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La personne du poème
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 Article publié le 23 juillet 2017.

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Une personne, c’est beaucoup plus et beaucoup moins qu’un poème.

Un poème, c’est beaucoup plus et beaucoup moins qu’une personne.

C’est dans cette contradiction insurmontable, dans cette tension vive que s’écrit le poème en direction de quelqu’un.

Le poème célèbre l’être aimé, l’ami ou l’amie, l’amante, l’amant, le ou la complice, les laisse être non pas qui il sont ni comment il sont - une simple photo suffit à cela dans la nudité crue du regard - mais fictionne et fonctionne dans ses parages indéfinis et infinis que sont ses mots et sa peau, son sourire et son sexe, ses seins, ses jambes et ses reins.

Ce peut-être aussi un paysage, le pays natal, une barque amarrée, une rivière, un lac, un bras de mer, un arbre, une forêt, une pérégrination, un ciel couvert, bleu ou étoilé, voire les dieux enfouis.

Le destinataire humain du poème ne célèbre pas, lit à haute voix ou avec le cœur, son sang pulse plus fort et plus vite à ses tempes qui mesurent alors vitalement, instinctivement le temps parcouru qui fut sillonné de mots et d’adresses, de messages et d’invites.

Le temps parcouru dans le poème parcourt l’échine, revivifie le présent, même en l’absence.

Il se veut présence insolite au sein du connu.

Non qu’il désire renouveler un mode de vision ni même, plus modestement, une manière de voir l’être aimé qui se verrait présenté sous on ne sait quel angle de vue soi-disant nouveau, mais il est le désir des mots en marche vers, mots de l’approche, dans la proximité la plus grande du présent, de ce qui a échappé, échappe encore, échappera toujours à quelque prise ou captation d’énergie que ce soit.

Le poème est ainsi rapport à soi dans le rapport aux autres, tant lorsqu’il est écrit que lu, sans qu’il rende jamais possible qu’inversement il se déploie souverainement et sans mesure comme rapport aux autres dans le rapport à soi, car seul le rapport qui ne peut se rapporter, décrire et circonscrire décide du rapport entre les deux termes sans terme qui relient les deux pôles magnétiques sans jamais les confondre

C’est ainsi que les péripéties qui ont accompagné, favorisé voire entravé l’écriture du poème ne correspondent en rien, tant en intensité qu’en complexité, aux péripéties de la vie tout à la fois ternes et triviales, voire insignifiantes et pour ainsi dire indignes d’être relatées, et ce pour qui, et seulement pour qui se résout à célébrer, au-delà du rapport qui s’établit dans et par l’existence du poème achevé-inachevé, l’en-deçà fécond, inénarrable et sans fond ni fondement d’une coexistence pacifique et fructueuse animée de caresses et de baisers, de paroles échangées et de de projets vécus en commun.

Projets qui n’en sont pas toujours, tant se joue là une souveraineté qui se joue de tout dernier terme.

 

 

Jean-Michel Guyot

15 juillet 2017

 

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