Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
Navigation
Les textes publiés dans les Goruriennes sont souvent extraits des livres du catalogue : brochés et ebooks chez Amazon.fr + Lecture intégrale en ligne gratuite sur le site www.patrickcintas.fr
Choix de poèmes (Patrick Cintas)
Que crois-tu que je cherchais ? La Ville, l’Invention...

[E-mail]
 Article publié le 26 avril 2015.

oOo

[... Une Ville une Invention une Langue une Histoire
il n’en fallait pas plus pour que l’imagination
s’en prenne aux effets des conversations

— elles tournaient autour des modèles
proposés pour faire de nous des citoyens
Des drapeaux drapaient nos draps d’amour
comme si le sang était un moyen d’échange
et le sable de la plage d’Hendaye se composait
de petits cadavres arrachés à la mer — batiala
fendant les vagues de l’estuaire entre les pays
Vous avez pourri notre existence et nos simples
découvertes ont filé comme du vent entre nos
doigts de fées — étripant le requin pacifique
à la potence d’un platane et encore le sang
qui nourrissait une émergence de fleurs prin
tanières — été des morts rejetés sur la rive
au passage d’une idée de la politique et du
destin qui finissait en poupée de plastique
aux cheveux peints par le curé de Sainte-Anne

— refendant cette obésité enfantine et
terrifiante d’un coup de manche oblique
et métallique — la ville s’annonçait par
la semence des taureaux élevés pour la
viande, tandis que cent touristes emportés
par l’extase tauromachique traversaient
la Bidasoa — fleuve intranquille des morts
et des oiseaux — de guérite en guérite re
visité au fil d’une activité intellectuelle
de premier plan — chouravant le vin et les
cigarettes au commerçant qui se grattait le
bide en pensant à ses quatorze filles — toutes
des putes, la mère pratiquant la même pêche
au fric dans les mêmes recoins de ce monde
zigzaguant où tu n’avais pas de sens à défendre
ni amour à mettre en jeu pour jouer toi aussi
tu ne jouais donc pas à la marelle avec les
filles de tes voisins mais tu les contemplais

— et tu imitais les minauderies pour gagner
ta vie comme les autres — je m’en souviens
comme si c’était hier et c’est d’ailleurs hier
plutôt que demain — saisissant la main qui
reprenait le cours du jeu pour lui dire que
ton voisin était un obsédé sexuel que la justice
avait déjà condamné une fois — revenant sur
ces évènements dont le journal témoignait
encore car tu en avais conservé religieusement
la double page tachée de vin et de piment

— et revenant sur les lieux de ton enfance
tu ne pus réprimer ce sentiment de haine
pour ce que tu es devenu à force de ne penser
qu’à ça — Tel était le Personnage et telle était
la Ville — comme si rien ne s’était passé
en dehors du temps que tu as pris pour donner
un peu et recevoir beaucoup, du moins selon
le témoignage de tes ennemis — ces voisins
qui ne sont pas tous tes frères. Nous voguions
ligne en main dans l’estuaire que la marée
gonflait comme la queue qui te servait
de prétexte à continuer de vivre encore
malgré les présages contraires au rêve
et au calcul légitime de ton ascendance —
Tu n’es rien sans ces marques cicatrisées
rien qu’une poignée de sable creusée
au hasard de rencontres qui demeurèrent
sans lendemain et surtout sans influence
sur ton imagination — Rêve de gosse enfoui
à l’âge où les autres sont déterrés — brouillon
de destin que rien ne laissait deviner quand
tu t’y intéressais, par exemple regardant dans
l’oeil de ta voisine du même âge et n’y voyant
que ton regard d’étranger — voguant au fil
des vagues qui entraient dans l’estuaire —
écoutant les conseils du pêcheur expérimenté
qui ramenait de l’eau de mer pour que tu la
goûtes et que tu n’en dises plus rien, ami
Ainsi nous ne savions pas que les uns allaient
s’aimer et les autres ne rien trouver — déjà
suivant le cours des conversations et des rites
on imaginait ce qui n’aurait pas lieu, en tout cas
pas ici, pas à cet endroit qui peut encore
témoigner de la série de petites erreurs sans
gravité qui finiront par prendre des proportions
que personne de sensé ne pouvait imaginer
en cette époque de disette mentale et de chair
tétanisée au son des voix formant le reproche
fondateur des errances sociales — Je t’ai connu
plus perspicace et moins enclin à interpréter
les signes avant-coureurs de la maladie qui
t’achèvera comme disparaissent les nuages
dans la nuit noire — revenant sur nos pas
te conduisant où tu es mort avant même d’avoir
eu le temps de te plaindre de l’existence avec
les mots hérités du père et de son propre père

— revoyant les batialas dans l’estuaire jaune
ce jour-là — la marée sentait la louvine

Que crois-tu que je cherchais ? La Ville l’Invention
la Langue, l’Histoire — yeux de nâcre bleue
plongés dans les profondeurs d’un autre regard
qui se souvenait vaguement sans recommencer

— Toi et moi sur le quai maintenant envahi
de touristes reluquant les mâts dans le ciel

— étrange phénomène cette contraction
des sens, étrange et douloureuse, mais d’une
douleur si lointaine que l’esprit ne la re
connaît pas — et il ne fait plus deux. ...]

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

 

www.patrickcintas.fr

Nouveau - La Trilogie de l'Oge - in progress >>

 

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -