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Seriatim 2 - [in "Seriatim"]
Seriatim 2 - Un silence de vaguelettes et le frou-frou des voiles (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 25 octobre 2020. oOo Un silence de vaguelettes et le frou-frou des voiles. Quel homme mettant pied à terre après le périple Ne cherche pas des yeux la silhouette humaine ? Même en arme contre l’îlien à la peau chromée. Arc-en-ciel des cérémonies que la mort décrète. Échanges sous la houlette des dieux de la guerre. Nulle contrainte en religion / le cuir de ses bottes Retrouve sa souplesse / des algues inconnues En guise de peuplement / recevait les éclairs De soleil de son épée / l’archer aux aguets Dans son dos / la ligne d’arbres frémissait Au vent / du bois mort pour le premier feu À terre / une tortue encore vivante aux fers / « je suis l’ennemi si je ne suis pas bienvenu » / d’autres slogans dans le blog en réseau / « je suis venu » mais personne ne le croira / on ne « vient » pas ici / aucune croisée En vue / l’interminable encerclement des eaux Tranquilles sous le vent / pas une trace D’existence / ni animale ni humaine / Fragments d’une archéologie à inventer / il se penche pour ramasser, observe Dans la lumière déjà oblique / décide Malgré lui : le soleil le presse, la nuit En transe comme le fretin / l’eau ciselée Par ces rayons jaunes bleuis de vert / « qui suis-je si mon nom ne figure pas dans vos tablettes ? » / essaie l’écriture, Imite le bruit, se laisse harponner par L’horizon / fuites devant les tentations Publicitaires et les promesses d’élection / l’équipage sur le pont et dans le canot / la foison des personnages rencontrés Par habitude ou par hasard, par calcul Souvent / de quelle alacrité nourrit-il Son écran partagé ? / une montagne Propose ses laves ou ses neiges, son Animal de foire, ses ex-voto de pluie Et de soleil / « si je reviens » / sans dieux À la clé / condamné à l’aléatoire des jeux De rôles / il examine le nouveau coquillage Et Pagure le dévisage sans agiter ses mandibules / Molly se contorsionne en imaginant la douleur / « es-tu… vivant… ? » / l’autre s’évertuait Dans la pente d’un rocher, fuyant les lieux Ou simplement tout entier à l’acte qu’il vient De commettre / le sable glougloute en dessous / « si tu n’étais pas un enfant » / à la voltige Des cirques de passage / quelle vitesse acquise Dans la chute ? / « torche ta gueule si tu veux pas Devenir aussi malheureux que moi » / l’ivresse Gagne du terrain / « je veux ta coquille » / Ulysse Y perd son latin / « à la fin nous serons les morts et eux les vivants » / écarte des lianes ou des rideaux : la profondeur annonce des complexités jalouses / les poivrots de la poésie chahutent les tapis Où tout se joue / « qui perd gagne » / extases Salutaires pour les uns et déception que les autres Rejouent sans se soucier de l’endettement / Ulysse Voit un cheval et imagine la suite / « c’est toujours Comme ça que ça se passe » / nymphomanies en prime À l’âge des pommes d’amour / « sur scène je jubile » / granite près à l’emploi : s’y fracasse l’échine d’un canot / « nous sommes venus » / mais invisiblement c’est : Autre chose qui se prépare / « tu n’en verras pas le bout » / île ou pas : le golfe s’achève dans l’inconnu / Buveurs émérites sans alchimie en tête / ni douleur Ni paysages des sfumatos / poésie viciée par cette idée De joie qui appartient à l’ouvrier et à ses commanditaires / « rien de plus » / au-delà de ce simple mur un autre mur Et ainsi à l’infini pour expliquer la mort / on les voit Se couvrir de fleurs à fruits saisonniers / mais Pagure N’insiste pas : il sort dans la rue et « se croit en enfer » / « je suis venu seul » : histoire de ne pas inquiéter Le jeune esprit qui habite ce corps de rêve / dissimule Sa poupée / « la mer était d’huile et la terre nous parut accueillante mais : nous savons depuis longtemps que l’Homme est partout alors que Dieu n’est nulle part » Seul il arpente ce dédale en érosion constante / La mer a beau tenter De tranquilliser les esprits On sait depuis longtemps Que l’Homme n’est jamais loin.
Les noyeurs de poissons ne s’en nourrissent pas.
Amusez l’esprit et il vous le rendra. « nous ne sommes jamais venus ici » Pourtant Molly sur sa serviette couchée Donne des leçons à qui ne conçoit pas L’invitation comme une promesse de joie En bouteille / ces poètes de la pincette Introduite par le goulot en vue d’une île / « tout ce temps passé à ne rien faire » En boutique nous les retrouvons avec D’autres marionnettes du Pouvoir / La marchande ne vend que son apparence / « puisque vous êtes venus » minaude-t-elle / « nous sommes là » / comme cette peau Qui a appartenu à un royal et fier animal / « ces chasses ! vous souvenez-vous de ? » Entre deux verres la tentative d’éjaculation / poète de l’Ordre et de la Joie : ennemis Jurés / « où as-tu déniché cette coquille vide ? / — Je jouais avec ma bouée en chambre à air quand soudain » / cette île Inattendue à cette heure et surtout en cette Saison : une mer d’huile ou je me trompe… Un silence d’écume et de parois : des vitres De méduse et le granite oblique peuplé D’autres races que la mienne / j’étais « vous étiez seul / on vous enferme des fois / en attente de jugement / ensuite la nature à traverser comme un livre nouveau / des choix à jouer / comme s’il était possible de se tromper de chemin alors que la carte est claire / l’observation satellitaire garantit l’universalité des impressions / veuillez attendre avec les autres : là / où vous êtes / seul malgré les noms de rue et les affiches des spectacles »
« monsieur Pagure n’habite plus là monsieur — pourtant… la dernière fois que… il habitait Là… — il reviendra : il l’a promis »
La plage est circulaire Comme la folie.
Cher hilh, je ne suis plus citoyen de ce pays. J’ai laissé parler mon cœur. Tu devrais en faire autant. Mais je sais que là où tu es, le cœur ne commande plus : l’esprit réclame sa part de bonheur, ce qui complique la perception du temps. Je suis tombé sur une colonie de pagures qui m’ont invité à partager leurs mœurs. Mais j’ai perdu mon sens de la curiosité. Je ne veux vexer personne ici. Je me saoule en cachette. Sinon j’accepte ces griseries comme femme en Champagne. Je refais le chemin plusieurs fois par jour. La mer est d’huile en ce moment. On entend les frémissements de l’eau, les froissements incessants des branches, le murmure de ces habitants qui ne possèdent pas leur terre. J’ai acheté un parasol que le vent emporte quelquefois. Ton pair.
« Un pied après l’autre, monsieur » Gare à l’oursin jaloux et hypocrite ! Nous regardons à la télé les spectacles De la souffrance humaine et de ses Petits enfants qui perdent ainsi leur Innocence / la joie de posséder Ne dure pas aussi longtemps que Que les scénarios du désenchantement. « ce pied-LÀ et ensuite l’autre, monsieur » Un chat sautille devant sa proie de laine. « prenez exemple sur votre voisin de lit » Nous sauvons les meubles Mais pas la maison / Sans la joie d’appartenir Nous ne possédons pas. « exercez votre pied monsieur qui marchez sur les oursins jaloux et hypocrites / les nôtres » Le chat a perdu la tête / La vitre aime la pluie / « un rideau sans soleil, monsieur qui marchez, c’est comme la peau sans une autre peau, vous comprenez ? alors pas les deux pieds à la fois, l’un ici puis l’autre là / suivez le guide vous aussi, pèlerins des joyeux équipages » Elle doit aimer la pluie : elle chante avec elle. Le chat devient hystérique, coquilles vides Des rivages, ces pas de partitions faussées Par le métronome des jours, aime la pluie Et les orages qui disputent le ciel au soleil. « marchez mais pas là, monsieur » Les arbres sont des étoiles / Les montagnes des volcans endormis pour l’instant / « vous connaissez la limite comme nous » Nous naissons avec les fées Puis nous les emportons avec nous. « je vous ai dit de marcher là : avec moi : ensemble : mais quelle langue est la vôtre ? » Je ne sais plus ce qu’il était question de découvrir.
Je ne sais pas si tu as raison de la quitter. Je l’ai oubliée. Ce n’est pas la même chose, tu en conviendras. Et puis je n’ai rien quitté. Je mesure ma situation à l’aulne de ces murs. Ici, l’ermite va nu. Pas besoin d’attendre que d’autres meurent. Pas de cimetières de boîtes vides. Même les livres s’en vont sans laisser de traces. Si j’avais un écran pour refléter le monde à ma manière, je ne dirais rien d’elle. Je ne chercherai pas à retrouver ce temps. Je te conseille de revenir. Ton hilh.
« marchez donc sans vous dandiner ! » L’ombrelle me disait le contraire / Funambule des parapets que la vague Éreinte aux solstices / « venez par ici » Au-delà des premiers feuillages, d’autres Raisons de s’obstiner, sans cette idée D’ivresse à gagner sur le temps en cours. « voyez comme vous y arrivez maintenant ! » De l’enfance planctonique à l’ère benthique. Bouche ouverte de l’enfant langue dehors. Les dents serrées de l’alchimiste en vogue Verbale ou printanière / « ça c’est un oursin » Guibole des phrases sous le ventre lourd Des titres / « vous recommencez allons ! »
Il prévoyait une fin en crucifixion et en ville. Quelle joie pallie le mal qu’on se fait la nuit ? « vous n’écoutez pas ce qu’on vous dit depuis que le monde est monde »
Écouter le coquillage Avant que l’ermite nu N’y retrouve sa joie Et son herméneutique.
Le monde n’est pas le monde. L’homme n’est pas l’homme Et Dieu vit dans un miroir.
Cercueil n’a pas de fleurs À la place de ses dentelles.
La mer est un drap sale Depuis que la pluie pleut.
Le Soleil une éponge bleue Et la Terre un jaune principe. Où est le rouge dans tout ça ?
codicille « monsieur marchez où on vous dit ! C’est nous qui savons de longue date. Cette île appartient à l’Humanité, Pas à l’homme que vous prétendez être. Laissez les coquilles à leurs ermites Et les peuples à leur place / marchez Sur nos traces : et faites des enfants. C’est facile avec les éprouvettes. Voici mon épaule et mes désirs. Mais gare à l’oursin jaloux et hypocrite ! »
N’ont-ils pas égaré les pieds de Jules Verne Dans le naufrage du Titanic ?
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