Toutes les montagnes se ressemblent.
Une fois arrivé au sommet
Nous découvrons l’autre côté
Et la tentation est grande
De revenir à la surface
Par ce nouveau chemin.
Babelin réfléchissait
Et pendant ce temps
Le ciel s’obscurcissait.
Il se laissa envelopper
Par la froide humidité
Et le vent le paralysa
Au bord du précipice.
Le poison agissait.
Il faut que je meure,
Pensa-t-il faiblement.
Si jamais je survis,
Je serai condamné
A expliquer
Et expliquer encore
Les « raisons de mon geste ».
Je deviendrai fou
Ou assassin.
Et impuissant
Par-dessus le marché.
Le poison,
Peut-être à cause de l’altitude,
Provoquait de petites douleurs
A l’intérieur.
Mes organes se défendent,
Pensa-t-il en voyant
Comment la nuit,
Le vent,
La pluie
Ensevelissaient la nouvelle vallée.
Descendre maintenant,
C’était se condamner
A ne pas assister au spectacle
De sa propre mort.
Or, se dit-il en riant,
Je suis venu pour ça !
On ne peut pas être
Plus désepéré, cria-t-il
Dans le néant
Qui montait vers lui.
On se sent enfin seul,
Gémit-il et sa main
Arrachait des morceaux
De chair à la nuit.
À la fin n’y tenant plus
Sa mère descendit
Dans le jardin,
Dans la nuit,
Dans le vent et la pluie.
La pipe s’éteignait dans l’herbe.
La bouche parlait
Dans une langue inconnue,
Mais sa mère entendit
Que l’enfance n’est pas comprise
Tant que la mort
Ne l’a pas expliquée.