J’ai mal d’avaler mes mots,
mal au passage des mots,
un angle mort dans la pensée humaine
qui l’occulte d’un éclat de lumière.
J’ai lu beaucoup de livres, pas tous ;
des livres de guerre surtout, pas tous ;
la douleur, pas toute ;
l’attente surtout, pas toute l’attente,
un moment de l’attente,
mais c’est déjà beaucoup de savoir que ça peut arriver à n’importe qui.
C’est une terrible pensée,
plus terrible que la mort qui l’occupe pourtant infiniment.
Je ne connais pas de pensée plus cruelle,
et j’ai mal d’avaler mes mots
pour ne pas déranger l’ivresse où je ne bois pas.