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À l’épaule

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 Article publié le 5 mars 2017.

oOo

Le film s’ouvrait sur la rue principale. Je le voyais par-dessus un chapeau. La voisine trouvait le temps long. Le plan était interminable, la rue déserte, les volets fermés, les rideaux tombés. Le son était celui d’une fontaine. Quelqu’un secouait l’eau. Je suis le premier levé, dit cette voix. Un temps. L’hiver, la fontaine est gelée, dit la voix. Homme ou femme ? Un être fatigué, on pense à ses nuits. Il dit qu’il ne rêve plus. Il souffre de la chaleur. Le plan est coupé par un générique où apparaît mon nom. Le plan suivant montre les arbres d’une forêt. Plan fixe. Je ne rencontre jamais personne, dit la même voix. Question d’heure. C’est là toute mon oeuvre. Pas question de temps. Du temps. L’heure... une femme nue. La caméra tourne un peu sur la droite, le personnage passe en vitesse, on voit l’arbre en forme de femme nue, une femme obèse, en pronation, c’est la voix qui prononce ce mot qui aussitôt s’excuse d’en détourner le sens au profit de ce qu’elle appelle sa tranquillité. Le plan s’achève sur un fondu au noir. L’homme est maintenant assis dans un vieux fauteuil du cuir rouge et noir. Il offre son visage, ses mains. Il s’est habillé de noir et a chaussé des croquenots marrons. Ses jambes sont croisées, la droite sur la gauche, le buste incliné, un coude repose sur la dentelle d’un accoudoir . Ma voisine soupire. Vous exagérez, me dit-elle. Pourtant le visage en dit long sur la souffrance de l’être qui se donne à l’image dont je suis l’auteur. Devant moi, le chapeau est animé de frémissements. Tournez donc une bonne fois ! dit quelqu’un. Deux éternuements ponctuent le plan suivant, les mains. On n’a pas entendu la voix qui disait qu’on a toujours tort de simplifier pour être simple. Maintenant la caméra explore le profil de cet homme. La mise au point hésite dans la profondeur de l’œil. Il n’y a pas d’écriture, dit l’homme, tout juste un exercice de la prophétie. Je, nous... vous, moi, non justement pas vous ! Je voulais expliquer cette phonétique ! C’est raté ! L’homme décroise ses jambes. Ses mains ont décrit une figure dans l’espace qu’il croit exploré par la caméra qui oscille. Ce n’est pas grave, dis-je. J’ai attrapé froid ce matin près du torrent, dit l’homme. Nous étions bien sur cette roche blanche et bleue, je m’en souviendrais, dis -je et l’homme dit : genou, je ne me suis pas rendu compte. Ce n’est pas grave , dis-je, continuez d’écrire, ne vous souciez pas des apparences, seule compte cette écriture qui s’achève. Le visage de l’homme tente désespérément de plaire. Une main apparaît, blanche et osseuse. J’ai du mal ce matin, dit l’homme. J’ai le mal. Toute ma vie j’ai pensé à une lente érosion qui expliquerait tout. L’oeuvre est un parallèle qui s’écroule à un moment ou à un autre. Châteaux en Espagne. La littérature est plus probable. Mais ceux qui y entrent en ressortent assez vite. Ce n’est pas un voyage. C’est une visite. L’homme se met à rire, à ricaner plutôt. Le profil a quelque chose de diabolique, fidèle à l’imagerie diabolique. Essayons de construire une conversation, dis-je. Oui, oui, dit l’homme, ne me laissez pas seul, les mots ne font qu’effleurer la surface, la surface du film je crois. Coupez. La véranda sous les rosiers. On devine un soleil de plomb. Il a fait si froid cet hiver, dit l’homme qui se tient debout, le visage à dix centimètres d’une bouteille de verre qui est suspendue. On découvre les abeilles mortes dans le sirop et une mouche qui remonte la paroi. L’ascension n’en finit pas. L’homme se contente d’expliquer le fonctionnement du piège. J’ai coupé ce plan avant la fin. La voisine ne manque pas de me poser la question : qu’est devenue la mouche ? Je hausse les épaules. Signe facile. Clarté facile. Tout est facile avec elle. Même le plaisir... deux catégories d’écrivains (écrivant ou pas) : – continue l’homme, on a perdu le début de la phrase par quoi commençait aussi le plan, l’homme est assis dans l’ombre, le visage tacheté de lumière – ceux qui veulent écrire et ceux qui écrivent. Les premiers apprennent leur métier et s’insurgent facilement contre les ateliers d’écriture qui soulèvent le voile de leur autodidactisme caché ; les seconds attendent l’heure, et elle arrive. Ou elle s’en va sans prévenir. Je connais cette solitude. Il n’a pas prononcé le mot souffrance, dis-je dans le commentaire, après un temps de silence où le mot solitude apparaît sur l’écran. Le soleil de nouveau. L’homme montre la forêt à l’adret d’une colline. Cette femme me terrorise, dit-il. L’œil de la caméra plonge dans le vert de la forêt. Même plan de l’arbre en question. Seins obèses. Cette pronation dont vous parliez improprement à propos d’un corps... dis-je. J’ai toujours adoré ces images, j’en possède des milliers, vrai souffrance. Un de nos camarades de classe nous tordait le bras et il réussissait parfaitement à nous soumettre à ses désirs qu’il n’exprimait d’ailleurs jamais clairement. J’aimais ces scéances d’élucidation de son propre mystère. Il régnait. Il nous avait appris le mot pronation. La pronation, c’était cette douleur. Plus tard, j’ai découvert l’autre sens de la torsion. Mais il est vrai qu’il tordait le bras dans un sens ou dans l’autre, indifféremment, et c’était toujours une pronation, la torsion associée à la douleur, son attente, sa chair blessée pour tout expliquer. Je ne veux pas créer le personnage, vous comprenez. J’ai toujours évité la création des personnages. Ce qui est créé, c’est le texte, ou si ce n’est pas le texte (parce que c’est impossible par exemple et je n’en sais rien), ces trouvailles, ces surfaces du possible, petits bouts de la lorgnette. Vous aimiez cette douleur ? Celle-là ou une autre, mais je me souviens de celle-là, et je tentais de l’appliquer à tout le corps, l’adjectif pronatoire m’est venu à l’esprit, je ne voulais pas contredire l’expérience comme on me le conseillait. Silence habité par les abeilles qui meurent. L’image révèle d’autres bouteilles du même type, le même fil de fer entortillé autour du goulot, et en même temps l’homme lutte contre une crise de larmes : c’est cette instabilité, vous comprenez ? Cette sensation d’équilibre menacé. Plus tard j’ai remplacé l’angoisse de l’air (celui qui entrait et sortait de mes poumons) par des essais de cisaillement de la chair. Mais ces meurtrissures révélaient ma pratique de l’air ambiant, j’y ai renoncé assez vite. Les personnages de roman étaient déjà des êtres graphiques. Vous voulez dire dessiné ? Oui, la main. Et les mots ne servaient qu’à décrire (au mieux) cette rhéologie. Plan rapproché du visage, en trois-quarts, un peu en contre-plongée, l’accoudoir révèle une dentelle mélangée sous l’avant-bras nu qui a servi de cobaye aux explications précédentes. Deux jours avant la première, elle me reprochait cette attente. Elle ne comprenait pas. Les bras n’expliquaient pas les mots. Il avait relevé la manche sur l’avant-bras, lentement, ralentissant le geste comme s’il luttait contre l’oubli, les doigts roulaient le tissu de la manche, se rappelant, ayant besoin de cette imitation pour ne pas oublier, la main le plongeant dans le doute parce qu’il la voyait. Je ne comprends pas cette approche, dit-elle. Je dis que je lui pardonnais. Je n’ai pas inséré ce plan malgré mon désir de trahir notre intimité. L’ homme revient, inexplicablement. Il parle pour meubler le silence qui a remplacé ma curiosité. Vous avez réussi pourtant, dis-je enfin, le livre, le cinéma, le théâtre même. La chanson, dit-il, une merveilleuse expérience, j’ai couché avec la chanteuse, c’était une exploratrice, non, non, pas une aventurière (ricanement, j’interpose un plan de l’horizon où le soleil se couche), une exploratrice, la douleur l’inspirait, elle savait presque tous de son bestiaire. Je vomissais en cachette. Silence peuplé d’abeilles, encore. Qui êtes-vous ? dis-je (comme on demande : pourquoi écrivez-vous ?). L’un ou l’autre, dit-il. D’où l’effet de pronation. Puis toutes les choses m’ont semblé répondre à ces nécessités rhéologiques. Soyez amoureux, dit l’un comme si c’était un bon conseil. Soyez amoureuse, avait déjà dit l’autre. Et vice et versa, tout dépend du point de vue sexuel. Ce matin, dans la forêt, vous êtes témoin... il marche devant nous, montrant avec sa canne, on n’entend pas ce qu’il dit, on ne le rattrape pas. Puis apparaît le torrent, magnifique, c’est le mot qu’il prononce, puis le fracas de l’eau nous réduit au silence. La première section du film s’arrêtait là puis un carton indiquait que la deuxième était sur le point de commencer. Pas de titre cependant, juste un temps d’arrêt qui n’est pas de l’attente, en tout cas pas de ma part. Notre intimité, dit-elle, je n’avais pas pensé qu’il pouvait en être question au moment de parler d’autre chose. Elle me regarde avec les yeux de son enfant. Ou bien c’est son enfant qui m’accompagne. Sur l’écran, le visage de l’homme se soumet à la lumière crue d’un projecteur braqué obliquement dans haut. Peu à peu, le masque apparaît. J’ai trempé une fois ma tête dans une liquide qui s’est figé, je respirais à travers un tuyau, mes yeux étaient désespérément fermés, je n’ai pas attendu longtemps. Je n’ai pas conservé ce visage. Elle en avait détruit l’original en plâtre. Le moule a disparu. Il reste une copie chez l’un de nos amis qui en prend soin comme d’une relique. Reliquaire cette fois, à la place du bestiaire dont elle lui parlait sans pudeur tandis qu’il déposait un voile sur la reproduction fidèle de mes traits. Nous buvions du vin. Le premier verre l’enivrait et elle était agréable pendant une bonne demi-heure. Ensuite elle s’en prenait à mon inertie. Indolence, disais-je dans un poème qu’elle n’a pas lu. Et elle finissait par soulever le voile. Le bronze rutilait sous la lampe. C’est obscène, s’écriait-il. Il lui donnait raison. Je sortais. Sur la terrasse, la nuit de me sidérait. J’ entendais leur conversation. Elle était passée de la cruauté à l’écoute. Il la fascinait. Il la possédait. Est-il possible que tu m’aimes seulement ? me confiait-elle tandis que nous rentrions chez nous. Tu ne peux pas te passer de moi ? Je ne répondais pas. Je ne répondis pas. Mais cette dernière fois, il n’y eut pas de réponse. Elle était exaspérée par ce qui était maintenant de la paresse. Je n’écris pas des livres, dis-je finalement pour mettre un terme à notre dispute, j’écris, tout simplement. Tu ne m’aimes plus, fit-elle. Son corps devenait cohérent. Elle ne me regardait plus. À quoi diable pensez-vous ? me demanda l’homme que je filmais. Il me tirait d’un mauvais pas. Mais à la même chose que vous ! lançai-je comme une plaisanterie. Il prit le temps d’en rire. Il me haïssait peut-être. Partageait-elle son temps entre lui et moi ? Ou bien lui et moi partagions-nous le temps qu’elle consacrait à notre désir de la posséder ? Gare ! s’écria l’homme à fleur de l’image, vous allez briser quelque chose d’important ! Mon épaule touchait un vase qui me parut laid, inutile, haïssable. Ses mains me retenaient. Le vase n’avait pas bougé. Son reflet dans le miroir révélait une brèche de sa face cachée. Je ne me souviens plus, dit-il, peut-être un enfant, nous n’avions pas d’enfant, elle adorait les enfants des autres, ils jouaient pour lui plaire, je crois, ici-même et ailleurs. Ne créez pas le personnage, dit-il, ne touchez pas à la fleur de cette nécessité. Nous sommes dans l’allée où il a l’habitude de méditer, un livre dans la main, où il prend des notes verticales. Ne résistez pas au charme de ces effleurements, dit-il en passant une main experte à la surface de la haie. La caméra sautille sur le gravier. Nous sommes des ombres. Il me parle du malheur d’être conscient. C’est une dissertation cohérente, agréable même, bien que prévisible. Nous arrivons au bout de l’allée. Il s’arrête tandis que je continue. J’entre dans le soleil. Mon ombre est réduite à un fil. Fin de la séquence. Nous jouions dans cette ruelle parce qu’elle était déjà désertée, dit-il dans le plan suivant. Depuis combien de temps n’y habite-t-on plus ? Combien de morts ? Qu’est-ce que je dis ? Ce mur servait de fronton. Je me souviens parfaitement de cette surface. Les ricochets de la balle toujours choisir de. Il répète la phrase : les rebondissements de la balle imprévisibles. Il dit : j’ai oublié toujours. Nous entrions dans cette cour pour régler nos comptes. Le bruit des coups, des trépignements m’obsèdent encore. Il y avait tant de choses à posséder, à vaincre, à comprendre peut-être. Des ciels gris, ou blancs. Jamais ce bleu que la caméra trahit encore. La glace se formait dans la rigole étroite, où nous y trempions nos derrières. Oh ! ces phrases ! Écrites, elles seraient à portée de voix. Ici les champs en friche. Nous remontons un sentier, en file indienne, entre le mur en ruine d’une cour et les fougères. Le son retourne des froissements, des glissements, des avertissements brefs, aigus, incompréhensibles. Nous débouchons sur un pré. La clôture guide nos pas. Je voulais vous montrer... commence la voix qui se perd dans une apnée interminable. Coupez. Une table et des chaises à l’ombre d’une façade grise. La porte est ouverte. Un chat roupille sur le couvercle d’une potiche. Nous y avons habité. Le bonheur... Bruit de pas sur un plancher. Changement de façade pour une plus courte. Une cuisine propre, mélange d’ancien et de nouveau. Une femme en bras de chemise montre des chaises. Vous reviendrez, dit l’homme. Je n’attends plus. Je sais ce qui va arriver. Ne vous étonnez pas si... C’est obscur, dit-elle, impénétrable. Veux-tu voyager avec nous ou bien préfères-tu... Dans l’allée, il s’était arrêté pour ouvrir le livre et montrer la page qu’il venez d’annoter. Cette ombre, dit-il... L’écriture parcourait plusieurs fois le périmètre de la page et il tournait le livre sans se rendre compte que c’était dans le mauvais sens. Vous monterez la séquences à l’envers, dit-il un peu plus tard quand je lui fis ce reproche. Il riait. Les images cinématographiques ne l’avaient jamais émerveillé. Il perdait vite le fil des intrigues ou des documentaires. Et il était toujours surpris par la fin, surpris qu’elle arrivât alors qu’il avait cessé de la souhaiter. Il tripotait la caméra maintenant. Que vous a-t-elle laissé ? dit-il. Elle ne m’avait pas encore quitté et je le lui dis. Il était persuadé du contraire. Je n’insistais pas. Il devait me confondre avec un autre ou bien il exerçait sur moi ses dons de divination. On lui reconnaissait toujours ce talent, ce don disait-il. Je vois, c’est facile. Mais vous ne surprenez personne avec votre manière de vous mettre à portée de l’esprit. Il critiquait une journée de travail. L’amertume, dit-il. Prémisses de l’angoisse. Je m’en prends au premier venu. Je le décortique comme s’il était le fruit de mon impatience. Ne vous laissez pas faire. Rires. Tous les rires. Plan par plan. Cela dure trois bonnes minutes. C’est encore trop long, dit-elle, pas assez nécessaire. Je ne mets pas en doute sa sincérité. D’ailleurs, dit-il, il n’en a jamais été question. Je m’apprête à lui démontrer le contraire, mais il n’a plus le temps. Quand il était enfant, il observait les lucioles de la nuit. C’était le nom qu’il leur donnait, aux lucioles, à la nuit, à l’angoisse de les atteindre et de les expliquer autrement. Il prononçait un gros mot. Il était sur le perron. Sa mère l’entendait et lui demandait une explication. Celle-ci ne la convaincrait pas. Il mentait. Mais le mensonge n’avait pas le pouvoir d’explication nécessaire et sa mère le punissait. Il montait dans sa chambre en s’efforçant de la haïr. S’il croisait son père, ils ne se disaient rien. Les lucioles de la nuit n’étaient pas un sujet de conversation. Or, son père se réduisait à une conversation, entretiens formateurs, badinages prudents, énigmes cohérentes, pas plus. Je t’en prie, disait sa mère, empêche-le de prononcer ces obscénités ! Le père le bâillonnait en prenant soin de ne pas trop serrer le mouchoir. Le noeud même ne tenait pas ses promesses. Le mouchoir tombait sur les pieds immobiles au bord du perron. Il ne regardait plus les lucioles parce que c’était le jour. Il était puni pour une autre raison. Sous le soleil, la lande paraissait infinie. Il avait compté les arbres de l’adret où paissaient des moutons. L’horizon se situait quelque part entre la lande et le ciel. Il n’était pas possible de lui assigner une horizontale définitive. Encore une lutte qui se terminait par une injure que sa mère qualifiait d’obscène tandis que son père la trouvait simplement grossière mais sa mère ne mesurait pas cette différence. Il l’imaginait nue et obscène, s’efforçant d’être grossière pour plaire au mari qu’elle aimait sans doute tendrement. Mais il était impossible de croire à cette tendresse. Impossible ? dis-je, toujours cette distance. Vous l’entretenez, vous nous faites languir ? Mais oui, répond-il, c’est cela même. Il a un rire de fillette surprise en flagrant délit de gourmandise. Un rire de quoi ? dit-elle. Nous sommes dans le lit. Nous parlons depuis des heures. Nous n’avons pas avancé. Il faut réduire le métrage. Il y aura un documentaire à la place du spectacle que j’avais prévu. Je ne supporte pas cette réduction. Mais elle ne me donne pas raison. Elle est rebelle à tout idée d’infini. La vie est un segment d’autre chose. Mais quoi, autre chose ? Elle ne répond plus. Toutes les femmes agissent dans ce sens. Toutes celles que j’ai connues en tout cas, dit-il. Il aime s’asseoir avec les bêtes. Des chiens et des chats. La corneille est morte depuis longtemps. Les chats la guettaient. Ils redoutaient cette amitié. Je ne trouve pas le sommeil rapidement, dit-il, pas sans aide. Où le trouvez-vous vous-même ? Il n’attend pas de réponse. Les dernières heures de la journée, il les consacre à ce bavardage solitaire qui noie le poisson de l’attente. Vous comprenez ? Il me regarde comme s’il attendait cette fois que je réponde à ce que je ne dois pas confondre avec de la curiosité. Être fini n’est rien, dit-il. Les bêtes sont finies depuis le début. Il nous faut l’enfance, toute l’enfance et la mémoire de l’enfance. Ce pouvait être long, exaspérant. Je collectionnais des objets. Mais mon hétéroclisme me condamnait plutôt à l’accumulation. J’ai conservé cette manie. Le mot est une photographie de l’être. Regardez l’album. Il n’y a pas de film. Je vous en veux de me condamner à cette comédie. Il rit encore, une main au cou où se gonfle la jugulaire. Passer la nuit. Comment. Ne jamais se demander pourquoi. L’image de soi est fidèle. Entre l’humanité et l’être, je choisis l’humanité. Les travaux, les institutions, les règles, les miroirs du bonheur. Pages d’écriture. J’aime cette encre. J’ai dressé l’inventaire des métaphores. Le brouillon s’est perdu. Pas pour tout le monde, comme vous le savez. L’image mettra à jour des instants, comme si nous en parlions. Silence. Dans la chambre qu’il a aimablement mis à ma disposition, j’ouvre le cahier où les séquences sont réduites à des intentions clairement exprimées. La scène du torrent pourrait s’achever par une citation. Il déclamerait quelques-uns de ses premiers vers. Travelling arrière. La forêt se referme. Il a rêvé cette noyade. Il en parle au repas de midi. Lieux de l’être, je n’en approche pas. Ces gouffres m’obsèdent. L’eau me communique la douleur des noyés. La femme que nous avons vue ce matin dans sa maison, revient, cette fois avec un panier de provisions. Le chapon est encore chaud. Une fricassée d’oignons nous inspire un retour crispé à des lieux où le plaisir a remplacé avantageusement le bonheur. Vous y étiez ? Parfaitement en forme à cette époque. Nous gambadions à cheval. Nous adorions la campagne. L’hiver nous a surpris en flagrant délit de paresse. L’automne avait été indien. Elle possédait une garde-robe inépuisable. Ma seule chemise sentait l’anis de nos alcools. Nous dormions dans le rideau du salon. Derrière la porte de la cuisine, le cheval ne trouvait pas le sommeil. Nous entendions ses grattements. Le vent soufflait dans les vallons. Nous regardions le ciel dans la toiture. Des loirs nous observaient, attendant le moment d’aller visiter les restes de la table. Un temps. Ce sont les souvenirs de n’importe qui si nous ne trouvons pas la clé des champs. Le rectangle de ciel dont je parlais... il s’interrompt pour se frotter les yeux et prendre le temps de critiquer l’éclairage. Soyons patient. Je ne lui ai pas encore dit que la scène du torrent est à recommencer parce que je n’en ai pas trouvé l’idée. Nous en étions à ce ciel, dit-il enfin. Nous n’en parlions pas. Il nous séparait peut-être. Je ne le saurai jamais. Elle s’endormait sans me souhaiter la bonne nuit. Et je demeurais seul, halluciné par le parallélisme des chevrons qui descendaient de chaque côté du ciel rectangulaire. Celui-ci ne l’avait pas fascinée comme je m’y attendais. Mais elle ne m’avait pas laissé le temps de la réduire elle aussi à cette géométrie. Tais-toi, avait-elle fini par dire, très douce et claire, comme si je venais de m’aventurer sans elle, ou comme si elle s’était sentie étrangère au voyage que j’avais commencé avec elle. Vous souvenez-vous de ces sensations ? L’air des cimes atteignait le toit en pleine nuit. Des tuiles bougeaient. Le lierre frémissait. Oui, c’est cela, commencez par le lierre, l’angle parfait de la maison au nord-ouest, le lierre se mélangeait au houx parasite d’un frêne dont une branche touchait le mur sous l’appentis. La terre creusée, les racines sortant des brèches, l’outil au manche luisant de lune, son oblique contre l’ombre, les yeux des chats qui habitaient sous la route à la place des canalisations entassées maintenant sur le talus. (Mais, dis-je, ces images n’existent plus, c’est impossible. – J’en parlerai, dit-il, je trouverai cette force, il faut commencer par le début. – Vous ne savez même pas où je veux en venir. – C’est vrai...) Pensif, cette fois, la tête inclinée sur la poitrine, et ses mains dénouent le chapelet dont il n’a pas encore parlé, malgré mes allusions, ou contre ma sagacité. La femme a posé le panier de provisions sur la table. Elle a l’air aimable. Elle est solide et vive. Elle s’assoie, plie en quatre le torchon qui couvrait le panier et tire par les pattes, d’une main, le chapon au cou tordu. Je m’attarde sur cette tête renversée dont l’oeil me regarde. Pendant ce temps, les plumes sont arrachées avec un bruit de tissu qu’on déchire. On entend la voix de l’homme que je suis venu filmer. Il s’adresse à la femme pour lui recommander de ne pas abîmer la peau. Elle le taquine à son tour, le menaçant de le plumer s’il continue. Je m’étonne de ces familiarités. L’œil de la caméra glisse alors de l’œil du chapon à celui de la femme. Ses rides m’obsèdent. Elles sont provoquées par le sourire dont elle accompagne ses galéjades. Sinon sa peau est ferme, on ne devine pas la tendresse des paupières, la mollesse peut-être des lèvres, le nez impose une courbure soignée, presque voulue, consciente. Leurs voix se perdent dans le fracas du potager où elle découpe la viande du chapon, tranchant les os, tranchant du couteau. Elle ne l’écoute plus. Il s’est levé pour aller cueillir une poignée de persil qui s’épanche dans un vase. Il pose le persil sur la planche où le chapon est en morceaux. Elle écrase le foie dans un mortier. Il continue de la sermonner. Il aurait préféré un rôti. Il aime moins les fricassées. Il retient son bras lorsqu’elle s’apprête à jeter les morceaux de chapon dans la sauteuse où l’oignon se colore vite maintenant. Ensuite, la femme est sur un chemin, portant le même panier, mais sans provisions cette fois. Elle va au marché ou elle revient de la maison. Elle a perdu sa sérénité ou elle va la retrouver, ou la jouer pour lui. La caméra arpente le chemin avec elle. Le jeu du contraste révèle tantôt la netteté de l’ombre où elle marche d’un pas rapide, tantôt la profondeur des perspectives ébauchées dans la lumière. Le seuil de la maison apparaît, ou les premiers étalages du marché, volailles tranquilles, lapins suspendus par une patte, des sacs de pommes de terre et une bâche couverte d’oignons. Une cuillère en bois retourne soigneusement les morceaux de chapon dans la sauteuse. La voix de l’homme trahit une angoisse déguisée en crainte de ne pas retrouver les saveurs que l’enfance a défini une bonne fois pour toutes. La voix de la femme paraît chercher à le tranquilliser. Comme elle me tourne le dos, je la soupçonne de ne pas vouloir jouer avec nous. Il l’a appelée hier soir au téléphone. Elle a accepté de cuisiner ce plat dont tout le monde ici connaît les saveurs. Cette habitude vous classe, ou il serait plus exact de dire quelle vous range à un endroit précis du temps que vous êtes en train de partager avec ces autres qui ne sont pas les vôtres. Pas question de prononcer le mot étranger. Il m’a prévenu. Vous ne direz rien. Vous vous contenterez d’être là. Observez de près sa peau. Vous comprendrez ce qui m’arrive quand elle revient. Le vin débouché, il le verse lui-même sur les morceaux fricassés, provoquant la friture et la vapeur sur quoi s’achève la séquence. Il a vidé toute la bouteille. Elle a jeté une poignée d’herbes dans ce bouillon. La réduction va durer une heure. Nous tuerons le temps, dit-il. Et se rassoit près de la fenêtre qui est ouverte. Il est sur le chemin des effluves. Il n’a plus rien à dire. La femme consent à s’asseoir. Elle choisit une chaise qu’elle pose près du fourneau. Elle fait face à la caméra. Elle avoue qu’elle est un peu gênée. Elle ne sait pas si elle acceptera de se voir. Elle ne s’aime pas en femme. Elle aurait préféré l’enfance. Mais c’est trop tard, dit-elle en riant doucement. Une petite fille, c’est jolie, dit-elle simplement. Elle n’a pas enfanté. Elle ne le dit pas. Elle n’a aucune raison de rechercher une intimité que nous ne sommes pas en mesure de respecter. Il en a parlé. Nous revenions du torrent. Le ratage de la séquence me tourmentait déjà. Nous l’avons aperçue de loin. Elle traversait un pré, portant sur l’épaule une corbeille de linge qu’elle allait étendre au soleil d’un autre pré. Il nous le montra. Il s’y promenait nu quand il était enfant. Les draps étendus le protégeaient des regards. Il savourait cette honte. Il en serait bien incapable maintenant. Nous la retrouverons chez elle, dit-il. Je m’étais avancé vers la clôture pour la héler. Il dit non ce n’est pas le moment. Elle reviendra. J’aimais cette vision. Les draps s’envolaient de la corbeille, elle semblait tenter de les en empêcher et ils se déployaient dans l’air, blancs et tonitruants. L’immobilité les saisissait au vol et elle les rectangularisait avec la même tranquillité véloce. Que regardez-vous ? me dit-il. Il me surprenait. Je rougis. Nous n’avions pas filmé. Il me rappela que nous étions ici justement pour filmer. Ne vous laissez pas aller, dit-il. Tu nous as épargné ta grimace, fait-elle en aparté. Pourquoi elle ? dit-il. Je lui explique que je conserve cette chute depuis longtemps et qu’il me semble enfin avoir trouvé le moment qui l’explique. Mais je n’explique rien, dit-il, en tout cas vous ne pouvez pas prétendre que j’exerce quelque influence sur les reliques de votre mémoire. Il prend le temps d’ajouter : je ne la connais même pas. Je rembobine et nous revoyons la fin de la séquence. La femme a moins d’importance. Il est vrai que nous avons tout rejoué. Il ne retrouvait plus la place des choses. Ces différences l’irritaient, d’autant qu’il ne pouvait pas les mesurer. La femme accepta de remonter le pré plusieurs fois. La lessive était à recommencer, lui confia-t-elle presque à l’oreille. Il ne l’écoutait pas. Je filmais et j’ai superposé ces séquences. Vous en souvenez-vous ? Je me souviens de tout, mais approximativement. Ne vous laissez pas aller. Coupez. Gros plan sur le visage de cette femme qui est la mienne. Bien, dit-il, elle ne dit plus rien. Vous avez changé le sens ! Je regrette pour la grimace. La femme est encore là. Elle mange avec nous. Elle est discrète, polie, elle parle peu et toujours pour s’étonner, pour dire qu’elle ne comprend pas, elle ne dit pas qu’elle voudrait comprendre, je la force à m’avouer son impuissance à parler des choses simplement parce qu’elles existent et non pas parce qu’elles font partie de notre vie. Sa moue nous renseigne sur les sentiments qui la condamnent au silence. Je filme le silence, le tremblement des mains, ma victoire sur l’erreur d’être ce qu’on est avec simplicité, courage, générosité. Il jubile. Il adore ces pièges. Il les appelle des traquenards et aussitôt il nous renseigne sur l’étymologie de ce mot. Elle finit par avouer son incurie. Non, non, dit-il, elle est insouciante, elle l’a toujours été malgré des apparences de méticulosité. Par moment, le fourneau paraissait la fasciner. Mais cela ne durait pas. Elle écartait du bout de la cuillère les morceaux d’oignons brûlés et il se désolait en l’accusant de négligence. Il parlait en marge de l’écran. Je filmais le fauteuil roulant qui était plié et rangé entre un radiateur et le meuble d’une bibliothèque ou j’avais reconnu quelques titres. Ce que nous partagions. Qui est cette femme ? demande-t-elle. Sa nourrice ? Sa génitrice ? Je filme une femme aux prises avec le passé. Elle accepte de refaire les scènes plusieurs fois, sans question, sans commentaire. Nous obtenons l’illusion de la vie, à ce prix, lui expliquai-je. L’illusion ? dit-elle. Seulement l’illusion ? Rien sur ce qui arrive vraiment. Ce travail insensé. Ce temps perdu à tout recommencer pour que ça ressemble au modèle qui ne ressemble à rien. Un seul verre de vin a coloré ses joues. Je ne me rends pas compte, dit-elle. Il la condamne d’un regard que j’ai le temps de figer. Ce temps devra durer aussi longtemps que le temps qu’il est nécessaire de percevoir entre la fausse candeur qu’elle lui a infligé et le retour de son visage dont les yeux baissés se contentent maintenant de décrire l’enfant qu’il a été. Il écoute sans rien dire. Il s’est réfugié dans ce silence obstiné. Au milieu de la table, le plat en terre rouge est vide, le fond un peu maculé de sauce, je me surprends à tenter d’en identifier les reliefs, des mots me harcèlent, des mots absurdes sans doute mais ce sont les noms exacts que je cherchais tout à l’heure et je me demande si je vais avouer ma propre légèreté. L’enfant se signalait d’abord par son immobilité. Il était rarement sujet à des transes et on ne s’inquiétait pas si cela lui arrivait, à l’improviste et toujours à la suite d’une crise de jalousie provoquée par des préférences dont il se prétendait la victime, ce qui était loin d’être la vérité. J’ai ma propre version, dit-il. Elle ne contient pas dans une phrase, certes. Elle rougit encore et accuse le vin. J’ai discrètement entrecroisé les volets. Cette demi-lumière sera favorable au dialogue qui s’installe. On ne le recommencera pas. On ne rejoue pas ce qu’on a joué. Continuez, dis-je. Mais continuer quoi ? demande-t-elle. Il est tard (ou : il se fait tard, non ? C’est mieux). Elle se lève et trottine jusqu’au potager où elle récupère le panier vide maintenant. Vous savez, dit-elle, je n’ai jamais eu d’ambition, pas même de l’espoir. Elle me regarde. Mais j’ai lutté. Pour moi, pour les autres. La vie est un ouvrage (j’aurais dit une œuvre). Pour soi, pour les autres. Il s’est levé aussi pour la raccompagner jusqu’à la porte et elle continue de parler des mêmes choses. Je ne filme plus. Je t’en parle. Et tu ne dis rien. L’enfant était une trouvaille. Nous ne l’avions pas vraiment désiré. Tu te souviens des premiers temps ? Non, bien sûr. Il te semble que tu as toujours vécu avec nous. Mais ce n’est pas le cas. J’en sais plus que toi sur le sujet. En fait, tu ne sais rien. Tu ne m’as jamais rien demandé. Tu ne lui aurais rien demandé, à lui. Que t’aurait-il répondu ? C’était un homme inachevé. Il n’aimait pas répondre aux questions et il n’en aurait pas posé de crainte qu’on lui demande pourquoi il les posait. C’était la bonne question et il le savait. Il était tendre ou bourru. Jamais violent. J’étais sauvage. Et tellement pudique. Il fallait tous les jours se méfier de ta curiosité. Il disait qu’il venait de te surprendre à fouiner. Tu fouinais des choses dont il avait lui-même une idée précise pour en avoir hérité avant toi. Mais je te voyais toujours immobile et je doutais de sa sincérité, juste le temps de te donner raison. Tu ne fouinais pas. Combien aurais-je donné de ma tranquillité pour que tu te mettes à fouiner toi aussi. Comme lui. Comme les autres. Les poseurs de questions. Leurs réponses. Tu te souviens ? J’étais folle. Il la pousse sur le perron, sous la treille qui rutile. L’intérieur de la cuisine s’obscurcit peu à peu et la lumière se tempère à l’extérieur qui est un rectangle clairement découpé dans cette ombre. Nous nous reverrons demain, dit-il, ils seront partis. Ah ? dit-elle et elle nous regarde comme nous sortions de l’ombre. C’est la caméra, dis-je pour expliquer le bruit mécanique qui nous précède. Vous filmez ? dit-elle et elle s’émerveille que cela soit possible. Elle veut dire aussi facile. Mais il se tait au lieu de nous l’expliquer, d’expliquer, de donner un sens à cette différence, à ce qui les sépare au même moment le plus clair d’un mot qui peut tout changer. C’était délicieux, dis-je, inoubliable. Vous ne pouvez pas rester plus longtemps, dit-il. Ils partiront demain matin, à la première heure. Nous n’arrêtons pas de tourner, dis-je. Je comprends, fait-elle. Elle n’a rien compris, dit-il quand elle est partie. Il reste un fond de vin dans la bouteille et il se sert, boit et revient près de la fenêtre. Elle n’a pas changé, dit-il. Il pleuvait lorsque nous sommes revenus, au printemps dernier. Je suis resté plusieurs jours sans sortir. Elle n’a pas osé frapper à notre porte. Elle doutait de mes sentiments, vous vous rendez compte ? Elle était partie sans faire la vaisselle. Nous nous mîmes à l’ouvrage. Il essuya les verres, les rangea dans la vitrine d’où il les avait lui-même extraits deux ou trois heures plus tôt (comment mesurer ce temps ?), referma la vitrine, un tour de clé qui attira notre attention. Une demi-heure plus tard, je lui demandais de recommencer la scène. Il prétendit ne plus s’en souvenir. J’improvisai à sa place. Il m’observe sans m’interrompre. Il ne croyait pas la nécessité de la scène que je réinventais devant lui. Il la joua nonchalamment et il la rejoua, à peine mieux, sans attendre que je le lui demande. Qu’en pensez-vous ? dit-il sans transition. Je lui répondis un peu sèchement que je ne pensais jamais rien de ce que je venais à peine de tourner. Pourquoi ces exigences alors ? me dit-il. Mais je n’exigeais rien. Je ne prétendais rien d’autre que d’occuper une place en marge de l’oeuvre dont il était l’auteur. Vous ne trouverez rien, dit-il d’un ton faussement détaché. Mon film était un procès. Une condamnation, rectifia-t-il en riant. Vous me flattez, c’est tout. Il ouvrit tout grands les volets que j’avais entrecroisés. Il n’y a que la lumière, dit-il. Je prophétise la lumière moi aussi. À ma manière. Mais vous avez besoin de cette lumière plus que moi, riait-il encore lorsque nous nous installâmes sous la véranda. Il répandit l’eau d’une cruche autour de la table basse où fumait le café. Sa patience a des limites, dit-il. Elles s’en va toujours avant le café. Avant la vaisselle, rectifiai-je à mon tour.

 

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