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Narcisse à Sète
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 Article publié le 13 mars 2022.

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Il y a ceux qui traversent le pont du Gard et ceux qui l’ont construit. Pas besoin de dessin pour comprendre que j’appartiens à la première catégorie. Même si faire le pont ne m’a jamais déplu. Je rampe dans mon lit pour échapper à l’appel du jour. Mon chat Malo miaule de faim. J’attends. Rien ne presse. Il faut savoir traverser la journée sans tout sacrifier aux croquettes dont je mange les restes sous forme de plateau télé.

Rien ne sert de courir ou de partir au point du jour. L’ennui, est le luxe de la solitude, l’absence d’horaire en est le point d’orgue. Quelques plages de notes dépressives me vont. Et sur ce plan Morton Feldman fait ce que tentèrent les Lieder de Schubert trop pompeux dans le funèbre. Aucune jouissance mortelle ne peut rivaliser avec Feldman. Ils laissent à des années lumières les chansonnettes ; leur "ne me quitte pas" et leurs "Feuilles mortes".

Un de mes grands soucis est d’éviter tout dîner prometteur, toute sortie dominicale. La solitude est un choix. Plus on s’y plante moins on veut en sortir. C’est une humeur grisâtre qui nous fait devenir ce que nous sommes. Il ne faut pas la confondre avec de l’indifférence. C’est une hébétude assumée, une schize qu’on s’offre. Ne la négligeons pas puisqu’au réel personne n’est tenu. Sinon à ses occasions ratées et ses satisfactions morbides.

J’habite ainsi pas très loin de chez moi. Et je n’ai pas été plus proche de quelqu’un que de ma chaise. Une chaise de bois : pas des paroles sur une chaise et son rabat tressé en paille de riz dos de faire. Partisan du moindre effort disait déjà ma mère. J’opine. Sinon pour le tango avec une main planté sur un beau fondement. Le tout en souvenir de Science Po où j’eus comme débouché le rôle de directeur de cabinet.

Car je suis comme les autres : ceux qui sont au dessous des cieux ne peuvent jamais se vanter de n’être jamais vicieux. Mais j’use avec parcimonie du mépris - vu le grand nombre de nécessiteux. Je sais aussi qu’ escorter une femme partout conduit nulle part. C’est du moins une pensée infuse chez les athées de l’alibi de la libido.

Pour ma part il me suffit de croiser un couple d’amoureux dans un cimetière pour comprendre que les morts ne sont pas seuls à y raidir. Certains faisant l’amour - comme elle le demanda - sur ta tombe de Grisélidis Réal (proche de celles de Calvin et J-L Borgès) parlent en croyant que mots sont la cocaïne de l’amour. Mais pour ma part je n’ai plus rien à dire et personne pour l’entendre. Dans la boue sans tabou, je suis aussi fermé que l’étaient les maisons closes où j’étais plus pire au lit qu’en me masturbant devant le calendrier Pirelli.

Ma vie n’est pourtant pas légère : comme les miens ses dessous m’inquiètent. J’ai fini par me contenter d’écrire. Non pour me reposer de la vie mais de m’en passer. Et en lui bottant les fesses je ne manque pas d’entrain. Ma parole mens tant que j’écris avec le plus de vérité possible en bon parle ment taire.

 

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