Monte en elle ce qui a coutume de tomber froidement, une pluie de rivages encore inconnus que la mer rejette.
Sur la grève de ses yeux verts, le bleu du ciel s’incline, attend le soir rose-orangé qu’il n’est pas tous les soirs.
Le soir monte en elle.
Sa chevelure rousse flamboie au soleil couchant. Monte, descend, tombe, s’incline, elle ne sait plus, tout est vrai dans cette sensation qui l’émeut aux larmes.
Le soir, son époux, va la bercer sur sa barque de sommeil, la laisser rêver à de ces matins frais, l’été venu, où son corps encore engourdie empoignera son destin.
Sage, la lampe douce, que la nuit éclaire.
Vigueur.
La vie en elle bornoie. En un clin d’œil, elle sait où va la mener la pente douce-amère de son sommeil.
Les rives lointaines, à peine des rivages, s’estompent. Une figure de pluie danse avec la lumière. La saisir, s’en saisir, elle ne peut s’y résoudre. La regarder danser en elle suffit à cette espèce de bonheur limpide qui la fait être la femme qu’elle veut être.
L’opacité des fontaines, le soir, mais c’est l’eau fluide et fraîche qu’elle boit au matin sur la place encore déserte. Ainsi tout passe en tout, et donne à la passante qu’elle est la force juvénile de la femme mûre qu’elle sait être.
Jean-Michel Guyot
21 septembre 2014