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Histoire de Jehan Babelin (61)
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 Article publié le 24 mars 2019.

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***

 

Voilà comment on redevient enfant.

Le chien n’aboie plus.

Il devient homme.

L’homme est devenu femme.

Je joue à la baballe

Dans le jardin

Qui m’a vu naître.

Les oiseaux secouent leurs plumes.

L’arbre prend le vent

Sur la mer de gazon.

La clôture à angle droit

Perle tous les matins

Et sa la pluie déchante.

On a de bons voisins,

Des jardiniers en fleurs

Et en légumes pour la soupe.

Un jour je rêve de devenir poète,

Un autre et je n’écris plus rien

Ni pour les yeux

De celle qui m’enchante,

Ni sur le fil

De l’actualité.

Je suis ce que je suis

Quand je ne suis plus

Ce que je devrais être.

Et pourtant j’ai été.

Homme, femme et enfant,

Les voyages m’ont connu

Plus observateur qu’un nuage

Passant comme un promeneur

Dans les bleus et les jaunes

Du ciel tapisserie.

Je m’angoisse dans la joie

Et j’épie des moments.

Je rutile comme un sou neuf

Dans le mouchoir des jeunes filles en fleurs.

Je m’enivre pour un rien.

J’arrache des pétales

Aux insectes masturbateurs.

Ruisseaux des larmes approximatives.

L’hiver comme l’été,

Des voix se font entendre

Dans les murs des mes passions.

J’écoute leurs refrains.

Je mange leur pain.

Je bois à la source même

De l’inspiration en forme

De robe d’été, transparences.

Je sais ce que c’est, la poésie.

Un jour, je ne le saurais plus.

Il faut vivre avec cette sentence

Prononcée une bonne fois pour toutes

Sur l’autel des saveurs.

 

Le chien me suivait.

Elle allait devant,

Cueillant les fleurs des talus

Et arrachant aux arbres

Des plumes encrassées.

D’autres enfants se balançaient

Comme des pendus

Aux charpentes nues des ruines.

Ça sentait la mort à plein nez.

Et la télé rapportait des lointains

Impossibles à nommer

Sans adhérer aux théories

Des uns et des autres.

Un jour tu deviendras

Ce que j’ai été avant toi.

Pleure maintenant avant

D’en rire avec les autres.

 

Sables d’or des rivages,

Gras sillons des campagnes,

Sommets des parachutistes,

Chemin des croisées aux statues,

Grottes trouant les verticalités,

Rature infinie de l’horizon.

Je n’allais nulle part avec eux.

Mon corps rapetissait en sourdine,

Os étirés jusqu’à la douleur.

Je vénérais mes mains d’argent

Sur la guitare pourtant muette.

L’Alhambra gémissait dans l’ongle.

Pas de peur, pas de fuites éperdues.

Rien que la lenteur des choses

Qui ne veulent pas dire leur nom.

Un monde réduit au silence d’or.

Pas même de curiosité

Pour ce qui est ou n’est pas.

Aucune recherche sous terre,

Pas de puits s’obscurcissant.

Rien que le ralentissement

Des parallèles et des courbures.

Des chocs sans conséquences,

Un chœur passant dans la rue

Aux trompettes du bonheur.

Des robes voletant aux crochets

Des murs mourant d’animaux.

Des titans revenaient visiter

Leur ancienne propriété.

Portails gémissant des retours,

Chronologie aux personnages

Blessés par le cours de l’Histoire.

La fille aimait d’amour

Le père aventurier.

Croissance des taureaux

Entre les fleuves parallèles.

Je ne saisissais pas le sens

D’une pareille aventure

Au pays des métamorphoses.

Qui a cueilli cette fleur

Au lieu de l’arracher ?

 

 

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