De prime abord intimidante, l’idée se fit bien vite persistante. Allègrement, elle forait dans tous les recoins du cerveau volubile, recouvrait tout à la manière volubile d’une ipomée bleue.

Une image mouvante y germa, puis une scène toute entière s’y déploya.

Intim’idée, disait l’amie qui lui avait soufflé ce jeu de mot dans l’intimité de son souffle.

Mot prend son envol.

Du poème l’idylle.

Quatre à quatre monter l’escalier jusqu’au grenier.

Essoufflé pousser la porte grinçante, émerveillé voir la poussière danser dans la lumière douce de la lucarne.

Tout y respire le calme. Seule la poussière ne connaît aucun repos, toujours s’agite en un mouvement brownien ininterrompu.

Particules en suspension révèlent la lumière qui révèle les innombrables particules pensives. 

Sur le sol, dans le trait de lumière, tiens, une mandoline.

Deux cordes subsistent, désaccordées, oui, bien entendu.

Le galbe de la mandorle est d’un brun acajou d’une intense douceur. Aucune figure sacrée n’y gîte ni ne s’y agite.

Amande douce jadis musicale, aigrelette, cordes pincées, pizzicato qui évoque si bien quelque gallinacé en train de picorer en toute quiétude le sol dur.

J’y égrène les sons qui me viennent d’elle.

Caresses, pluie d’étoiles.

Déferlante lente.

Jubilation.

Bref coup d’œil à travers la lucarne.

Un mince filet de ciel me reluque.

Impossible de retoucher l’image, elle est émouvante dans sa perfection formelle, son absence de brillant, loin qu’elle est de toute recherche esthétique. Elle émeut l’enfant que je suis encore au moment où je la vie et la vois sous le toit de la maison familiale.

De là me vint peu après le goût immodéré de retourner la terre dans le grand jardin en tutoyant le ciel.

Jean-Michel Guyot

8 octobre 2019