Je lampe le bouché du cru
Pas très regardant sur la graille
A la muraille
J’y crache épais j’y pisse dru
J’y dégobille mes entrailles
A la muraille
Des cheveux et des ongles crûs
De la grosse voix qui déraille
A la muraille
La ronde rompt mon air intrus
Et ma vielle à roue qui déraille
A la muraille
Je suis ce métrique bourru
Qui brocarde qui brait qui braille
A la muraille
Dans le chant de mes disparus
La Liberté s’y dépoitraille
A la muraille
J’ai jadis été très couru
De ces muses qui là me raillent
A la muraille
Je ne suis plus qu’un malotru
Un gueusard gueusant sa mitraille
A la muraille
Mon cœur mon pauvre cœur féru
D’amour de moins en moins ferraille
A la muraille
Je songe aux fois où je mourus
Aux fois où la troupe tiraille
A la muraille
Je laisse tout ce que j’ai cru
Et les frais de mes funérailles
A la muraille
Qu’on m’y enterre nu et cru
Et que mille oiseaux noirs coraillent
A la muraille
A la muraille
Robert VITTON, 2015