[...]Avec la mort, les rendez-vous
qu’un jour sans pain sont plus sinistres,
surtout quand ses tristes ministres
vous poussent sans explication
dans les tourments de l’ignition.
Et jusqu’à la fin on se brûle
pour répéter sous la férule
de la vérité faite chair
les fondements de cet enfer.
Pour lâcher de sales ordures
en respectant la procédure
on se secoue le popotin
en avalant le bulletin.
Il n’y a pas autre chose à faire !
Et croyez-vous qu’on désespère ?
Au contraire chaque matin
on recommence le tintouin,
se torchant même dans l’hygiène,
se préservant des allergènes
usant de l’eau et du papier,
quelquefois y mettant le pied
en espérant qu’un bon salaire,
un coup de piston au derrière
et des avantages sociaux,
indiscutables et moraux,
bonifieront de la retraite
les perspectives moins concrètes.
On a de l’espoir en Enfer
et des regrets du côté chair,
mais l’existence est ainsi faite,
ce n’est pas tous les jours la fête
et nous n’y pouvons rien changer
malgré l’afflux des étrangers
qui furent nos bons indigènes.
Pas de plaisir sans cette gêne.
Tout le monde ne peut pas jouir
des métiers vraiment d’avenir,
comme juge, élu, fonctionnaire
de police ou pour mieux le faire
délateur des guichets publics
ou Sage contrôlant du fric
les destinations ménagères.
Ce n’est pas tous les jours la guerre.
Les résistants, les collabos,
l’existence à deux c’est bien beau,
mais qui sont ces enfants nature
qui finissent dans la culture
avec ou sans les subventions ?
Bâtards du rêve et des passions,
ils défendent plus qu’ils ne créent.
Et le cor sonne à la curée,
chevaux renâclant sous les tours
des vieux châteaux mis au concours.
Chez soi l’Enfer c’est une porte.
Pour profiter, il faut qu’on sorte,
mais pas sans avoir bien chié
dans le trou qui pour ça est fait,
car le trottoir doit rester propre.
Gare aux imprévoyants malpropres !
Sous les fenêtres de l’État,
on est bien payé sur le tas.
La séparation est publique
dans ce genre de république,
et non point comme l’esprit veut
qu’elle sépare d’un cheveu
(un cheveu suffirait à l’aune
de ces impossibles gorgones)
la Justice du Parlement
et le Parlement nettement
de l’État sans sages ni juges,
car le mélange est ignifuge.
Mais au pays des noms en X
la séparation est un mix.
Doux Enfer que la Médecine
entretient dans ses officines
avec l’aval des syndicats
et des partis du laïcat.
Le souffle demeure anxiogène,
mais sur le feu son oxygène,
indispensable carburant
des peuples privés de maman,
entretient devoir de mémoire
pour reconstruire son Histoire.
Quand militaire est l’historien,
la science infuse ne vaut rien.
Or, la France sans militaires
pour perdre savamment les guerres
et cultiver ses monuments,
est au mieux un vague moment
de l’esprit en proie à l’espace.
Le drapeau est une grimace,
non point de sublime douleur,
mais de soulèvement de cœur
que la merde avalée provoque
chez les jeunes comme les vioques,
mais rarement chez les bourgeois.
Il ne manquerait plus qu’un roi
pour parfaire avec sa famille
les entorses de nos chevilles.
De "La trilogie française"
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