C’est simple, si vous n’arrivez pas à écrire un roman, écrivez des nouvelles. Ça coupe moins le souffle.
J’avais un pote qui écrivait un roman depuis des années.
Il y arrivait pas.
Donc, magnanime, je lui montre un passage de Paris est une fête où Ernest conseille à un autre Ernest qui se plaint de pas arriver à écrire un roman ben de devenir critique.
Mon pote fait alors critique dans un site web.
Il y arrive.
Mais il se fatigue de rien raconter.
Il me dit qu’il a entendu dire que c’est possible de raconter aussi dans une nouvelle.
« Au lieu d’en mettre plusieurs, me dit-il, comme dans un roman, et de te faire chier à les coudre ensemble, t’en mets qu’une et le tour est joué ! »
Alors il écrit des nouvelles qui commencent et qui se finissent pas.
Il me dit :
« Tu vois pas où ça finit ? Mais tu es si con que ça ? Il est où le point final ?
— Là ?
— Et qu’est-ce qu’il y a après ?
— Rien…
— Donc c’est fini !
— C’est fini quand ça s’arrête ?
— Voilà ! »
Moi je croyais qu’à la fin, ça continuait.
Et que c’était ça qui faisait que c’était la fin.
On se revoit et je lis sa dernière nouvelle.
Elle se finit avec le même point.
Et il m’explique qu’un point, c’est un point.
On n’a rien trouvé d’autre pour finir.
Sinon ça devient compliqué et plus personne ne lit.
« À quoi ça sert d’écrire si personne ne te lit ? me dit-il.
— Je te lis, moi !
— Ouais mais toi, tu comptes pas ! »
J’ai rompu.
Une amitié de vingt ans !
Voilà comment elle se termine.