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Article publié le 15 janvier 2017. oOo Le génie n’a qu’un siècle dit-on puis inexorablement il dégénère mais toujours jaillit de son esprit l’étincelante et glorieuse lumière d’où naissent les exploits des titans les contes fabuleux des empires perdus leslégendeséternelles des géants ayantrégné en des temps méconnus. Seul dans son cabinet,Howard réfléchissant à quelque histoire ennuyeuse commandée par l’éditeur impatient luttait contre une fatigue impérieuse. Son esprit de mille pulsions agité se lassait déjà du récit insipide qu’il avait péniblementdébuté. L’artiste tâtonnait,l’âme avide. Il voulait plus,il voulait loin il cherchait,il se perdait il implorait les muses en vain. A l’ennui sontalent succombait. La nuit était déjà fort aboutie. Pour noircir cette page,nulle trouvaille. A la fin,rendu l’écrivain s’endormit, son front génial sur la table de travail. Howard s’endormit d’un sommeil divin. La nuit était calme,parfaite Howard rêva,il rêva le poète : un songe étrange, lointain en des temps immémoriaux oubliés des chroniques et des historiens. Il aperçut de sauvages chevaux déboulant furieusement sur des steppes glacées, il vit des marécages malsains couvant au cœur de forêts inexplorées cachées dans la blancheur du brouillard. Et alors il sut sans savoir comment. Cette brume épaisse,cette forêt noire d’instinct Howard sut à l’instant. De son esprit émergea un nom barbare : Cimmérie !Cimmérie !Cimmérie ! Terre cruelle, inhospitalière où les hommes luttent pour leur survie par le feu et le fer. Et Howard l’aperçut ! Il crut d’abord à quelque bêteféroce. Ses puissantes épaules allaient nues ses longs cheveux noirs sur son torse tombaient en touffes sauvages. Le front haut,le regard fier tel un fauve plein de rage le sabre au clair le colosse l’interpella abruptement « Fou es-tu donc étranger ! Dans les forêts de Cimmérie Seul tu oses ainsi errer ! De bien plus forts ont péri dans ces impitoyables contrées ! » Howard tout tremblant demanda : « Qui es-tu noble guerrier ? Je ne te connais pas. Vois ! Je suis un pauvre étranger ! »
Rentrant l’épée dans le fourreau, le colosse répondit farouchement : « En ces endroits brutaux on me nomme Conan ! Né sur un champ de bataille mon bras a renversé des empires. D’Aquilonie aux côtes du Kataï monépée a fait périr bien des ennemis présomptueux. Sache-le étranger ! Mon nom est Conan ! Je verse le sang,je répands le feu, Je trace mon chemin brutalement ! Je tue, je vole et je suis heureux ! Maintenant j’ai assez parlé. Quel est ton nom, manant ? » Howard blêmit : « Je me suis égaré. Je ne suis qu’un poète errant, Robert Howard, d’une terre fort éloignée. Je célèbre les héros et les rois je chante leurs victoires. » Conan devenu pensif l’observa : « Tu dis raconter des histoires. Alors tu es un barde ! Je n’ai jamais entendu parler de toi, tu m’es inconnu Robert Howard ! Mais tu m’as l’air inoffensif. Par Crom,je t’épargneraiétranger tu es un adversaire trop chétif pour que je songe à te tuer. Va t-en maintenant ! Sinon tu sauras pourquoi on m’appelle Conan. Par Crom,retire-toi et ne recroise plus mon chemin. » Howard tout tremblant s’éloigna. Mais il avait compris,il avait vu. Ces bois aux effluves barbares cesol humide à l’odeur crue : un nouveau monde,une nouvelle histoire ! Il repensa à sa rencontre avec Conan : un voleur,un aventurier, un grand conquérant un redoutable guerrier qui foulera de ses rudes sandales lestapis luxueux des palais et fracassera à grand scandale lestrônes des rois Zamorais ! Et lui Robert Howard chantera ses exploits à la postérité, il sera le barde de Conan l’aventurier. A l’instant il se réveilla. Le front en sueurs,la chemise trempée. Il avait vu Conan,il se décida il allait le raconter. Chaude et calme était la nuit, Howard tenait son histoire ; il narrerait la turbulente vie de Conan le roi barbare. Sache lecteur qu’entre les temps où l’Atlantide sombra dans les flots et la venue des fils d’Arius le grand il existait une époqueoubliée des poètes et des griots. En cette ère perdue marcha Conan le barbare. Robert Howard conteur de génie vécut pour raconter son histoire Et nous obscur poète,aujourd’hui honorons son œuvre et sa mémoire. |
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