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Seriatim 3 - [in "Seriatim"]
Seriatim 3 - Nous sommes faits pour nous entendre... (Patrick Cintas)
[E-mail] Article publié le 6 décembre 2020. oOo Blanco sort de derrière le buffet. BLANCO Il ne me voit pas. RÍO Mais je l’ai entendu. BLANCO Heureusement ! parce que je suis nu. RÍO Nous sommes faits pour nous entendre. Voyez les bonnes confitures ! Cerise Du jardin. Figues. Sureau. Étiquettes Soigneusement calligraphiées. Ô enfant Que je suis ! J’en frissonne chaque matin En enfonçant le drap. Avez-vous été marié ? Faites-le au moins une fois dans votre vie. Quelle poésie n’aime pas ça ? Je l’entends Qui fait grincer les portes du buffet. La clé Est dans ma poche, mais il ne le sait pas. Jadis, j’avais une armoire. Pleine de lin Et de fleurs séchées. Pratique de l’amidon Dans le texte. Devant la justice, sauvez Votre peau en prétextant un désir de morale Parfaitement conforme à ce qu’on attend De la littérature et de son bourgeois. Voyez Pinard, Deuxième porte à gauche au premier. Ne vous Trompez pas. Et repassez dans le couloir feutré L’argumentaire moraliste conçu par votre con Seiller. Vous ne reviendrez pas de sitôt, peut-être Même jamais. Il n’y a qu’une Bovary. Ensuite, on Se perd dans les détails qui rendent fou mais qui Réduisent la critique à une leçon de choses. Ainsi Va la poésie, du cœur à l’ouvrage, et de l’ouvrage À la pratique commerciale qui accompagne l’ami Libraire, ô églises des pas de portes ouvertes !
« Veuillez décrotter vos godasses avant De mettre les pieds chez moi ! » Or, l’ami, Ce sont mes croquenots que je vends, avec La crasse des rues et des chemins, au bord Des rivières poissonneuses à souhait et sous Les arbres qui poussent sur l’horizon comme Les fruits sur la branche. D’Iliade en Odyssée, Le fil à rompre ou à Tisser avec les autres. « Rêvez si vous voulez endurer. J’ai là une solution à tous les maux Qui limitent la jouissance en vacances. Dites-moi un nombre, même à un chiffre, Et je vous ouvre la moindre porte fermée. Rêvez même en travaillant au Bien commun Et au Mal réservé aux élus. J’ai un fils Alors que je voulais une fille. Née du cul. Si ! Si ! C’est possible ! N’oubliez pas le Guide. »
Queues dressées des athlètes Et ventre mou des avocats / Nous sommes jugés par l’homme. Pour le dieu, tintin ! Allez faire Un tour sur l’île et vous serez fixé Sur la probabilité de ne pas saigner Avant de mourir. « Comme j’ai raison De vous inviter À partager avec moi Et mes enfants Le pain quotidien Et le vin de saison ! » Quelle douleur quand c’est fini ! Rêve Cisaillé aux entournures. Sous prétexte D’amour. Et d’esthétique recherchée À force d’y mettre du sien. Comme La Ville est reposante ! Ces relents De caoutchouc synthétique. Vomi Des trajectoires paraboliques de l’être Au travail de son existence. Avocats Pour vous sauver. Et juge en prime. Suant du con sous la soutane répu Républicaine. Un porteur de croix Croise mes sentes en fuite, joyeux Comme l’enfant que je n’ai pas été. Ne riez pas quand je vous pose la Question ! Mais votre conversation préfère La rime et le rythme.
Qui ne trahit pas son voisin En vérifiant si la clôture est Conforme aux dispositions Municipales ? Trompettes Au derrière ! Saluez le maire ! Car en lui vous avez élu Le représentant de l’État. Bornes topographiques Sous le gazon frais des soirs À odeur de barbecue éteint. Soumettez à la musique Tout ce qui vous vient À l’esprit et vous verrez À quel point j’ai raison !
Aussi vrai que la paille craint le tesson.
Je vois, j’entends, je pense Comme le césar aux frontières.
« Exigez la facture Et payez cash ! »
Tombée du ciel Cette pluie oblique. Ou de ta bouche.
« La boîte de vitesse est d’une douceur Et d’une précision ! Vous m’en direz Des nouvelles Avant Noël ! » Les tiroirs contiennent d’autres souvenirs. Blanco ouvre et fouille. « Vous aimerez le moelleux des sièges. Du pur plaisir à renouveler chaque matin Et même chaque soir. Caressez-moi ce cuir !
L’immense crasse laissée par l’humanité. Bus universel en série disponible gratos. Vous lirez tout ou rien selon degré.
Je vous emmène au bout du monde Pour y crever de joie dans le bonheur Partagé avec la clientèle. Suivez-moi !
Ces cités ! Ces fleuves ! Ces rues Commerçantes ! Ces discours aux Animaux ! Ces possibilités infinies !
Comment ne pas oser tromper Son voisin sur la position des bornes ? Sous le gazon frais, le métal des limites.
Vendez-leur de la merde et partez en vacances ! »
Promène son miroir et se perd En chemin, car le chien a perdu Son légendaire odorat. Pourquoi ? Alors s’enivre avec son avocat. Paye les flacons et la sebsi, honnête. Vaporisant les vieux rêves toujours Redits. Entre le souci de perfection Et le besoin de pureté. Le génie Ne compte pas les jours. Grincement Du volet au matin. « C’est toi ? » Non, c’est moi.
Pas de profondeur sans ivresse. BLANCO (fouillant dans un tiroir) Il a raison. RÍO J’ai toujours aimé le spectacle De l’homme (quel que soit son Âge) qui farfouille dans les tiroirs. Le voici plus enfant que l’enfant. Perquisition ou recherche, peu Importe ce qui motive son labeur. Vite ! Un smartphone pour im Mortaliser ! Sinon qui m’aimera ? BLANCO Il a raison. RÍO Ce qu’il faut ajouter au dictionnaire Pour lui donner un sens. Creuse encore. Fouille encore l’Histoire et les Mythologies. Feuillette les journaux, écume les bibliothèques. Rencontre les contemporains, petits et grands. Pose la question aux enfants, aux plus que morts. Chaque matin en ouvrant sa fenêtre voisine. Descends dans le jardin mouillé par la pluie. Fends l’air avec son auto, arrive à l’heure. Découpe les magazines, colle les lettres, Relis, oublie, demande sa voix au désir. Et comme en neige sur les poutres à nue, Se dépose la crasse des jours et les visions Des nuits et du voyage.
« Si nous allions au cimetière ? Aujourd’hui c’est jour de repos. Mais il pleut et la plage est loin. N’ouvrons pas la fenêtre et sortons. Il n’y a rien de plus beau qu’un cimetière Sous la pluie, sur le gravier mesurant Nos pas, étreignant le bouquet dans Sa transparence plastique, viens ! »
Trottinantes voisines au seuil Sur les marches ruisselantes Évoquant une fois de plus Ce que nous avons été pour elles.
Quelle hâte ce matin ! BLANCO Heureusement, ce n’est pas jour de marché ! RÍO Nous aimons nous revoir, Quelles que soient les circonstances. Nous avons voyagé ensemble si longtemps ! « Je vous ai écrit une lettre anonyme Avec les mots de Flaubert. » BLANCO Pas lu, pas pris ! Il sort avec des « choses » dans les mains. RÍO Ne jouons plus s’il fait noir. Laissons le silence approximatif Former la houle du voyage. Il sort, oubliant pourquoi il était venu. VOIX Au pluriel « As-tu acheté le journal ? » Les beaux titres à découper ! Les sens à changer de sens ! Avant j’étais enfant, et vous ? Je n’ai pas connu mes parents. Il y a eu cette histoire, à côté : La voisine morte à cause d’un couteau. « Non, mais j’ai acheté le pain. » Les temps sont durs et la vie molle. Ce que j’ai vu dans le ciel lors De mon dernier voyage au bout Du monde visible : Je vous raconte ? Qui est-ce ? Le connaissons-nous de tous temps ? « Pas la bonne Date ! » La voisine qui mordait ? Au lieu de dire La vérité ? « Un ou deux sucres ? Je ne me rappelle Jamais. » Le temps passé à planifier. Rythmes et allitérations. « Encore un qui ne vieillira Pas ! » Tu veux parler du Séminole. Et de son bison. « Où est le théâtre d’où Nous procédons ? »
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