Fou
funambule
presque mort
la tête à l’envers
tu avances.
Dieu n’y peut rien
l’on n’y peut rien
et tu te diriges
au jugé.
Tu tâtonnes,
tu vas, tanguant
fermant les yeux
sur ta fureur.
Fou funambule âme d’absent,
d’automate désincarné.
Fou
dont on a bandé les yeux
lors même
qu’ils ne voyaient plus.
Fou
funambule
au regard droit
planté dans les nuages amers
tu te moques bien
de tomber
tu continues
sur le fin fil
tu t’enivres de cette odeur
que les précipices
t’envoient.
Tu te balances
entre deux eaux
entre deux chaises renversées.
Fou funambule sans nul but
sans foi ni loi sans lieu ni feu
tu traverses
les étendues
jusqu’aux racines du soleil
qui n’est plus qu’un petit poing dur
et blanc qui s’entoure de lait
tu traverses les horizons
comme on passe au travers des murs
la lune
t’a donné le sein
tandis que tout se fissurait
tandis que tout se lézardait
en manière de représailles.
Patricia Laranco.