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poussière, poussières
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 Article publié le 27 mai 2018.

oOo

Je rendrai ta semence comme la poussière de la terre. Genèse 13,16

 

 

Jusqu’ici j’étais indifférent à la poussière.

Elle s’étalait avec la complaisance quasi fantomatique de la matière sur les meubles et sur les miroirs, comme un vigile invisible.

Sur les miroirs la poussière est tenue au devoir de réserve.

Sur les autres surfaces, elle se déposait à tâtons et finissait par se confondre avec l’autre poussière, celle de mes idées, qui venaient se loger dans les rideaux, les draps et les écrits, comme une desquamation de vieilles cuisses de sorcières.

Je ne voyais que les festons de la couleur des jours et des années, sans consentir le moins du monde, pour cet encensement et cette diaspora matérielle du temps, le moindre agio sexuel, la moindre convoitise.

Ou du moins le croyais-je.

Elle leva un jour les yeux dans les miens, et je me sentis emporté vers le fond le plus noir et le plus chevelu des particules dénudées de la lumière.

Ce fut, et c’est depuis, non seulement la moustiquaire de mes trips, mais la jupe géante sous et dans laquelle, je loge ma vie, qui laisse un peu partout ses vieilles pellicules.

J’ajoute qu’elle remugle un peu le vieux grabat et la tortue-ninja entre les jeunes cuisses d’Alice Lindell, daguerréotypée par le divin pasteur, avec pour objectif l’impubère terrier.

Je me souviens d’une chatte qui laissa en désertant ma vie, son sourire d’un blanc que ma queue reproduit et éjecte à main nue dans un crachat-suicide.

Depuis ces retrouvailles avec la traductrice de mon entropie, je m’asymptote à sa couchette couleur rat et sa ligne de fuite.

Marthe (Elle n’existe pas plus que les fleurs arctiques) s’est occasionnée, avec sa bonne soixantaine, à mes vingt et un ans, bien sûr eux aussi musique imaginaire.

Je suis pris de passion pour sa peau chiffonnée et la soue de sa vulve éventrée, en sourire semblable au bâillement obscur et désolé de l’antre boucherie cachère du cyclope, et de son ventre noir, dévasté force huit, sur ma propre échelle de Richter.

Et quand la transaction se déchiffonne enfin, elle, telle une martre naturalisée, redevient la statue vivante de la vieille sentence « et tu redeviendras poussière ».

 C’est en rêve que je baise Marthe et sa vieillesse, alors que le balai de son poignet masturbe ma queue inclusive et la branle sans dents que celles des molaires cariées de ses doigts.

C’est le lapin blanc de mes neiges d’antan, qui a servi de loupe, pour que distinctement, je voie la couche grise qui sent la souris ventrale sur laquelle, tel le petit démon de Maxwell, j’ouvre les vannes de notre plaisir, jusqu’à redevenir ces grises particules où je me ramollis comme un gland mâchonné par les orthodonties du Martyre sexuel.

C’est en capuchonnant un jour ce gland fourbu, revenu de campagne, autant dire fantôme, (je m’étais branlé), que j’eus sitôt l’idée d’un musée de poussière.

Il ne me fallait rien, ni étagères ni pompes aspirantes, mais un tunnel creusé à même mon délire.

Les vives de mon sperme redevenaient poussière, et moi son Aladin pour frictionner la lampe où le génie nichait.

Jupe relevée, montrant ses tenailles, loutres gigotantes et pourtant figées, exposant les postures de l’infinitisme, elle chevaucha la jument éléate de mon char viril et crac !! s’y empala sur le balai superbe essieu de la folie.

Parlai-je du balai comme du doigt probable que l’écrit suggère ?

De la flûte embouchée par les filles d’Hélios écartant les muqueuses de nos Hespérides ?

De la porte et la poutre, d’où les joies s’érigent en mélancolie ?

Le Polyphème à l’œil niché entre ses deux châsses ardents, me tripotait en m’exposant ses stalagmites et ses stalactites, tout en dépiquant les poireaux très succins de mes sens d’enfant-singe.

Ses poussières à lui fumaient mes semis-spores et déposaient leurs souris gris-sanies qui devenaient sitôt un escargot tout chaud.

Il semait tous les sens entre mes jeunes cuisses, où je voyais celles de Vénus en reluquant les miennes, que son regard salace peignait et changeait en un Botticelli.

Je vis donc sous les voiles de cette poussière, qui devint le char de mes sorties-rentrées, qu’alors je décidai de transformer en taupe à ressorts sous tous mes vieux sommiers délirants et précis.

Je m’installai sitôt dans la cave conique de mes inventions, en emportant tous les outils pour fabriquer en kit, comme il se doit, une âme avec ses flèches de tous bois, dans son carquois rêveur de formes vaginales dressées sur le Carnac de ma cible-karma.

Déjà revisité sans ticket ni plénière indulgence, le guichet de mes érections, ouvert jour et nuit des myriades de fois, devenait affluant.

Imitaient-ils, ces gens de l’âge de pierre, la poussière des astres, prenant leur primitif pénis lithographique pour modèle et tiers de leurs divinités, préfigurant le télescope et la fusée ?

Toute cette poussière sur-géantisée à coté des embruns de la Vénus toujours, toujours recommencée, fluant et refluant comme les dents du chat du pays des merveilles.

Ma cave donc me servit pour y garer mes collections de poussière, que je laisse à son singulier, comme le mot chaos chez le vieil Hésiode.

Quand j’évoque le grand monsieur au genou débotté, j’évoque l’Ogre de Poucet, dont l’ogresse, sa femme, me faisait bander.

On la dirait ces temps, ogresse modérée.

La poussière du conte s’est depuis longtemps couchée sur cette histoire et est devenue mon ogresse et ses filles dormantes, rondement dotées d’un sourire surnuméraire et empourpré.

Cette poussière là était disséminée comme autant de minuscules Petits Poucets redevenus les miettes de pain sec, changées en fils-cailloux d’Ariane prévoyant le retour au début de l’histoire.

 

Minuscules et pas encore tout à fait, (il s’en faut de beaucoup), vraiment microscopiques.

Particules de cette matière en folie vagabonde, comme un éternuement de cette éternité, qu’est la femme de l’ogre mastiquant ma vie comme du chewing-gum, évoquant comme Cicéron les temps anciens, qui sont comme serait la prothèse dentaire à sa mastication de ma pomme d’Adam.

Cette poussière est un écran à l’écran où s’écoule la pornographie quotidienne et nullarde, de l’information.

 

 

Sur la nuque l’acier de l’information

le sang de l’image. Les corps de l’écran

le sang de l’écran

l’acier sur la nuque celui de l’écran.

Le jour est un autre et pan sur la nuque

celle que l’on vit que l’on tend comme écran. L’information casquée nous plaque au mur du jour

le programme du jour et en joue.

Certains n’aiment pas le sang sorti des corps

a écrit quelque part Rosemarie Waldrop

La voix son micro en main doucement

et peignée maquillée lèvres rouges sanglantes

parle par rafales. On mange du hareng

on boit du vin on voit on sent ce qu’on entend

et ça sent le hareng. La mort sentira ça

jusqu’au prochain programme ou jour où c’est alors

autre chose que ça sentira

quand apparaitrons. d’autres corps en rafales.

L’autre information. Et pan

on s’écroule dans l’information qui tient l’arme au poing. Les paroles crépitent du rouge-baiser

sensuel et altruiste de l’informatrice.

Aujourd’hui la mort dite sent la béchamel

avec la trêve proclamée mais pas très assurée.

L’information du lendemain dit que la trêve

fut un joli rêve entre les lèvres rouges

disant que l’horaire du programme en cours

lui fut bien respecté malgré la juste grève

de l’information.

 

 

La visite est ouverte, et sur les lignes qui sont étalages, se montre chaque grain souris de la Poussière aux bottes de sept lieues.

Chaque grain, ‘Monument du temps de la matière’, émue de tant et tant, et milliards de milliards de cloportes femelles dans le dictionnaire.

La poussière est comme on dit femelle, la girafe, la vie donc la mort, la camarde et la très masculine semence perdue ou plantée en lieu sûr, jusqu’à ce qu’elle entende l’injonction à celle qui va récolter la future poussière, le « Poussez, Poussez » d’une voix de stentor.

 

 

Portrait de la poussière

 

Explorer sous son lit est écrire et inversement dit-il en se grattant la tête.

On trouve un clou rouillé qui retient la poussière et son chignon de Mère qui se tient debout.

Debout est la poussière toujours sous un lit qui retient la fatigue accrochée à ce clou qui fait le joli-cœur et qui retint jadis un portrait dépensé par le temps qui est gris.

Écrire est sous un lit où la poussière crie « terre ! Amérique terre ! et  pouvoir aux moutons ! ».

Écrire c’est dormir éveillé et rêver ce monde un nouveau monde.

Amirale poussière vogue sous les lits ceux partagés ou pas où la poussière est ou célibataire ou veuve.

Parler à la poussière est dire tout le gris du temps et son portrait que retient le grand clou rouillé de la parole.

Et si on redevient poussière le portrait ne vaudra plus un clou que d’être chasublé de rouille au lieu de couille.

 

 

 Pavillon haut

 

Cette poussière est soulevée par un vent qui dresse pavillon dans les allées où le sceptre des pas est ce soulèvement.

Pavillon arborant l’œil borgne du pirate et les os de l’esprit qui chante sans un bruit et qui flotte sur son tourment qui est la joie.

Celle d’aller à l’abordage d’un corps toujours plus vaste.

Le vent dans la poussière clame son ruineux ouvroir d’éternité.

Cette poussière vient vers nous comme un oiseau de pierre dolménique et râpe la semelle de l’œil où son bandeau de vue crie : un vaisseau à prendre ! un autre chemin creux où dresser sa poussière !

 

Exposée ici, l’attente de l’ancillaire de ménage et de sa balayette aux doigts de fée, son humide câlin javellisé.

J’ai toujours rêvé trousser la ménagère, dont les draps souillés rappellent le torchon vicieusement collé au cul des récipients, et qui sentent le haricot sauteur des ressorts grinçants de sommiers attachés à leurs glorieux rebonds.

Le vagin de ma vie baye non aux corneilles, mais baille un ennui plaisamment délicieux.

Elle,

je tairai son nom, car ramassée sous un plumard d’hôtel à l’enseigne « Ma biographie inventée », ou plutôt « Autobiographie de mon imaginaire », je l’ai proprement inhalée provoquant ainsi éternuements divers, moucheries interlopes et moroses sanies.

Elle était étalée comme un hélicoptère sous ses tourbillons, et sa texture se tendait comme un troupeau frileux partant en transhumance.

-« Tu m’as aspirée toute dans tes fortes narines. Je suis l’avant gout de ta propre poussière, tes propres déchets.

-Du monde dit Popol en se désarçonnant.

.

Son corps avait le touche-à-tout d’un tablier où ma queue se dressait comme un piège à rongeur.

Et elle ratifiait le Polonius outré de mon désir gonflant.

Elle était touche-à-tout et proclamait que faire ou défaire l’amour, c’était mettre l’enterrement de la sardine avant la mort de Sardanapale.

Dont acte.

Et je lui répliquais par celle que Gréco peignit comme un orgasme du comte d’Orgaz et son enterrement envoyé dans l’espace redevenu poussière parmi les étoiles.

Ainsi je refermais le pli de la mort sur la mise en terre par le triomphal éjaculat du peintre, autant qu’il est celui de son sujet falot.

Joignant la peinture au geste je m’Arianisai vers sa pliure intime qui est la Pliure Universelle, la déchetterie du monde où nous redeviendrons poussière et donc étoiles.

Elle tenait cornée la page aux Corinthiens en masturbant Popol selon vox populi.

 

Sur le sol de ma chambre, ces minuscules gamètes se déplacent comme des vapeurs solides en livrées domestiques, qui fouillent les interstices du plancher, pour rejoindre leurs congénères qui ont tendance à transformer lesdits interstices en chambre de bonnes.

Peut-être sont-elles à la recherche des acariens qui y logent et qu’elles jalousent, allons savoir !

Marthe, du clinamen de son balai, oriente leurs parcours aériens vers mes voies pituitaires, ce qui me fait bander du nez de mon cerveau lequel cerveau devient un temps vraiment le mien.

 

 

Marthe la blanche s’est couverte

d’un tablier de rate obèse

pour larguer dans mes narines

une armada de potirons

de la taille d’une pucelle à Lilliput(e)

 

elle rejoint aussitôt ma

collection de petits moi-moi

de petits pois et qui sont mes

ménades de monades

ô ma Mona !!

 

Où se fait le ménage, sont aussi les dieux.

Sur les étagères de ma bibliothèque je passe un chiffon dont le QI effleure celui des Rimbaud, des Dante, des Goethe, des Joyce, des Gass et autres Rabelais, dont les dos me font face et me citent les titres qui sont le bon potage dans lequel se noie l’os à moelle de leurs noms.

La Poussiniste à langue morte et qui vole à l’encan, est la meilleure traductrice de ces acrobates de l’éternité.

Si on leur fait peau neuve en fait de traductions, c’est qu’on traduit poussière par littérature.

Entre autre on la traduit souvent en monuments.

Marthe est ce tas de mots qu’elle range sans ordre dans un bien improbable placard à balai.

Marthe est la séductrice cougard et voilée de la nudité sainte avec ce grain verdâtre de moutarde forte sur le bout du nez.

Elle sent les urines de la langue morte sous les jupes jaspées des langues en fonction de nous damer le fion.

Alice est le lapin en daube de mon bain de foule.

La langue est mon bain de foule, où je tire à vue sur le pire évoqué par le vieux stoïcien.

L’usine en face déposait non pas la poussière sénile, mais son carbone actif sur mes étagères de bibliothèque, en témoigne le noir de l’encre dont je suis.

Ma cave est respirable.

J’y ai dompté les infimes pouliches de la horde boudeuse dont je me suis fait l’écuyère attitrée.

 

Organiser le chaos me rapproche trop des jardins à la Française.

Alors point trop n’en faut, j’aime bien le boucan d’Hésiode et de ses théogonies où les dieux n’étaient pas encore syndiqués, parfumés d’encens, et qui massaient le talon d’Achille pour faire avancer le schmilblick.

Bien sûr, j’aime le chaos, mais seulement quand il ressemble au vol erratique et coordonné des martinets.

Je me charge de choisir un ordre négligé dans la cohorte en vol, afin de l’organiser à ma manière ébouriffée, d’amateur de haies mal taillées.

Ainsi en est-il de mes tripatouillages sous les vieux sommiers où paissent les moutons déjà pré-égorgés, et les meubles puceaux du dessous, si bien qu’il faut s’armer d’un manche CRS pour les asticoter.

C’est là que vous m’avez trouvée pourrait vous rétorquer la moindre de mes phrases.

-« Vous évoquez donc », me demanda un jour de trop, un professeur sans lettres qui les enseignait, « la poussière du sens » ?

-« La votre probablement » répliquai-je avec l’aménité d’une carie dentaire.

Je lui fis remarquer au passage que cette poussière de l’amphithéâtre ne résistait pas aux culs des étudiants et moins encore à ceux plus crus des étudiantes.

Époussetant je triche un peu sur le sujet.

La commode ou l’étagère à livres, ne sont pas l’objectif à rendre présentable, mais l’occasion de mettre la question du style ou pas, en évidence.

Quant à ma thématique il n’en est pas question.

C’est en fait une affaire de peau, d’épiderme à flairer comme une Rolls-Royce en sueur parfumée, rechapée au Lancôme et qui troque ses 10 chevaux pour un royaume, (qui n’est hic et nunc qu’un parking poussiéreux de petits poings levés en guise de houppettes).

J’abuse.

Me parfois morigène écrivant, car j’avoue ne pas toujours humidifier mon torchon rhétorique, de sorte que je fais voler ce que je suis censé faire ou pas disparaitre.

De fait j’adore cet éternuement qui nous fait accéder au plein instant de l’être.

 

 

J’ai attrapé un mauvais rhume et une difficulté

aujourd’hui à vous écrire.

Les mots se sont enflés

à la fois dans ma gorge

et mes fosses nasales.

C’est comme s’ils voulaient se changer en écharpe

ou en embrocation.

Mais le bon de la chose

est que j’ai retrouvé le mouchoir à carreaux

qui est mon préféré

d’abord pour son format et pour sa robustesse.

Un peu aussi pour sa couleur et son coté

asile de vieillards.

Il arrive parfois

qu’un objet vous conforte plus qu’une personne

ou qu’une page blanche qu’on charge de mots

trop souvent pour se plaindre.

Donc c’est décidé

je ne vous écrirai pas de lettre aujourd’hui

car le papier à lettres n’est pas un mouchoir

pas plus que la page d’un livre où moucher

la morve de sa vie.

 

 

Ses milliers d’yeux éteints comme celle d’une lumière mal jointe, dévoraient mes ongles nus comme des nains.

Le bruit inaudible de nos accointes-tances

déroulait un faste de ressorts contraints.

Les voisins profitaient et même les anciens

depuis longtemps séniles de la morte vie,

de ces tances qui compostaient nos vieux accords.

Je me prenais dans sa crinière de Néfertiti,

dans ses lacs de tabagie post-historique.

Nos draps avaient jadis été la morne plaine

du jeune Fabrice cherchant le grand virus

en arpentant hagard, masturbant le hasard

le Waterloo final de son champ de vision.

 

 

Comtesse aux pieds nus

 

Une petite évidence à tête grise a roulé sous le lit.

Peut-être un orteil de la réalité.

Le pied de la pensée pense shooter dans quelque chose et c’est l’orteil qui part sous le lit d’un seul coup sans qu’on s’en aperçoive.

On a pensé trop tard.

On n’avait pas chaussé sa Comtesse aux pieds nus qui erre sans sandales dans sa nébuleuse.

Sous le lit tout défait tel qu’on ne voit que lui a roulé l’orteil gris souris d’un bref instant où on pensait : ‘mais oui bien sûr’ et puis toujours ce rien albinos débraillé.

Aussi l’aspirateur qu’il faut passer sous le plumard pour les moutons.

 

 

Couchée sur mes clayettes d’où elle lévite parfois, sniffée par le plafond de ma vicieuse cave, Marthe sous mon corpus incorporel dei perd son coté martial.

Ses jupons sont couleur de mes deuils successifs, qui sont les petits bonds de bouquetins des monts hallucinés de neige de la chaine australe de mon écriture.

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Commentaires :

  Texte autobiographique ? par Gilbert Bourson

Le problème est de savoir, (pour moi) si ce texte est un texte autobiographique ou pas. La question peut être posée par le lecteur qui a toujours tendance à penser que le récit qu’on lui propose, a comme narrateur l’auteur lui-même, alors qu’il n’est, comme on le dit pour les découvreurs de quelque phénomène ou objet inconnu, qu’un inventeur. Bien évidemment les découvreurs de la grotte de Lascaux ne sont pas aussi impliqués par leur découverte, que celui qui découvre sa propre caverne, et ses propres archaïsmes. S’il y a une autobiographie dans un texte, l’auteur est le premier à la découvrir (ou pas), mais cela n’intéresse pas le lecteur qui doit y confronter sa propre histoire, sans avoir à y chercher celle de l’écrivain, (histoire bien souvent très semblable sinon à celle du lecteur du moins à celles de bien d’autres sujets). Proust en écrivant le contre Sainte-Beuve a bien pointé que le Marcel de la Recherche n’était pas le Marcel qui l’écrit. Bien sûr il n’ignorait pas que le rapport entre les deux serait inévitable. Ce qui n’empêche que tout lecteur de La Recherche se reconnait dans le narrateur de ce livre. En quoi la connaissance de la vie de Proust éclairerait l’œuvre en laquelle chacun se lit comme dans un miroir ? Relisant Poussières, poussières j’y rencontre beaucoup de moi-même, mais je puis assurer que ma vie personnelle n’expliquerait pas ces lignes énigmatiques, lesquelles me le sont tout autant que pour le lecteur. Peut-être même, qu’un lecteur ne les trouverait pas aussi énigmatiques et s’y reconnaitrait plus clairement. Il s’agit dans cette histoire, qui n’en est une, que par métaphorisation d’un voyage poétique dans la proximité des livres, qu’une bibliothèque vaporise comme une poussière qui se mêle à la poussière de la vie. Le sexuel y tient la place qu’elle a dans toute vie humaine, soit plus ou moins soit par défaut, mais essentielle, en dépit de l’intérêt que croit y porter ou non le sujet. J’ai écrit ce texte avec une extrême jubilation, quoi que cette poussière, comme le dit la genèse, est cousine de ma semence, laquelle est cette écriture qui retourne à la terre avec délectation.


 

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