Pourquoi ne dit-on pas toujours ce que l’on pense ?

Les mots doux sur ma lèvre, à mon cœur sont amers.

Je ne désire pas une autre récompense.

J’entends sans me lasser l’orgue et le dulcimer.

Pourquoi ne dit-on pas toujours ce que l’on pense

À ceux-là qui sont prêts à nous mettre en péril,

Qui se graissent la pince et s’engraissent la panse,

Ceux-là qui nous voudraient ligoter sur le gril ?

Pourquoi ne dit-on pas toujours ce que l’on pense

À ceux qui comptent nos sous, nos joies, nos morceaux ?

Quand, pour nos plaisirs, on regarde à la dépense,

Eux se font des magots, des dots et des trousseaux.

Pourquoi ne dit-on pas toujours ce que l’on pense ?

C’est fini, salopards, rembourrez vos pourpoints !

Direz-vous que le mal et le bien se compensent ?

Des paroles, nous en viendrons aux coups de poings.

Pourquoi ne dit-on pas toujours ce que l’on pense ?

On nous le conseille ou on nous en fait crédit,

On nous en persuade et on nous en dispense

Dans un monde où plus rien ne change, ne se dit.

Disons, disons ce que l’on pense

Sans périphrases, sans détours.

Disons, disons ce que l’on pense

Du haut de nos plus hautes tours.

Robert VITTON, 2021