Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
Navigation
Les textes publiés dans les Goruriennes sont souvent extraits des livres du catalogue : brochés et ebooks chez Amazon.fr + Lecture intégrale en ligne gratuite sur le site www.patrickcintas.fr
Seriatim 3 - [in "Seriatim"]
Seriatim 3 - La pince à démonter les roues... (Patrick Cintas)

[E-mail]
 Article publié le 13 décembre 2020.

oOo

Changement de rythme. Entre le chœur.

Veut voir ce qui se cache dessous.

(se passe)

CORYPHÉE

La pince à démonter les roues.

Jette sa ligne parmi les éperlans.

L’autre prépare le feu de bois

Flotté, l’algue crissant dans ses mains.

« Il y a longtemps que vous vivez ici ?

Je vous pose la question

Parce que je ne m’y fais pas. »

Les thoniers en partance dans la houle

De la marée montante.

Dans quelle ville finiras-tu tes jours ?

De quelles nuits se nourrira-t-elle,

Si c’est elle ?

« Aucune idée ne me vient à l’esprit

Au moment où je pétris l’appât, et

Vous ? »

L’estuaire refoulant les cadavres

Descendus de la montagne, nus

Jusqu’à la ceinture, celui que le père

* a trouvé dans le gué, existence

Vouée à l’échec, sans femme ni

Enfant, descendant au gré de l’eau,

Dépossédé et finalement mort.

 

(Il la prend par la taille et lui explique

Comment il en est arrivé là : diplômé

Par le gouvernement au prix de sa foi.)

 

« De quelle poésie me parlez-vous ?

Avant de vous rencontrer (par hasard :

découverte de la pureté)

J’étais une fille comme les autres, douce

Comme une fourrure, instruite au fil du

Récit.

On entend toujours les voix, mais indistinctement.

Ou  :

— C’est ça, Nera : raconte-moi ton histoire.

 

C’est en escaladant la montagne

Qu’on se rapproche du ciel.

Partant de mon village, le ciel

À portée de l’intelligence.

 

Voilà comment j’explique le muscle.

Parmi les aiguilles encore vertes,

Mes pas en ascension constante.

Le jour viendra, mais il fait nuit.

 

Le cœur aime les rythmes imposés

Par les sinuosités de la roche encore

En fusion : voici le temps d’aimer.

Sur la table de vieux chêne : la promesse.

 

Mais toujours à la même altitude,

La rencontre du visage et du temps.

Facile de désigner l’endroit exact

Où tout ceci doit se terminer un jour.

 

Cours encore et reviens toujours !

La fenêtre entre rideau et volet.

Le seuil marqué par la dureté du granit.

À l’endroit même où tu pleurais.

 

Quelle ode composer en souvenir ?

À la ville je ne suis que de passage.

Mais tu sais qui je suis et tu me veux !

Là-haut, j’irai pour te fuir et t’aimer. »

Après cette émotion, le coryphée se reprend.

Où sont-ils passés ces deux-là ?

Au moment où je la fais venir

Par la seule puissance de ma voix !

Ého !

Répondez si vous existez toujours.

Je ne tiens pas ici-bas à porter

Les fruits de mon imagination !

Ého !

Des lunes que je vous attends.

J’en ai le cœur malade à force

De me rapprocher du ciel.

Ého !

Mais je me donne en spectacle

Peut-être pour rien, pour la gloire.

Supprimez les contenus et vivez !

Écoutant.

Non… Rien… Le fleuve sépare les pays.

Cette sensation de traverser un mur.

D’un côté ce qui est blanc est noir

Et de l’autre ce qui est noir est blanc.

Je serais mieux ailleurs,

chez moi par exemple.

Mais c’est ici que je suis, avec le chœur

Figuré par ces draps pendus à un fil.

Il traverse les draps plusieurs fois, bras en croix.

(criant comme un enfant)

Imitez-moi si vous pouvez !

Mais je ne le veux pas. Je veux

Être « elle » / vous ne comprenez

Pas / comment / pourquoi / et

Je me prends pour l’enfant que

Je n’ai jamais été : papier blanc

Des attentes : imitez l’horizon

Pour ne pas devenir dingues !

Battler Britton vous découragera !

S’immobilise et rejoue.

(voix de fausset)

Imite donc un peu les cris de la plage !

La friture de l’écume et le crabe réduit au silence.

De quelle montagne me parlais-tu ?

Dans quelle langue qui n’était pas la mienne ?

Nera que je me suis mis à adorer

Pour ne pas manquer à la prière.

(guttural)

Revenez, vous deux les deux idiots !

(reprenant)

Hum… peut-être la mer un jour de raz.

La baie qui change de couleur

Et les conversations savantes sur le parapet

Du pont international, mouettes sans boussoles.

(guttural)

Revenez, vous deux les deux idiots !

Caresse les draps.

Vous ne chanterez jamais, pas un mot !

Décor trop sommaire.

Il y dessine des visages enfantins.

Hier, alors que je revenais du temps,

Je les voyais de loin, comme personnages

En attente de mon retour, et j’ai dessiné

Ces visages disant :

Je suis un enfant.

Ne me violez pas.

J’ai la parole nue

Et le verbe accessoire.

Recevez etc. etc.

 

« Achetez mes bibelots, j’ai des enfants à nourrir ! »

Le malheur avant même l’enfer des autres / table

Où figure le bien en vue / dans la chambre à coucher

 : les jouets en vrac : les saisons ratées de peu : lettre

Morte : avant soupçon : achetez mes constructions

Érotiques : sur le rebord de la fenêtre, au-dessus

De la rue en manque : des géraniums malades :

« De qui sont-ils ? » / « Comme si je le savais ! »

L’existence fait de vous un pantin articulé mais

Raison d’aller plus loin : « Recevez mes etc. etc. »

« Je ne sais pas qui vous êtes mais je n’ai jamais su

Enfanter sans crier au moins un peu : hypothermie.

 » / Voilà ce que je sais etc. etc. / montrait du doigt

La montagne imaginaire au-dessus des toits voisins.

Dit : je fus réveillé par le cri (strident) d’un enfant.

Raison : doigt coincé dans la porte des chiottes.

« Comment t’as fait ? » / En bas, les tarifs tant

Du plaisir sexuel que de la jouissance artificielle

 : au feutre doré à l’or fin : cette existence foutue

D’avance : « Vous n’arriverez jamais à rien, surtout

Pas à grimper aussi haut : » Hiérarchie faussée par

La parenté, l’histoire tribale, la tectonique, Dieu

Lui-même : armé d’un glaive trempé dans le soleil

Et damassé dans l’atelier des « grands poètes »

De ce monde : où tu vis : descendue de ton cirque

Où l’hôtel reprend vie : une source en témoigne

Encore aujourd’hui : « …que je vous parle, aussi net

Que le contour des nuages, clair comme l’eau

De nos roches en fusion, facile comme le sifflet

Des transmissions traditionnelles / revoyez

Votre copie : et revenez quand Battler Britton

En aura fini avec sa maquette de Messerschmitt.

 »

 

Vous aimez la poésie ?

Ne posez pas la question

À celui qui ne l’aime pas.

 

« Tout ce qu’on voulait, nous (Río et Blanco)

, c’était revenir sur les lieux pour exercer

Notre pouvoir sur ce qui nous reste d’enfance.

Río : Nous sommes faits pour nous entendre.

Mais de voir (de loin) ce linge qui ne nous

Appartient pas (qui ne nous dit rien) / nous

N’approchons pas : derrière la clôture des

novillos nous attendons que le soleil se couche »

Les draps claquant dans le vent des coulisses.

Vous ne serez jamais ce que je suis !

Pour ça, il faudrait vous remettre

Au travail de l’intention et du savoir.

Mais je suis bien seul maintenant

Qu’elle n’est plus là pour me mentir !

Qu’est-ce qu’un personnage de théâtre

Si ce n’est pas un homme ? Une femme ?

Je vous pose la question en amateur.

Est-ce bien ici qu’on vend les ersatz ?

Je peux jouer n’importe quel rôle.

Homme, femme, enfant, vieillard

De l’un et l’autre sexe, chien, dieu

Révélé ou pas, poète, pédant, salaud,

Sage qui couche sur la plage dès

Que la nuit invite au repos, amant

Avec ou sans amante, cabot de service !

 

Comme il est toujours temps

D’avoir le temps !

 

Avant j’offrais des cigares

À chaque naissance qui

Me surprenait au saut du lit.

J’avais la tradition et un dieu

Pour parler aux femmes.

Mais voici qu’avec l’âge

Je pense à autre chose : par

Exemple :

Au temps qui ne passe pas.

À la circularité de la lecture

Qui a atteint la perfection

En même temps que l’écriture.

Ne m’en veuillez pas

Si j’ai oublié les allumettes.

Je viens sans beau-père.

Je suis passé par la fenêtre.

Pas à travers le mur qui nous

Sépare, ô cratère sans fond

Qui ne vaut pas l’anus

De ma voisine : toi encore !

 

Voyez comme ils aiment la Ville.

Voyez comme ils aiment acheter.

Voyez comme personne ne les aime.

Voyez, voyez encore et tirez-vous !

Se met à décrocher les draps.

(riant bêtement)

Avec le pot que j’ai

Et vu que ces draps

Secs ne m’appartiennent pas,

Je parie que quelqu’un

Va exiger de moi des explications

Que je serai bien inspiré

(ô Poésie !)

De retrouver

À l’endroit même

Où je les ai perdues.

(hurlant)

Parlez à ma place si vous voulez !

Je devrais dire : si vous voulez que

Je ne sois pas ce que je suis.

Je n’ai pas fait le mal mais

J’ai construit mon bien dessus.

Je m’en veux un peu

De ne pas vous reconnaître.

Même père, même source

Vaginale : revenez à ma place

Ô mon pain et mon vin !

Entrent Río et Blanco, de chaque côté.

(guttural)

Revenez, vous deux les deux idiots !

 

 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides. Servez-vous de la barre d'outils ci-dessous pour la mise en forme.

Ajouter un document

 

www.patrickcintas.fr

Nouveau - La Trilogie de l'Oge - in progress >>

 

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2024 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -