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Article publié le 24 mars 2019. oOo
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Voilà comment on redevient enfant. Le chien n’aboie plus. Il devient homme. L’homme est devenu femme. Je joue à la baballe Dans le jardin Qui m’a vu naître. Les oiseaux secouent leurs plumes. L’arbre prend le vent Sur la mer de gazon. La clôture à angle droit Perle tous les matins Et sa la pluie déchante. On a de bons voisins, Des jardiniers en fleurs Et en légumes pour la soupe. Un jour je rêve de devenir poète, Un autre et je n’écris plus rien Ni pour les yeux De celle qui m’enchante, Ni sur le fil De l’actualité. Je suis ce que je suis Quand je ne suis plus Ce que je devrais être. Et pourtant j’ai été. Homme, femme et enfant, Les voyages m’ont connu Plus observateur qu’un nuage Passant comme un promeneur Dans les bleus et les jaunes Du ciel tapisserie. Je m’angoisse dans la joie Et j’épie des moments. Je rutile comme un sou neuf Dans le mouchoir des jeunes filles en fleurs. Je m’enivre pour un rien. J’arrache des pétales Aux insectes masturbateurs. Ruisseaux des larmes approximatives. L’hiver comme l’été, Des voix se font entendre Dans les murs des mes passions. J’écoute leurs refrains. Je mange leur pain. Je bois à la source même De l’inspiration en forme De robe d’été, transparences. Je sais ce que c’est, la poésie. Un jour, je ne le saurais plus. Il faut vivre avec cette sentence Prononcée une bonne fois pour toutes Sur l’autel des saveurs.
Le chien me suivait. Elle allait devant, Cueillant les fleurs des talus Et arrachant aux arbres Des plumes encrassées. D’autres enfants se balançaient Comme des pendus Aux charpentes nues des ruines. Ça sentait la mort à plein nez. Et la télé rapportait des lointains Impossibles à nommer Sans adhérer aux théories Des uns et des autres. Un jour tu deviendras Ce que j’ai été avant toi. Pleure maintenant avant D’en rire avec les autres.
Sables d’or des rivages, Gras sillons des campagnes, Sommets des parachutistes, Chemin des croisées aux statues, Grottes trouant les verticalités, Rature infinie de l’horizon. Je n’allais nulle part avec eux. Mon corps rapetissait en sourdine, Os étirés jusqu’à la douleur. Je vénérais mes mains d’argent Sur la guitare pourtant muette. L’Alhambra gémissait dans l’ongle. Pas de peur, pas de fuites éperdues. Rien que la lenteur des choses Qui ne veulent pas dire leur nom. Un monde réduit au silence d’or. Pas même de curiosité Pour ce qui est ou n’est pas. Aucune recherche sous terre, Pas de puits s’obscurcissant. Rien que le ralentissement Des parallèles et des courbures. Des chocs sans conséquences, Un chœur passant dans la rue Aux trompettes du bonheur. Des robes voletant aux crochets Des murs mourant d’animaux. Des titans revenaient visiter Leur ancienne propriété. Portails gémissant des retours, Chronologie aux personnages Blessés par le cours de l’Histoire. La fille aimait d’amour Le père aventurier. Croissance des taureaux Entre les fleuves parallèles. Je ne saisissais pas le sens D’une pareille aventure Au pays des métamorphoses. Qui a cueilli cette fleur Au lieu de l’arracher ?
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