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Chanson d’Ochoa 2 - [in "Cancionero español"]
Le poème à faire...

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 Article publié le 13 juillet 2006.

oOo

Le poème à faire appartenait à cette surface d’existence
Plus précaire qu’éphémère. Écrire n’était plus le moment
Et la paralysie la seule menace à prendre en considération.

Il s’adressait plutôt aux conséquences du chant. Et s’il
Chantait, un peu agacé par les mouches et la lumière,
Seules les femmes l’écoutaient et les hommes mesuraient

Le style. Gisèle lui avait conseillé de ne plus toucher
Aux ersatz, à ces succédanés de la mort qui selon elle
Empoisonnait leur existence commune. Mescal fournissait

La matière. Et lui, Fabrice de Vermort, comte des Pyrénées,
Pensait voyager dans un autre pays avec d’autres moyens.
Son admiration pour Cayetano n’avait pas ces limites.

Il vit le Christ et participa à la poursuite du berger. Il vit
Même le troisième Ochoa entrer chez Constance qui
D’ordinaire ne recevait pas les hommes, il en savait

Quelque chose. Il suivit l’homme nu jusqu’à la piscine
Puis se cacha comme un narrateur possible de ce qui
Pouvait encore arriver au texte à peine entrevu.

L’homme ne s’appelait pas encore Ochoa, mais il dut
Convenir que c’était le Christ que les femmes pressées
Imposaient à l’imagination de l’homme occupée à revivre

Le passé sans elles. Doña Pilar le suivait de près, depuis
La nuit, suivant cette trace de la seule douleur à envisager
Sans l’homme. Elle se posa sur lui comme une feuille

Arrachée au travail en cours et qui revient de la fenêtre
Avec des instincts d’oiseau primaire, sans cette énergie
De la première heure qui témoigne de la facilité

Et de la providence. Posée ainsi sur lui, sur l’immobilité
Relative qu’il opposait à une autre résistance du regard,
Elle l’invita au silence et à l’observation. Cette science

Le sidéra pendant une bonne minute, le temps pour le Christ
D’entrer dans le vestibule et de le traverser en diagonale
Jusqu’à la cage d’ascenseur qui se fendit d’un reflet d’acier.

- Il monte ! dit-elle. Il reçut cette bouffée de croyance
Au paroxysme du vertige inspiré par les substances
Complémentaires que Mescal dosait savamment à la demande.

Il était maintenant fasciné par le clignotement de l’ascension.
Ils passèrent en catimini sous les tamaris. Un oiseau
Se réveilla, pionceur gagné aux lassitudes. Veux-tu, mon prince,

Que nous en conservions le secret par le scellement étroit
De nos bouches dans la cire de la fidélité et de la pudeur ?
Nous aurons des presciences de grandeur et des joies d’automne.

L’oiseau caqueta à leur passage. Les redondances de mon texte,
Que le critique taxe d’itération, invitent à l’appréciation
D’un espace décrit par le texte lui-même. Il avait dit cela

Hier à des auditeurs médusés. - Nous n’avons pas le temps !
Dit doña Pilar en le poussant dans le vestibule où rien n’appa
Raissait, Raïssa. Il injecta une dose hyperbolique au silence

Traversé. Ce manque de retenue outragea la douairière. Fa
Brice ! - Je brisse avec les femmes. Continuons. Doña Pilar
Dit tout haut qu’il ne servait à rien dans ces conditions

Et que le mieux était qu’il disparût avant de provoquer un scan
Dale. - Je la’i ! Encoru ne ! Brice ! Ne brissez ! Nous arrivons.
La porte venait de se refermer. Constance accueillait le Christ

Pour le prendre et être prise par lui. - Vous n’avez pas de re
Ligion ! Vous, un comte de l’Europe ! Vous qui inspirâtes
L’Orient de Muhammad ! - Ceci est mon corps. Buvez-le !

Il exhaussa la substance sobrante. Mescal n’en manquait.
Il vendait les invendus, laudanum des faibles. Et sa télé
Expliquait le malheur par le massacre des populations.

Prends place, ô marquis de Carabas, carabin des byzantins
Et des surcroîts. Il me reste dix mille milliards de cités
Pour rien. Tout le contenu d’une ampoule scellée au feu

De l’apaisement prévu. Voici l’ordonnance en blanc pour
La prochaine fois. Me feriez-vous le plaisir d’actionner
Le moufle ? J’aime que mes yeux soient à la hauteur

De votre visage. Quand partons-nous ? Jamais, n’est-ce
Pas ? Nous n’avons jamais quitté cette chambre prévue
Pour la mort. Ils en détruiront la mémoire, comme on

Efface les traces cristallines du pendu. Je vous propose
Un mélange d’hallucination et d’orgasme. Ma chimie
Naît de l’interne et du faux.- Goûtez à mes principes !

¡Chitón ! fit la veuve soumise à des glissements hiératiques.
Le Christ est cloué sur la femme. Elle lui arrache le cœur
Comme s’il lui appartenait ! Son oreille frémissait, médium

Des instants que la mémoire proposera vainement à l’espace
Du texte, un jour, là-bas. Elle était entrée en lui
Par l’intermédiaire de la chair. Il s’efforça de ne pas

Y penser. Ils formaient l’être nécessaire au témoignage.
Elle le brandirait avec éloquence, dosant les quiddités
Mirifiques. Ses jambes sont déjà mes jambes. Christ !

Elle ploya sous l’étreinte, comme une herbe à fleur
De l’eau, couchée par le vent horizontal de l’érection,
Parcourue des habitants des lieux, impassible et sommaire.

Gisèle n’y voyait pas d’inconvénient. Elle ne lui don
Nait que le miroir, le soumettant à cette étreinte plane.
En parlerait-il dans le chant qui suivrait cette attente ?

Partons ! fit doña Pilar. Elle en avait assez vu pour
Ce matin. Elle marchait à sa place, vive et précise
Comme il n’avait jamais su l’être dans les moments

D’angoisse nue. Elle utilisa sa propre bouche pour
Exprimer la douleur que Constance traduisait en termes
De plaisir. Il ne disait rien, trottinant derrière elle

Sur la plage. Il se laissa convaincre par des embruns.
Mescal l’avait prévenu. Tu te mélangeras aux autres
Avec une facilité inconcevable dans les circonstances

Plates. Il modifiait les dimensions à distance. Doña
Pilar marchait vite malgré la fragilité du cœur. Il
Mit les pieds dans l’écume de l’eau, à peine visible.

Je nais d’elle. Elle me communique ses malheurs
Physiologiques. Rien d’autres pour l‘instant et surtout
Pas les récits de sa poésie. Ils atteignirent le parapet

Dans l’exultation. Comment pouvait-elle croire
Que le Christ couchait avec sa mère ? Parce que,
Parce que et parce que le Christ ne donne pas de filles !

Elle délirait suavement, la veuve en goguette rituelle !
Il ne douta pas de cette Parque indispensable au récit
Que la poésie poussait en lui. Elle était sous sa peau,

Agile et percluse, folle et raisonnable, hâtive et minutieuse.
Rien de la part du texte sans ces méticulosités narratives,
Rien sans la hâte des chemins de traverse, rien sans la faillite

Et le triomphe, rien, absolument rien sans l’atteinte
Physique et la joie de l’instant. Porteuse de sa philosophie
Appliquée, elle le coltina aux nues de la rue qui s’éveillait.

Ne me pique pas, abeille des limbes ! Ne me communique
Pas l’analgésique ! Ne crie pas dans mon esprit ! Entre le cri
Et l’angoisse, j’aperçois la doublure des hallucinations

Et même de la transe. Il s’agit de l’alpha. - Pas de bêtise !
Dit doña Pilar qui s’emparait maintenant de son visage
Et le proposait au commerçant des seuils. Christ ! Christ !

Le visage répondait à une nécessité physique, comme la merde.
Il s’efforça de sourire. Don Felix Gálvez Bonachera agita
Son béret pour les inviter à le rejoindre. - Tu ne me

Croiras pas. Il disait le contraire, la croyant en substance.
Fabrice, qui était envahi au lieu d’envahir, expliqua
La déraison par l’angoisse, ne convainquant personne.

Il monta chez Mescal. Françoise gisait comme d’habitude,
Au lieu de dormir. Mescal le reçut avec aménité. - Vengo
En son de paz. Mescal accepta la proposition. - Regardez.

Raïssa se regardait. Fabrice grimaça. Le corps était porteur
Des traces d’une violence inouïe. Mescal mit son sexe
À la fenêtre, ne traversant toutefois pas le carreau qui était

Sa seule limite existentielle. - Il existe au moins un x
Dont je ne sais rien. Aidez-moi ! Fabrice empoigna le chibre.
- Comment avez-vous réussi à lui échapper ? En force ?

Je n’ai pas la force, dit Fabrice. Le cathéter plongea dans
Le méat béant. - Pissez ! Mais pissez, bon Dieu ! Ce qui
Réveilla Françoise. - On parle de Dieu en ma présence ?

Demanda-t-elle en entrant. - Le Christ couche avec Con
Stance, dit Mescal qui n’existait que pour la forme
Que le récit peut prendre dans les nœuds. Françoise

Était douce et vieille. - Je n’ai jamais aimé personne,
Mais j’ai beaucoup désiré. Comment mesurer alors
Le plaisir et le différencier de la simple accoutumance ?

 

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