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Sériatim 1 - [in "Seriatim"]
Sériatim 1 (Patrick Cintas)

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 Article publié le 10 février 2019.

oOo

Depuis quelque temps, on assiste en France à un « combat » entre deux factions qui se réclament l’une et l’autre de l’apolitique.

Mises ensemble, ces deux phalanges semblent former une nette majorité.

La réflexion politique n’est pas, en ce moment, la mieux inspirée ni la plus nécessaire.

D’un côté, les partisans d’une société construite à l’image de l’entreprise exercent leur arrogance avec une insolence de morveux de la classe et de l’autre, on oublie trop vite qu’on a été conçu pour consommer et que par conséquent la revendication tient au pouvoir d’achat pour cette seule raison.

Le chômage et la pauvreté, qui toujours s’ensuivent, nourrissent la classe moyenne du manque d’argent et de considération simplement humaine.

Mais lesdits « gilets » ne s’en tiennent pas à exiger la satisfaction de leur désir de « mieux vivre » de leur travail. Ils veulent aussi peser sur l’organisation de la société et réclament qu’on en modifie la constitution.

Ainsi, une opposition se dresse devant eux, qui n’est pas seulement le fait des « marcheurs », mais aussi de toute la coterie conservatrice qui a d’autres chats à fouetter.

On a alors vite fait de parler de révolution, sans savoir ce que c’est exactement.

Marcheurs et gilets se hérissent en même temps selon ce principe ancien et éprouvé.

Or, ni l’une ni l’autre de ces chapelles n’est révolutionnaire, par le seul fait qu’il n’y a pas de révolution sans exercice de la politique, d’autant qu’en cas de révolution, la violence s’impose.

Or, ni l’un ni l’autre de ces clans n’élève la violence à la hauteur de ses pensées.

On préfère débattre, dehors ou en salle selon l’idiosyncrasie de chacun.

Les marcheurs font les questions et les réponses et les gilets s’éparpillent en autant d’avis.

Présenté comme l’élite de la nation, alors même que l’enseignement dispensé au sein de l’ENA, de l’avis de ses élèves et de ses professeurs, relève du cours préparatoire avant même tout programme plus élémentaire, les politiciens et autres chiens de garde s’appliquent à élaborer leur discours après les faits et autres évènements, ce qui, en termes philosophiques, en fait une secte de salauds, qualificatif qu’il convient d’appliquer à tout le corps exécutif lequel, en cette monarchie élective qui s’affuble du titre de république, constitue le seul pouvoir en place en dépit de l’article 16 de la Déclaration des Droits etc. qui stipule, à tort ou à raison, que toute constitution qui ne prévoit pas la séparation des pouvoirs n’est pas ou ne peut être démocratique.

Ainsi, la justice est réduite à une administration soumise au pouvoir exécutif et par conséquent tout magistrat est un pédant, c’est-à-dire quelqu’un qui s’en tient à « l’application de la loi » sans réel souci d’une jurisprudence, celle-ci constituant le seul outil véritable de l’exercice judiciaire et législatif. Un fonctionnaire pur et dur, statut qui entre en conflit avec l’esprit des lois.

Alors qu’en est-il du troupeau parlementaire ? Il est la seule image ou devrait être la seule image fidèle du peuple qui l’élit à date fixe. Est-ce ici que la philosophie, enfin ! applique ses pansements ?

Faut-il considérer que la philosophie, dans la connaissance et l’action et par delà toute velléité morale ou esthétique, émane nécessairement de cette masse à la fois électrice et représentée d’une manière ou d’une autre ?

Autrement dit, le peuple, dont il faut bien exclure fonctionnaires et ministres pour les raisons évoquées ci-dessus, échappe-t-il à l’état de salaud et de pédant ? Est-il au moins en proie à la qualité de philosophe… ?

Et cette difficulté alimentée par la Constitution même trouverait-elle un apaisement sensible si cette grammaire citoyenne était changée, voire même révolutionnée ?

La pratique philosophique, conditionnée par celle du doute et donc de la solution provisoire en attendant mieux, est-elle à ce point possible dans ces conditions plus que contraignantes ?

Si on en juge par l’état de la plus grande démocratie du monde, où certes la liberté n’est pas un vain mot, mais à quel prix ! on ne peut pas dire que le peuple a ce talent particulier qui consiste à placer platoniquement le philosophe au pouvoir… disons en lieu et place du salaud présidentiel, ministériel et fonctionnaire… et d’ériger l’élection des juges en premier principe de justice.

Il semble bien que la philosophie n’ait pas sa place dans le troupeau des élites et du commun des mortels réunis considéré comme seul corps électoral.

Je m’amusais récemment, à l’occasion du spectacle médiatique en cours, à me dire que si jamais je n’ai opté pour une carte d’électeur qui eût froissé mon honneur de poète, j’ai cependant accepté avec joie et concupiscence la carte de lecteur que la communauté des communes, sans y chercher malice, m’a délivré afin que je puisse réellement accéder à l’énorme et labyrinthique Bibliopôle qui motive encore mon désir de survivre à l’imbécillité environnante.

 

Anything is good material for poetry. Anything.

 

« Qu’est-ce que je fous ici ? »

Je ne suis pas difficile à déchiffrer…

Le chien semblait séduit par toute cette poésie.

 

Un chien… et passant

Par le rond-point

Il me vint cette idée

Complexe mais pas absurde

Que j’étais entré dans un poème

— Aussi l’idée connexe

Était

Est sera toujours

D’en sortir

 

« On n’est pas écrivain parce qu’on écrit des livres.

On n’est pas écrivain parce qu’on enseigne la littérature.

On est écrivain seulement si on peut écrire aujourd’hui

Ce soir

Dans la minute.  »

 

Qu’est-ce qu’ils foutent ?

Encore eux !

 

Tenez-vous tranquille signifie :

Tenez-vous en à l’ordre.

 

Qu’est-ce qu’un poème ?

Ce n’est pas de la poésie.

Surtout pas ça !

 

Tournant encore autour.

Canettes et gilets.

Une grosse dondon se donnait en spectacle.

Il faut de tout pour faire un monde.

Mais quel monde est en formation ici ?

 

Visages connus. Airs déjà sifflés sous ma fenêtre.

Mise en place du poème sur ces tréteaux populaires

Pas conçus pour ça.

 

Sans morts pas de changement !

Non pas l’art et la mort

(comme je le crus longtemps)

Mais nous et la mort.

La mort et nous toi moi eux

« Qu’est-ce que c’est que l’attente ?

— Pas d’attente sans espoir »

Fut la réponse du berger

(je relisais Villon : la merla)

 

Concevoir le discours

Comme on construit une religieuse

 

Il y a un infini

Entre le poème

Et ce qu’il signifie.

 

« Ne lisez plus entre les lignes.

Caressez les mots et arrachez la page.

Mais j’avais beau attendre

Il ne se passait rien »

 

Depuis quelque temps…

La veille où Grenade fut…

Avec qui suis-je si je ne suis pas seul ?

 

Mieux vaut être seul qu’accompagné

S’il s’agit d’attendre.

Un flic est un raté social

Pas un héros

 

Anything. En passant.

Qui êtes-vous ?

Pourquoi vous ?

Le moteur ronronnait en attendant.

Qu’est-ce que je fous ici ? Construisant

Ce qui sera forcément interrompu

Car on n’attend rien de moi

 

On n’est pas écrivain…

Moi non plus !

Crucifiez celui qui n’éprouve

Aucun désir de possession

En entrant dans une boutique !

 

Troquez la liberté !

Elle se vend cher sur le marché aux poissons.

Passant caminando

Tout ça d’un trait :

Comme on rature.

Énormément de cons, ça oui !

 

Il ne pleut pas sur la guerre.

Il ne neige pas sur les révolutions.

Enterrez-les ! Mariez-les ! Et sous le Signe !

Là ! Maintenant ! En ordre !

« Tout le monde veut le pouvoir… dit l’un.

— Mais le pouvoir sur quoi… ? » questionne l’autre.

 

On est foutu si on n’achète rien !

Acheter c’est un plus.

Mieux que l’acte qui consiste

À échanger une poignée de fric

Contre un peu de dignité sociale.

 

Acheter c’est un plus.

Tu te sens mieux après.

Et tu ne demandes qu’à recommencer.

Pas d’autre alternative.

Tout se vend !

 

Rengaine du poilu mort d’avance.

La peau de l’ours. Tout se vend

À condition de louer le trottoir.

… Et ainsi toute conversation

Tenue sous les palettes tendues de toile.

« Moi j’ai pas de bagnole alors je m’en fous…

— Tu t’en foutrais pas si tu savais !

— Si je savais je serais pas ici…

— On peut pas tout savoir »

Dit enfin un vieillard chenu

A la barbe fleurie.

 

Je veux bien vendre un poème ou deux…

Histoire de manger autre chose que mon capital.

Dans la mêlée on ne sait plus

Pourquoi on est venu se faire insulter

Par un putain de président !

De toute façon il y a de quoi bouffer

(femmes au fourneau)

Et même de quoi boire !

Qu’est-ce que je fous ici ?

Ce n’est pas ma place mais j’y suis.

J’habite sur cette terre

Qui est à tout le monde

Et surtout au migrant !

 

Un chien dans le fossé

Reniflant des restes de poésie

Le voilà charmé et prêt à tout

Pour en faire autant !

 

Un seul chien pour donner un sens

À ces circularités passagères.

 

Pas difficile de me déchiffrer.

J’ai un bison séminole à la place du cœur.

Je n’habite pas où je demeure.

 

Tout ça sur un coup de tête

Donné dans la conversation.

I’m against it  ! Anything !

Anarchisme sentimental.

Comme si ça pouvait exister !

 

Petits bourgeois du travail.

Les uns contre les autres

Car il vaut mieux obéir

Que de chômer. Anything.

 

Alors comme ça ça vous amuse !

Élection piège à cons et tutti quanti !

Bibliopôle à l’horizon XXII

On ne pensera plus rien de moi…

Mais j’en ai déjà marre

Qu’on me prenne pour ce que je ne suis pas !

 

Flâneur des deux rives… glanant

Dans les journaux où Marie Roget

Fait la Une — Anything but

 

A cool of books

will sometimes lead the mind to libraries

of a hot afternoon, if books can be found

cool to the sense to lead the mind away.

 

« Je veux y aller ! Maintenant

Je suis avec vous ! Ni pédant ni salaud !

Ah ! Quelle foutaise la philosophie !

— Et la poésie donc ! »

 

Jiggs devant la vitrine

« C’est fou ce qu’on peut désirer

Quand on se laisse aller ! »

En ordre jusque devant la porte

Et ensuite dites ce que vous voulez

Il y aura toujours quelqu’un

Pour vous la faire fermer !

 

La porte ? Ma gueule ? Qui

Êtes-vous le cul en rond

Comme les gamins d’Arthur ?

Vous n’avez pas tout réussi…

Laissez les pauvres se démerder sans vous !

 

Et vous dites que c’est de la poésie, ça ?

Tout ce qui ne chante pas n’en est pas !

Allons enfants de la patrie !

Notre drapeau est bleu blanc rouge !

Bleu comme le ciel d’été !

Blanc comme la neige en hiver !

Rouge comme le sang versé !

Poésie du triomphe et de la charogne…

 

Qu’est-ce que j’y fous… ? J’en sais rien.

La curiosité… le désir d’en avoir moi aussi…

On ne sait jamais… les miettes d’un repas

Partagé de force avec l’État…

Anything but all ! Anybody else but you !

Ne jamais plaisanter avec un type

Qui veut tout changer sans violence…

 

J’y fous ce que j’y fous… Je suis ce que…

Bison séminole… trottant vers le lieu

De son supplice rituel et bon à manger.

Péter la vitrine où se regarde le monde

Peut-il être considéré comme un crime ?

On ne le saura jamais sans jurisprudence.

 

Flâneur. Anything. J’y fous ce que…

Même le chien me comprend.

Pourquoi pas vous ? Destructeurs

Dit le Code du marketing.

Vos enfants vous ressemblent :

Égoïstes, soit : jaloux et hypocrites.

Le mépris n’est pas loin,

Tapi dans les poches que

Le flic visite comme s’il y était chez lui.

Rencontre de bonnets blancs,

Chacun estimant que la société

Peut se passer d’idéal politique

Et de mort violente. Anything !

 

Moi, j’ai la chanson et le poème…

Je chante et je dis tout.

Avec tout et sans rien.

Mais qu’est-ce que vous foutez !

Vieillards d’angoisse et filles perdues.

Paumés du travail et hypocrites de l’entreprise !

Ma guitare est sommaire… dit Bobby.

 

Et ainsi sur le chemin

Caminante no hay camino

Mon chien connaît-il l’ennui

Ou seulement l’angoisse… ?

Vos enfants le caressent-ils

Pour tenter d’en posséder le sens ?

Achetez au meilleur prix

Le moment de détente.

Et enseignez comment faire

À ceux qui le savent déjà.

 

Quelle ode ! Quelle attente !

Les collections de poésie

Ne sont même plus écrites

Par des poètes ! Anything.

Ramassis de bonnes intentions hypocrites

Et de pédanteries plus ou moins salopes.

Mais a-t-on le choix dès qu’on met

Le nez dehors pour trouver

Quelqu’un d’autre que soi ?

 

Mon chien dans le fossé sous les palettes

À l’abri du mauvais temps

Et des coups de pied.

L’os dans la gueule

Et l’œil encore en Enfer.

La pauvrette disparaîtra

Dans le néant des poésies amères

Creusée à même le plancher des vaches.

 

Vous n’aurez pas l’arcane et le bas d’laine !

Pas tant que le système des coïncidences

Qui soutient le monde et ses créatures

Ne figurera pas en lieu et place

De vos grands hommes à reconnaître

Sous peine de passer pour un aguafiesta.

 

Passant comme celui-ci

À proximité des lieux

Où la révolte qualifiée de sédition

Avoue être prête à se contenter

D’un séjour au Paradis

Avant même de le mériter

Ou de s’en passer si c’est l’heure.

 

Chien aux trousses mais charmé

« d’entendre de si justes propos »

Besognant comme pas un sur le dos

D’un canasson de fête foraine

Et se passant même d’un abreuvoir

À sentences toutes plus insensées

Que la plus sinistre des chansons à boire !

 

Qui suis-je si je ne suis rien pour vous ?

Si vous ne pensez rien de moi…

Si vous ne me cherchez pas

À l’endroit même où je me trouve ?

[...suite]

 

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