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![]() oOo D’une poésie l’autre A même le sol brumeux
Me roule dans tes chairs Pelote d’épingles
C’est que je n’ai Caire le temps Et surgit l’apostat en bras de chemise
Emailléde rougeurs suspectes Qu’accompagnent les linteaux du doute
Noctulescents nuages avariés En haut pleuvent à n’en plus pouvoir
Sur la desserte des mots embouteillés Un bouchon fait des bonds
Carafes de cristal noir s’esclaffent Ton monde est une bonde, amie
Ainsi tu siphonnes les nymphes goulues A la mer qui n’en peux mais tu les recraches la bouche en cœur
Noyaux d’olives noires suries dans les parages de ton sourire Et drupes s’élancent, caracolent au-devant des miasmes
Il pue, le Méphisto, c’est d’ailleurs dans son nom Qui annonce la couleur cramoisie qu’un rude boxeur met KO séance tenante
S’en suit des panaches de lumière nacrée dans la pièce ensoleillée Le massacre du printemps n’aura pas lieu, dans le gosier des merles
Chante la venue du chant entêtant qui reflue dans les gorges cantatrices Un peuple entier de peupliers salut la prouesse nocturne du rossignol
Messien allongé dans les hautes herbes, du jamais vu, des notes en grappes Sautillent du piano sylvestre dans les mains lestes d’Yvonne
Nuées de virgules en quête de phrases tordues Défraye la chronique
Caprices de cabri sur les collines verdoyantes Le pré vert lentement broie le troupeau bêlant
Une géante suce l’alpine douceur Puis mêle sa langue au miellat de quelques puceaux
Le ciel est curieusement androgyne ce soir
Jean-Michel Guyot 27 avril 2022 |
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Commentaires :
...réagissant sur cette "androgynéité"
avec humour...
Interrogeant ces temps-ci une retraitée de l’éducation nationale.iste, je lui demandai :
— Qu’est-ce que donc vous faites dans la vie… heu… ? Rien… ?
— Ah ! Pardon, monsieur ! J’écris !
— Et que donc écrivez-vous… ?
— Mais du poési, voyons !
— Vous voulez dire : de la…
— J’ai dit ce qu’il faut dire, monsieur : à votre tour, messieurs, de subir les défauts d’une langue qui confond le neutre avec le masculin alors que nous sommes très féminines. (secoue ses restes)
— Vous êtes donc poèt ?
— On dit aussi poésig, lequel substantif est au féminin, ne vous en déplaise !
— On dit pourtant un zig…
— Et comment vous dites deux zigs… ? Hein ?
— J’avoue que je ne sais plus… La poésie sans e, c’est mâle !
— C’est ce qui vous fait mots, messieurs ! Et moi ça me fait un bien fou !
— Reconnaissons que le lien entre la poésie et la folie est acquis pour toujours, mais êtes-vous née poète… je veux dire : poèt ?
— Je suis née sans ce qui fait de vous un mâle. C’est ce que j’appelle du poési. À Rochefort, voyez-vous… ?
— Je vois, je vois : « Mon fils (ou ma fille) tu travailleras dans un bureau ! » Alors forcément le e de la poésie peut disparaître lui aussi sans que ça ne change rien au devenir de l’homme qui est un femm.
— Je dirais même que le femm est une homeme avec deux e. (jubilant) Vous voyez que c’est logique ! (impérative) Je vous l’avais dit.
— Je comprends, je comprends… « J’écrie » et non point « J’écris »…
— Mettons « J’écri ».
— Il n’était pas question de la disparition du s… Surtout s’il s’agit de le remplacer par un e…
— « J’écri du poési, je suis poèt ». Voilà ce qui a changé depuis Rimbaud. Mais ne vous imaginez pas que c’en est fini de notre révolution poésique, car on sent ici que cette affirmation pourrait rapidement évoluer en « J’cri du posi, jsuispot ». Qu’en pensez-vous… ?
— Je ne suis pas poète… heu… poèt… pot enfin ! Le « posi », cependant, me rend… comment dirais-je…
— Folle.
— (touché) À ce point oh je ne crois pas ! Je ncri point. Ni virgul. Jnmfais pas jug dvos poms. (se tirant la langue au lieu de la tirer) La potiqu est un art sans doute difficile… heu… la potiqu st un art sans dout difficil. Mais un pot sans potiqu n’st pas pot.
— Je vois que vous m’avez comprise.
— Vous voulez dire : compris… ?
— La disparition des œufs ne s’applique pas systématiquement aux pratiques ordinaires du langage. Or du posi… du poési (pour l’instant, car nous n’avons pas encore atteint le degré de perfection qui fera de nous des pots) chacun est libre de l’êtr ou de le dvnir. Nous y allons tout droit !
— J’spr qu cnstpas un mur !