’écacher tes punaises, Entre deux verres de riquiqui.
Tes jésus rouleurs de mécanique, Les pognes jamais dans le cambouis, S’amourachent d’une Véronique, D’une Madeleine de boui-boui.
Noces d’or, noces aldobrandines, Noces de chiens, noces de Cana, Noces de Gamache… A la sourdine, Tu te carapates, na na na…
Prends-nous à la venvole, au tragique, Prends-nous à la bonne, au pied levé, Prends-nous dans tes lanternes magiques, Prends-nous à partie sur les pavés,
Prends-nous en pitié, prends-nous en grippe, Prends-nous à la lettre, au dépourvu, Prends-nous en traître, prends-nous aux tripes… Vends-nous ton déjà, ton jamais vu !
Quand je retourne à tes ritournelles, Que je trafique mes souvenirs, Dans mes bastringues, sous mes tonnelles, Je ne suis plus pressé d’en finir.
A la fin des fins le cœur se lasse Et le temps mouche tous nos lampions, Nous tenons de moins en moins de place, On nous repousse comme des pions.
Ma Parnasside est mécanicienne Jusqu’au bout de ses ongles en deuil. Elle bricole encore à l’ancienne. J’obéis au geste et au clin d’œil.
Robert VITTON, 2014 |
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