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 Article publié le 8 février 2015.

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Nous avons peut-être tous quelques mots -mots-clefs ? -qui nous sont restés sur l’estomac.

On ne les a pas digérés, ils nous restent sur l’estomac, en font partie, nous aident ainsi à digérer le reste. S’en débarrasser reviendrait à se priver de digestion.

S’en débarrasser, d’accord, mais comment ? Il faudrait d’abord y avoir accès, les cerner, et se sentir concernés par eux.

En vérité, ils nous cernent, définissent un horizon plus ou moins étroit, si larges qu’ils paraissent.

Pure hypothèse ou vérité clairement établie ? Je fais comme si une vérité acquise de haute lutte n’était qu’une hypothèse, je suppose acquis les bénéfices d’une psychanalyse roborative.

Les mots, les mots-clefs une fois identifiés, continuent d’agir : ils ouvrent sur l’insignifiant, le vital et la force rectrice d’un choix : on peut décider d’en ignorer la puissance insidieuse, trouble, troublante comme en faire des alliés fertiles, objectifs, sorte de réserve associative qui nous permet allègrement de ne pas rester sur la réserve, ni à leur égard ni face à tous les autres qui se pressent au portillon de nos pensées.

Enterrés face contre terre, mes ancêtres refusaient ainsi jusque dans la mort l’annexion française.

Face aux mots qui affrontent à la vie, il faut choisir la station debout. Notre histoire vaut bien la grande histoire, cette broyeuse d’âmes.

Nous portons en nous les mots qui nous portent, nous déportent, nous transportent, nous rapportent à ce fond sans fond qu’est notre existence perdue en ce monde.

Empoigner l’horizon, vaste programme !

Le faux-semblant s’invite à la fête, la mauvaise foi aussi.

Quel méli-mélo ! Même moi, je ne m’y retrouve pas !

Dans le chaudron magnifique, la présence connexe des ingrédients comptent autant que celui ou celle qui touille sa vie durant la soupe tonique.

Alors des clefs ? Mais pour ouvrir sur quoi ? Une introspection menée en règle ?

Mais il n’y a plus de règles depuis que notre conscience commande, est au commande. Oui, en somme, on est peut-être le fruit pourri, blet ou juteux de quelques jeux de mots, voire d’un seul, énigmatique, enfoui bien profond.

Fouiller ce fond dans les règles de l’art, les seules qui vaillent en l’occurrence.

Enfoui dans les soubassements - pourquoi ce pluriel ? - de ce qui nous fait être qui nous sommes.

Le labyrinthe danse au soleil levant. Le couchant du soleil ouvre les portes obscures qui affolent les astres les mieux réglés.

Qu’une lumière folle y trace les signes d’un chemin aléatoire qui ne doit rien aux arcanes de sa mise ordinaire, voilà un bonheur qui guette toux ceux et celles qui font confiance à leur instinct comme d’autres confient au vent leurs voiles.

La frêle esquivequ’est toute existence pour elle-même.

Les mains fidèles creusent le sol terreux.

Je suis la fosse et le fossoyeur.

La terre grasse, lourde à soulever ne vaut que pour ce qu’elle donne à celui qui creuse la force de rejeter en arrière la terre surnuméraire.

Fixe ou mobile, le labyrinthe égare sur les voies de son faux-semblant : ne compte à la fin mais aussitôt, dans l’orage adverse du voyage, que la voie suivie, aimée, reniée-renouée.

Voie qui laisse entendre des voix suaves ou âpres.

Nœud dans le bois, dans les bois. Branches et branches jaillissent lentement de la croissance, imitent dans les airs le caprice des radicelles.

Se vouloir l’architecte de ses désirs ? Belle ambition car les désirs ou le Désir mettent au monde le chaos.

Chaos bien ordonné commence par soi-même.

Il semble que nos désirs nous façonnent et nous entravent, font de nous cette matière à entraves qui informe nos mœurs et nos façons d’être en société.

Ca nous arrange bien, car on n’avance bien dans la vie que de travers, en rusant avec les entraves. Il faut ainsi viser un but - c’est notre modeste gloire - en nous en rapprochant de biais, d’où la nécessité d’un horizon indéfini, mouvant, sujet à caution, jamais sûr, louche et retors.

La peur, c’est le courage du ventre. Un instinct de survie, une peur salutaire, hors conscience, mais chapeautée par elle. Le courage du ventre, la trouille vissée au corps.

Un corps qui se veut pensant, n’en finit pas de panser sur lui-même les blessures qu’il inflige aux autres. La vie en société, mais c’est un boomerang.

Ce pour ceux que la peur inspirent, mènent par le bout du nez.

La peur donne des ailes. On y laisse des plumes, ça va sans dire.

Et puis, il y a ceux qui n’ont peur de rien. Peut-être parce qu’ils ne se sont jamais fait peur.

Ceux-là aident à entrevoir le vide sur lequel tout signifiant s’enlève, toute prise de parole un tant soit peu risquée, parfois même scandaleuse.

Elles agissent comme un tonique. Rien à voir avec un alcool. L’ivresse n’est de mise qu’en de rares occasions.

Le creuset verbal dont toute personne est issue se risque au dehors, déballe ses atouts et ses atours, s’acoquine avec qui de droit en toute hébétude.

Que de cette gangue se dégage une œuvre, une direction et un allant, quoi de moins étonnant ?

C’est l’amplification d’une métamorphose qui nous attire, nous retient de n’en rien dire.

Il faut s’être frotté des années durant à ce rude Protée pour en apprécier toutes les facettes égarées.

Jean-Michel Guyot
31 janvier 2015

 

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