Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
  
1- Une histoire qui n'en finit plus
Navigation
[E-mail]
 Article publié le 7 juin 2015.

oOo

Qu’as-tu fait aujourd’hui ?

j’ai téléphoné aux pompes funèbres et j’ai mangé tous les biscuits des pigeons en une seule bouchée ensuite j’ai écrit un manuel de morale et suis tombé amoureux d’un cadavre de fille assassinée dans un roman policier quand j’ai tenté de la visualiser comme dans un film. Voilà ce que j’ai fait.

as-tu dormi après ?

J’ai dormi comme un chef en laissant la portière du frigo ouverte qui diffusait de la musique aussi moderne qu’un hot dog et j’ai rêvé à la déesse Athéna qui avait de gros seins et des lèvres de ketchup

t’es-tu masturbé après avoir rêvé ?

je n’ai bu qu’une bière et me suis rappelé que c’était la dernière et j’ai téléphoné pour qu’on m’en livre et puis j’ai regardé un film à la télé pour me violer un coup et puis j’ai continué mon manuel de morale en grignotant des chips et je l’ai tout graissé les chips sont pleins de graisse oui peut-être masturbé un peu chaque seconde c’est la vie je crois chaque seconde me violer disais-je fille sur l’écran que je bien sur que je

raconte un peu le film donne des détails

détails n’existent pas mais tout un bloc de donc c’est dans un bois avec des murs couverts de feuilles vertes des photographies obscènes c’était et puis la fille couchée dans la boue et celui qui la viole moi je regardais ses mains velues mes mains qui la tenaient serrée mes cuisses dans le film et celles de la fille et son odeur de chips ses yeux gigotaient comme ça gigote sous le microscope et c’est avant que je commence à écrire qu’as-tu fait aujourd’hui pour pouvoir raconter ce que ce qui ce quoi la porte du frigo et cette histoire ancienne nuit des temps et tout et pour parler du rêve que j’ai inventé où je regarde un film en grignotant les chips de l’imagination la fille que je voudrais si je n’étais si vieux la boue de la vieillesse où la fille est couchée c’est moi qui me fais la main la fille jeune autant que moi je me revois faute de qui à l’aide de feuilles vertes et de quelque niche de boue tendre et douce se fabrique un petit coin cochon de paradis sali par toutes sortes d’expressions choisies dans le placard de l’âme ce truc personnel trouvé dans le frigo que j’ai laissé ouvert pour me remplir l’esprit autre nom du machin perso en grignotant me grignotant les doigts trop gras de lettres pour la tenir en moi me violer dans ma propre image la violant avec force détails tous fous et tout d’un bloc la porte du frigo ouverte sur le temps ses denrées périssables ses contrées subtiles d’envies périmées ou non mais les détails ma foi m’échappent c’est inévitable ou ce que j’ai noté en sont de salaces sous ses dessous sales de phrases humides de sonorités

après le film t’es-tu rué sur ton manuel ?

manuel est le mot juste tout s’est mis en branle et j’ai téléphoné à tout le tremblement étoiles maisons du ciel et de la terre à tous les seins du monde et ses lippes humides ses élongations de termes jusqu’au son de cordes sur tendues et me suis dévoré un steak saignant à souhait arrosé d’un vin fort noir comme un trou du cul qui est la bouche d’ombre que j’ai fait parler après mes libations en prenant soin de m’essuyer après usage d’un papier vélin

n’es-tu pas déprimé par ton âge avancé ?

non je me sens jeune homme violemment âgé d’une jeunesse ancienne

et qui pour sentir cela écrit torride et sale

c’est ma propreté à moi mon hygiène de cirque balayé après le grand ocarina des éléphants et fiente des Oklahoma énormes ces papouilles pour enfants gâtés enfin avant la bière que j’ai commandée question dialectique avec les chips-dorés j’ai toujours cette envie pressante de finir avant de commencer ce qui fait que toujours je mets en route une arrivée dès le début et bois mes bières bien avant de les ouvrir et de dormir dedans

ta journée fut-elle dansée avec éclat de rire ?

et ketchup avec ce sens de la couleur du sang comme dans les vieux grecs les tragédies antiques et au moment des règles surtout les premières les adolescentes celles qui font peur j’ai laissé tout couler sur moi vieux steak adage l’âge des tendresses avec du sang sexuel et je me suis violé pénétré masturbant inventant les images ses écarts tout crus et mes propres ménades la belle journée porte ouverte et en main la fille jeune autant que moi de longue date et téléphone en main ses conduits auditifs eustaches et vaginaux tous fous et tout d’un bloc la porte du frigo ouverte et tout le film saignant qui défile oh oui belle journée belle fin beau début les cheveux plus désordonnés que mousse et son faux col bel ébat sous ma jupette d’âme où raidir in vivo avant rigor mortis un steak entre ses dents qui me mordaient tout cru peut-être bien dormi rêvé la bière en tête comme quand j’écris

écris-tu pour te faire la main sur les mots ?

ce sont les mots qui se font la main sur ce moi qui me fourre dans son lit morveux et sans répit me pousse et crie pool et de suite la fille coté fessier et mollets nus qui pousse son caddie au drugstore et au crime d’écrire mes courses sur la porte ouverte du frigo où la bière lorgne le ketchup qui fait le tour du pâté de maison tout en os mon ensemble tout cul squelette et tête à cul et du décor de feuilles vertes papier peint toute une jungle peinte et des niches de boues vieux trou d’eau où gésir l’un dans l’autre noté papier peint pour les murs afin d’imaginer prédation domestique en chambre avec sa bière aux yeux crie pool et se renverse et se répand toute la couleur sang et jeune et maladroite et moi plus maladroit multiplié d’autant par parkinson de mots et donc de bière en bière à croire a un karma de millième en millième de demies secondes je note mes courses du berceau machin jusqu’à la bière truc et j’ai cru au début avoir téléphoné ce qui rend évident qu’il nous faut nous relire pour ne pas et pour mieux se répéter le moins cependant au possible on livre savez-vous comme aux pompes funèbres et l’employé de rire aux larmes et aux condoms

et les biscuits des pauvres sont sur les rayons ?

il ne reste que le papier tout déchiré sa robe tachée de rouge et moi sur elle tout moi sous mes jupettes phrases relevées me touchant le biscuit nous steak irisant l’un l’autre et l’un sur l’autre et le flic floc de la bouteille qui se brise et répand tout ce sang qu’elle put contenir la marque Duncan bien sur probablement

pourrais tu revenir au début de l’histoire et ce donc pas d’histoire en faire une ?

c’est au drugstore que tout a commencé elle poussait son caddie avec la grâce d’une girafe et c’est toute l’histoire petite lueur ou torche dans l’obscur de part et d’autre entre Sestos et Abydos et flic floc l’un et l’autre dans ce Hellespont qui coule bière et sang tomato ketchup répandu l’un dans l’autre sous néon clarteux de la grande surface des songes et miettes de biscuit des songes répandus de part et d’autre vue plutôt entrevue mal vue mal raconté mal répandu son sang son viol le nôtre s’étirant disons girafant jusqu’au ketchup sur le trop haut rayon et vlan flic floc et l’histoire en découle et bien souvent de presque rien sans savoir plus mais d’un coup révélé le truc dont on est con condiment de la vie qui sinon pas un pli le plat le plus total

pourrais-tudévelopper ?

Je me suis développé à partir de cette épopée et j’ai téléphoné aux pompes funèbres de mes souvenirs et les bières étaient alignées sur les étagères devant lesquelles elle poussait son chariot comme une constellation descendue sur la terre quand soudain flic floc elle fit tomber une bouteille de ketchup qui se brisa tout rouge avec des dents cruelles presque épiphaniques ce fut le début et donc la fin de tout ce qui n’y revient pas à chaque coup d’épingle du temps que je suis maladroite je suis se défit-elle d’un peu d’assurance et rougit aux pommettes et sans doute un peu plus quelque part de sa déconvenue peut-on dire employer ce mot ce ne sont qu’eux ils vous indiquent les détails les points noirs les rougeurs les pudeurs donc les vices cachés de ses quelques dix sept ou moins seize ou quinze ans et je me sentis vieux et sale dans mon slip où repose le cœur plus jeune à cet endroit où s’alignaient les bières poussant le caddie de mon débordement d’âme qui redressait sa volonté devant sa représentation genoux devenus rouges de s’être baissés avant son non merci oui vous êtes gentil et sa grâce zoologique et parfumée me fit mauvais sentir un peu adage d’âge et vieux et violeur sur le champ à la fin du chapitre balayeur grognon d’un employé armé d’un balai brosse et d’une pelle académique rechignant et donc eut lieu le sexe crime et l’institut légal du frigo porte ouverte d’où je tire un à un mes bribes de biscuits et ma bière d’instants où tout commence encore pour finir commencer

et quoi a commencé à ce moment précis ?

ce que conté plus haut le film avec la fille tartinée de rouge couchée dans la boue de ma vieillesse ardente et je vous lis l’intégrale version de ce très gros roman qui résume ma vie entière et mousseuse existence et qui est le récit d’un viol dont nous sommes tous deux et réciproquement victime et malfaiteur attention donc aux âmes sensibles je lis

c’est au drugstore que tout a commencé elle poussait son caddie avec la grâce d’une girafe 

et c’est toute l’histoire qui n’en finit plus

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -