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-------------------------------- Cahier Nº 3 - Femme(s) & Créativité (Collectif)

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Dans l’imaginaire occidental, le pouvoir de créer a une histoire ambivalente : d’un côté, il est associé à la Genèse, étant par conséquent une qualité de l’homme, lui seul Créateur ; de l’autre côté, il est lié à la germination et à l’enfantement, étant donc inséparable du féminin. Cette ambivalence est amplifiée par d’autres images qu’on associe avec la création, telle la plume, image de l’instrument ou de la technique qui englobe des connotations de la masculinité.

Cette vision de la création comme force masculine peut se retrouver chez beaucoup d’écrivains (hommes) pour lesquels créer veut dire agir, transformer, bref, une vision où la création est du côté de l’actif. Rien d’étonnant à cela, car on le sait, selon les dichotomies usuelles, masculin=actif, féminin=passif. Il y a cependant des écrivains-peut-être moins nombreux que les premiers, mais au moins aussi importants-qui voient le pouvoir de créer du côté de la passivité et donc du féminin. La dictée automatique des surréalistes est en quelque sorte une réaction contre une vision « masculine » de la littérature (et de l’art en général)-expression d’une force qui agit et contrôle, triomphe de la raison solaire contre la nuit de l’irrationnel. 

Aujourd’hui, dans un monde qui confond création et production, où produire un livre chaque année (contrat oblige !) semble être le signe suprême de la valeur d’un écrivain, être vraiment créateur signifie peut-être justement le contraire : refuser de produire. Ce n’est pas par hasard que tant d’artistes de la modernité sont « improductifs » : alcooliques, marginaux, souvent sans emploi, grands fumeurs, brefs, d’intraitables paresseux, « producteurs » seulement des excès que la société bien-pensante se sent obligée de corriger. Pour ces « improductifs » créer n’est pas une force agissante-mythe du progrès et hommage à la virilité-mais, au contraire, c’est l’ouverture passive de l’être vers quelque chose qui le dépasse. Lorsqu’on crée, une main écrit et l’autre efface, et la main qui efface est plus créatrice que celle qui écrit. S’il y a quelque chose qui résiste aujourd’hui à la production, c’est la création. S’il y a quelque chose qui résiste encore à la barbarie du langage bureaucratique et de la « pensée » administrative, cette organisation « ergonomique » de l’esprit, c’est l’esprit créateur. daniela Hurezanu

Cahier Nº 3 - Femme(s) & Créativité (Collectif)
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

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