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Le Ciel n'écrit rien - chez Douro - collection 'La diagonale de l'écrivain'
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 Article publié le 13 novembre 2022.

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Le livre s’ouvre sur une description de l’écrivain au travail, « pris les doigts dans le clavier », qui me rappelle que Charles Bukowski savait lui aussi Jouer du piano ivre comme d’un instrument à percussion jusqu’à ce que les doigts saignent un peu

En tout cas ce texte introductif, pénétrant, trouant, etc., mettra le lecteur à l’aise sur ce qui l’attend. C’est ici qu’il (le lecteur) tourne la page pour continuer, vaille que vaille, ou qu’il jette le livre au feu et sa maîtresse au milieu.

Gilbert Bourson avoue, sans doute sous la torture, que la poésie, celle qu’il pratique comme on conduit une voiture de sport, se situe « entre l’homme et les faits ». Encore une introduction, celle-là épistémologique.

Voilà pour les introductions. Bande qui veut.

Vient ensuite la coulée de ce qui est entré en fusion dans cet esprit tourmenté par la réalité, ses représentations et ses projections. Par lampées textuelles successives, sans mot fin à la fin, —ceci est une machine à broyer le réel : des pépites s’y trouvent, on y trouve des pépites, ce ne sont pas les pépites qui trouvent. Gilbert Bourson sera un jour, son texte total, sujet d’une anthologie des pépites trouvées, cette fois par le lecteur, sur les pentes de son imposant terril. Ça brille en chemin. Ainsi se trouve de quoi aimer la poésie, en marchant dedans, au-dessus des corons où les existences s’entassent dans une perspective d’infini qui, faute de joies carrément éprouvées maintenant, risque de fausser, à l’avantage de Dieu, ou de tout autre instance éminente, ce que nous savons du bonheur.

Ce n’est pas une leçon de morale, mais une manière de s’activer pour que le temps, finalement, ne se soit pas perdu sans nous.

Patrick Cintas

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Pris les doigts dans le clavier

Mains actives dans la gueule ouverte du clavier goulu. Mains pleines de ces sens touillés et renommés par d’autres chatouillis stimuli sémiotiques. Mains pleines dénudées par leurs doigts féeriques comme des licornes ou d’autres réalités prenant d’autres figures dites chimériques et qui poissent les doigts. Ventre ouvert où les doigts s’inoculent la tête-groin dans le plein du monde et ses machines. Se font mâcher tout nu par les dents mal plantées dans la gencive molle et ses aspérités d’ongles claviculaires. Mains mâchant l’épigastre du sens sans perdrix les sens multipliés se volent dans les plumes. Mains pleines d’innocents doigtés profondément et dans toutes les gorges où ça poisse où ça sent où ça suce où ça lime. Mains goulues de leurs doigts qui se rongent les ongles jusque à la lunule à la lettre au bas mot. Sur le ciel qui s’étiole se salive un drap taché de points suspects dont l’odeur se propage. Un placenta d’étoile se déglutissant. Machine crue qui bave et saturée d’un chyle goulûment armé de savoureux morceaux qu’elle arrache et recrache perdrix en gésine et bat de tous ses pennes et crépit d’une sauce de matière obèse. Matière qui dévore son anorexie goulue en crépitant. Les vraies perdrix des cartilages sont broyées avec les fausses marchandises de papiers messages et réseaux-écrans. Mains mâchoires de doigts qui mâchent sont mâchés et dégoutent de jus vibratile et poisseux qui coule sur le sol aux plinthes infestées d’une engeance excitante aux ailes mordorées.

Pages 15-16

 

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EN GUISE D’AVANT-PROPOS

Gilbert Bourson

Des perdrix des perdrix et d’autres envolées de mots sans la parole. Un titre est mort dans la contrée par un coup de fusil mal tiré mal appris. C’est le bois tout entier qui crie dans l’arrogance du ruisseau et la hache de l’eau. Bucheron ou chasseur celui qui est penché sur sa propre détonation et sur ses propres han lève un dossier de plumes. Que des contrefaçons de la réalité dit la réalité mais rien que le réel dit le miroir transi du poème-lutin qui vole dans les plumes. Ces perdrix ces fusils et ces désillusions et ce regard volant sont juste ce qu’il dit. Le monde est ce qu’il est parfois gai parfois triste avec ou sans perdrix mais toujours poétique entre l’homme et les faits.

[Gilbert Bourson dans la RALM]

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COLLECTION LA DIAGONALE DE L’ÉCRIVAIN

Direction Philippe Thireau

 

Cet ouvrage est le dix-huitième de la collection La diagonale de l’écrivain et le second de Gilbert Bourson dans celle-ci : cette collection, dont les douze premiers numéros sont sortis chez Z4 éditions, est désormais accueillie par les éditions Douro. Elle propose toujours de mettre en lumière ce qui forme l’univers périphérique d’un auteur – sa fabrique –, sa trajectoire en diagonale. Elle sollicite égo, rêves, explication de textes… Ce peut être une lettre à un(e) ami(e) sur un sujet partagé, un compte-rendu, une conférence, un morceau de journal pesé à l’aune de la littérature, une imbrication récit/roman/poésie, une description géographique intime, un échange sur support numérique accédant au statut de livre, une pièce de théâtre révélatrice du statut littéraire de l’écrivain, etc.

 

Site

editionsdouro.fr/la-diagonale-de-lécrivain

Avis aux amateurs… manuscrits@editionsdouro.fr

 

 

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