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Le Morio (Patrick Cintas)
Le Chinois de la Côte (nouvelle)

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 Article publié le 1er janvier 2023.

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Le Chinois disait s’appeler Huan et comme ça se prononçait Juan on l’appelait Juan. On le voyait revenir de la Plaza avec un chou qu’il tenait par la queue dans une main et dans l’autre un panier d’où dépassaient les fanes d’une botte de carottes. Comme on ne l’avait jamais vu chez le boucher, on disait que la seule fraîcheur des plats qu’il préparait dans son restaurant il la devait à celle de nos légumes. On ne savait rien de la viande et c’était quelquefois le sujet de nos conversations, là, devant la Casa de los Pescadores, assis devant un verre toujours vidé, les mains tranquilles, le regard sans doute un peu rêveur. Le restaurant Flores de China avait appartenu pendant deux ou trois générations à la famille Florés (de Almería). Puis ces Chinois était arrivés et ils avaient pris possession non seulement du restaurant, mais aussi du Todo Cien qui le jouxtait et Juan en sortait avec une nouveauté qu’il s’empressait de nous présenter, une télé miniature à porter au poignet, un briquet appareil-photo ou un porte-clé capable d’analyse comportementale. On n’achetait jamais rien. On ne mangeait pas dans son restaurant. On voyait nos légumes entrer sans la viande qui les accompagnait pourtant dans à peu-près tous les plats de la carte, si on en croyait l’Ukrainienne qui le secondait, on l’appelait l’Ukrainienne à cause de l’actualité sinon on l’aurait appelée Nikita. On la voyait entrer elle aussi et comme on ne la voyait pas sortir, on supposait qu’elle sortait de l’autre côté, dans la ruelle où nous ne mettions jamais les pieds, bien que nos aïeuls y fussent tous nés. Mais comme on la voyait quelquefois dans la boutique attenante, on pensait qu’il existait une communication entre le restaurant et la boutique. Au-dessus, bien qu’il s’agît d’immeubles distincts, les façades se ressemblaient et sur les balcons et aux fenêtres on ne voyait que des visages asiatiques, enfants et femmes, rarement des hommes qui eux aussi entraient, mais ils sortaient aussi souvent et on ne savait rien d’eux sinon qu’ils quittaient la ville pour aller on ne savait où où ils passaient la journée à faire on ne savait quoi. Notre perspective, vu de notre maison commune, était chinoise et rien de plus, à part cette Ukrainienne et les clients qui pouvaient être de n’importe quelle nationalité compte tenu du caractère touristique de notre ville.

Un jour, je dis un jour comme j’aurais dit autre chose, un troupeau de femmes montreuses de cuisses est entré dans le restaurant. Il y en avait bien sept ou huit et un type musclé les suivait, sa tête pivotant sans arrêt comme s’il surveillait ses arrières. Il nous a salué et on a répondu dans notre langue qu’il a dû trouver exotique, il avait l’air satisfait de nous entendre et il est entré. Ils sont ressortis une heure plus tard. Nous en étions au troisième verre, preuve qu’on n’exagère pas, qu’on se tient, malgré toutes les raisons qui justifieraient le contraire. Cette fois, il marchait devant son troupeau. Il n’oublia pas de nous saluer. Les filles avaient l’air encore plus heureuses maintenant. De la chair à vendre, pensâmes-nous. Et toute fraîche. Comme nos légumes. Pas une ride, pas un bouton, rien pour grimacer et tout pour en avoir envie. Nous attendîmes qu’elles atteignissent l’angle de la rue, à cinquante mètres de là, pour nous laisser aller à commenter cette fraîcheur qui, avouions-nous, manquait à notre quotidien. Ceux qui bandaient encore ne cachaient pas leur joie, avec pudeur cependant car nous étions dehors et le parc à enfants est mitoyen à notre vieille terrasse. Il y avait deux gosses en train d’examiner le tobogan. Le garçon en tâtait le bois d’une main apparemment experte et la petite fille attendait qu’il achevât son examen. Ils n’avaient pas quitté le sol. La fillette avait touché un barreau de l’échelle et son regard inquiet avait croisé le nôtre. J’ai ri et je désirais qu’elle comprenne que c’était elle la raison de ce rire, mais ça ne l’amusait pas, elle avait peur de monter et le garçon ne montait pas non plus, il semblait hésiter à donner son avis sur la qualité du bois, de la pente ou de je ne sais quoi encore qui expliquait sa propre peur. J’avais envie, comme les autres, de leur montrer à quel point c’est amusant et sans danger, mais la conversation tournait autour des filles qui avaient disparu maintenant et de loin leur homme, s’il était ce qu’on pensait qu’il était, nous avait fait signe et on avait répondu dans le même langage, les uns bandant, les autres non.

Soudain la fillette a gravi la moitié de l’échelle. Le garçon continuait d’analyser la situation et ses matières à réflexion. C’était une jolie fillette de sept ou huit ans, mais pas de chez nous vu qu’on les voyait arriver avec leur mère, tôt le matin, et repartir en fin d’après-midi, toujours avec elle qui sortait du restaurant ou de la boutique ou qui n’en sortait pas et surgissait au bout de la rue d’où elle les appelait et ils se précipitaient pour la rejoindre, c’était l’été et les gens commençaient à s’intéresser à la nuit qui allait tarder à tomber, ce qui alimentait les terrasses et le sable plus bas, entre le port et les installations commerciales. Il était temps pour nous de rentrer à la maison et c’était ce que nous faisions. Mais ce soir-là, certains bandaient, ce qui ne leur était pas arrivé depuis longtemps. Autant que je m’en souvienne aujourd’hui, il y avait bien vingt ans qu’on n’avait pas vu une pute sur le paseo qui à l’époque n’en était pas un, les maisons faisaient face à la mer et les barques reposaient comme de gros poissons, si tant est que les baleines en sont, et les fenêtres étaient éclairées. Les putes sortaient à ce moment-là. Les enfants étaient couchés, le pognon frémissait dans nos poches et on n’avait pas l’impression d’être pauvres. Le vieux temps, quoi. Il revenait. On s’était quitté sur cette bonne parole. Ça donnait l’impression de recommencer et on se sentait heureux que ça arrive avant notre mort. Avec une différence toutefois, qui ne nous troublait pas, pas encore : ces filles n’étaient pas des nôtres, comme on en ramenait jadis de Madrid ou de Catalogne. Le bruit courait déjà que c’était des Ukrainiennes. Même que certaines d’entre elles, aux dires des plus voyageurs d’entre nous, avaient fait le voyage depuis la Lituanie. Pour des hommes qui n’avait jamais quitté la baie, ça promettait. Personnellement, je me suis couché en me demandant si je bandais ou si j’en avais seulement envie.

Voilà à peu près dressé le tableau. J’espère que je n’ai rien oublié. J’oublie beaucoup en ce moment et celui dont je vous parle date d’hier, ou peu s’en faut. La seule question qui se posait maintenant, c’était combien ça allait nous coûter, sachant qu’une pute ne voit pas d’inconvénient si tu ne bandes pas, pourvu que tu paies ce que tu dois à son maître. Il avait une bonne tête celui-là et Juan le Chinois l’avait comblé de courbettes sur le seuil de son restaurant, pendant qu’on bandait ou qu’on s’imaginait que c’était possible avec un peu de volonté ou d’imagination selon la composition de chacun. Nous sommes tellement différents les uns des autres. Et plus encore si quelque chose arrive, qu’on attendait sans en parler ni peut-être le savoir.

Le lendemain matin, je suis arrivé le premier à la Casa. Frasco, le préposé, n’était pas encore arrivé, ni Juan avec ses choux et ses carottes, sans viande mais avec cette amabilité qui en faisait un citoyen ordinaire, alors que les étrangers, venus d’on ne savait quel Est, n’avaient rien perdu de leur étrangeté, malgré le spectacle des cuisses et des reliefs sous-jacents. Ensuite Franco est arrivé, bandant à ce qu’il disait, il avait bandé toute la nuit, il s’en souvenait comme s’il n’avait pas dormi. On s’est assis. À côté, les balançoires et le tobogan étaient encore dans l’ombre. Pour la première fois, ça m’a angoissé, qu’il n’y ait pas d’enfants. On s’est mis à attendre et enfin Juan est arrivé, il a salué sans traverser la rue, il semblait pressé d’entrer, comme si pour lui aussi quelque chose de nouveau venait d’arriver. L’Ukrainienne et ses gosses n’allaient pas tarder à se montrer et elle entrerait à son tour et les gosses s’engouffreraient dans le hall de l’immeuble et on entendrait leur pas dans l’escalier. Une Chinoise les attendait sur le palier. Elle était chargée de s’en occuper. C’était pratique, le parc, juste en face, elle les surveillait depuis un balcon où poussaient des bambous. Leur présence d’un bout à l’autre de la journée s’expliquait par le fait que c’était les vacances. L’Ukrainienne les avait sur le dos et comme elle ne chômait pas, elle s’était arrangée avec la mère de Juan et tout se passait pour le mieux. Depuis le début du mois de juillet, on assistait tous les jours aux mêmes évènements, Juan qui entrait et sortait, l’Ukrainienne qu’on retrouvait au service dans la salle à manger ou derrière le comptoir de la boutique, les enfants qui allaient et venaient entre le balcon du troisième et le parc où d’autres enfants alimentaient les nostalgies, tandis qu’une poignée de putes nourrissaient maintenant notre prétention au bonheur. Le jour acheva de se lever et son existence retrouva ainsi son chemin tout tracé par la géométrie des mœurs et du commerce. À ceci près qu’on avait des putes à notre service désormais, pour se rincer l’œil à distance en attendant de trouver les moyens d’investir dans le Sildénafil, pour commencer, parce que même avec ce capital forcément nécessaire, il fallait s’attendre à ce que ça se complique au moins un peu. Ça nous rendait économes en paroles et l’anisette nous parut suspecte. J’avais le cœur en morceaux, mais pas comme un puzzle, qui n’affecte que l’attention et la sagacité, comme une vitre brisée dont on n’a pas le pouvoir de recoller les morceaux sans passer pour un dingue. J’en connais à qui c’est arrivé et c’était triste de voir un homme s’épuiser non pas à réfléchir mais à tenter de recoller. Et je n’étais pas plus malin qu’un autre.

Un soir, je ne sais plus à propos de quel Saint, la rue s’est illuminée et Juan le Chinois a eu l’autorisation d’installer des tables sur la chaussée, même qu’on se voisinait et que des touristes sont venus s’asseoir parmi nous sans qu’on s’en plaigne et Juan nous a offert de quoi nous montrer plus aimables encore. Les putes ne viendraient pas. Pas un jour de Saint. On en était convaincu. Et on se tenait tranquille, se contentant de cuisses moins allègres et même des petites que ça promettait de bien joyeux lendemains. On n’a pas posé la question à Juan. Il allait et venait entre les tables, suivi par l’Ukrainienne qui portait les plateaux tandis qu’il se consacrait entièrement à la conversation et aux prévisions météorologiques. La municipalité avait prévu un char fleuri avec des filles mais pas des putes pour distribuer des bonbons aux enfants et des fleurs aux autres, mais le char était en retard et on parlait d’une panne de moteur. Et pour gâter encore un peu plus la joie en formation, le vent secouait les lampions et on les voyait rouler sur la plage, en bas, noire à cette heure et leurs feux s’éteignaient sans doute dans les vagues.

On critiquait, prenant à témoin le touriste et ses animaux de compagnie, quand les enfants de l’Ukrainienne sont descendus de chez la mère de Juan. On les a reconnus, mais on ne savait pas pourquoi, tellement ils étaient grimés. Mais pas grimés pour jouer à carnaval, pour avoir encore plus l’air d’enfants et amuser les cœurs qui n’attendent rien d’autre de l’enfance. On a tout de suite vu que ces fards n’étaient pas destinés à participer à l’ambiance gamine qui travaillait les cœurs et les esprits en vacances. Ceux qui bandaient au contact visuel des jambes et des épaules offertes sur l’autel du divertissement en ont conçu un sentiment de culpabilité qui, sans les réduire à l’impuissance —n’exagérons rien, a retravaillé leurs visages dans le sens de l’incrédulité. Moi-même je n’en croyais pas mes yeux. Les deux petits de l’Ukrainienne étaient grimés comme mignon et mignonne felliniens. Et la mère de Juan, transportant en bandoulière ce qui paraissait être une trousse de maquillage, les avait assis à la table la plus à même d’être remarquée même par le plus aveugle des pédophiles. La fillette exhibait des jambes et un nombril à couper le souffle des moins sujets à désirer y toucher et le garçon, tout bouclé et les seins pincés par un dispositif adéquat, entrouvrait des lèvres que la plus belle des Africaines pouvait lui envier pour ne pas en crever de jalousie. Juan, sorti sur le seuil, rajusta sa cravate en souriant à sa mère, laquelle s’employait à parfaire les traits dans le sens de la plus grande lubricité possible. Franco, à mes côtés, se demanda ingénument si leur mère les avait reconnus ou si elle était dans le coup. Il ne bandait plus. Il n’attendait même plus ses putes, dont il avait parlé toute la journée, déterrant ou émergeant, selon le voyage, des souvenirs dignes de sa littérature, mais sans la poésie qui la caractérisait d’ordinaire. Et ce qui devait arriver arriva : la fillette suivit un homme qui avait presque notre âge et qui donc était censé pouvoir bander sans se poser la question du comment et du pourquoi. Il suivit la fillette qui s’effaça pour le laisser entrer dans l’immeuble. Juan surveillait la scène du coin de l’œil, tortillant sa cravate alors qu’il était en bras de chemise à cause de la chaleur. Le garçon, resté seul à table, sirotait le contenu bleu d’un verre à l’aide d’une paille. Des gens passaient, mais impossible de dire si c’étaient des amateurs ou de simples passants qui n’en ont rien à faire de ce qui se passe sans eux. Franco et moi n’étions ni outrés ni révoltés. Nous agissions nous aussi en spectateurs, les putes n’ayant plus leur place dans notre esprit et ça ne nous perturbait pas de ne pas agir, d’être en proie à l’oubli et de nous efforcer de penser à autre chose, d’autant que nous n’étions pas seuls, même en comptant ceux qui ne voyaient rien de ce qui occupaient tout notre champ de vision. Quand le garçon eut achevé de pomper dans son verre, soit qu’il l’eût vidé, soit qu’il en eût assez de minauder ainsi, Juan s’approcha de lui et lui embroussailla la tignasse en articulant des paroles que la distance nous interdisait d’entendre. Ce qu’on est obligé d’imaginer des fois !

*

Chercos, un flic qui n’aimait pas l’été, fit signer la déposition et d’un signe de tête invita le dépositaire à sortir de son bureau. Dans son dos, un patio recevait une lumière verticale. Il ne ferma pas la fenêtre. Il ne la fermait jamais et le matin il l’ouvrait et constatait avec tristesse que rien ne changerait jamais s’il n’y mettait pas du sien. L’homme, un ancien pêcheur aujourd’hui retraité, sortit en s’excusant encore de ne pas en savoir plus. Chercos fit un autre signe, différent du précédent, et l’homme referma la porte derrière lui. Chercos se sentait toujours seul dans ces moments, après l’aveu ou le témoignage, peu importait le contenu, le fait d’écouter et d’intervenir sciemment le rendait morose et haineux. Il aurait aimé avoir soif, mais l’ivrognerie ne le tentait pas, ce qui allait dans le sens d’une plus grande conscience de l’état des choses de ce monde clos, impossible à vouer à l’aventure, sauf à l’amour qu’il ne parvenait toutefois pas à distinguer du plaisir. Blablabla, se dit-il et il inséra la déposition dans une pile d’autres documents témoignant, donc, de l’état du monde. Il rendrait une petite visite impromptue à ce Chinois qui fricotait maintenant avec la pègre, comme si le commerce de la restauration et des bibelots inutiles ne le satisfaisait plus. Il avait bien dû y trouver du plaisir. Lui-même, Chercos, reconnaissait avoir eu du plaisir au cours des premières enquêtes, du temps d’une jeunesse facile pas soucieuse de chômage ni de dettes. Il était entré dans la vie comme il était sorti de l’enfance : facile. Il n’avait pour ainsi dire pas connu les tourments de l’adolescence. Et maintenant qu’il s’en éloignait clairement, c’étaient les calices de l’âge qui le tourmentaient. À force de réalité, messieurs. Vous pouvez me croire. Sans cette accumulation de réalités qui figurait son chemin existentiel, il n’aurait pas connu autre chose que la tranquillité, à défaut de bonheur bien sûr, mais sinon à quoi servirait le plaisir ?

Le Chinois, que tout le monde ici appelait Juan mais qui ne s’appelait pas Juan, était dans son bureau, derrière les cuisines et Chercos traversa la salle à manger maintenant vidées de ses hôtes. Personne pour le renseigner. La porte était pourtant ouverte. Il avait poussé la porte dans l’espoir de rencontrer un visage, ou au moins un regard. Mais personne ne l’invita à entrer. Il ne connaissait pas les lieux. Il supposa qu’il suffisait de traverser l’endroit pour tomber sur quelqu’un qui le connaissait peut-être. Le Chinois était assis derrière un bureau massif où s’empilaient de la paperasse et des objets sans doute relatifs à des souvenirs de famille ou autres. Il tapota gentiment la porte qui était entrouverte. Le Chinois leva une tête sans surprise. Il connaissait Chercos. Pas de doute. Mais Chercos ne se souvenait d’avoir eu déjà affaire à lui. Le Chinois se leva, fit le tour du bureau et sortit une chaise d’un tas d’autres objets qui n’étaient pas des meubles. Il la posa devant le flic et l’invita à y prendre place, puis il retourna derrière son bureau, y posant les coudes, les poings sous le menton.

— Je vous écoute, cher monsieur, dit-il.

Chercos ne se souvenait pas de cette moustache. Voilà la raison, se dit-il et il enchaîna, sans laisser au Chinois le temps d’affiner les conditions de son attente. Il devait bien savoir de quoi il s’agissait. Il n’y avait pas que de malhonnêtes personnes dans ce pays.

— J’ai reçu ce matin un étrange témoignage à propos de deux enfants…

— Je n’ai pas d’enfants…

— En effet, dit Chercos, ils ne sont pas Chinois. Puis-je les voir… ?

— Nikita est absente aujourd’hui. Jour de congé.

— Ce sont les enfants de Nikita ?

— Il n’y en a pas d’autres dans cette maison, mais je m’empresse d’ajouter qu’ils n’y habitent pas. Ils sont en vacances. Ma mère s’en occupe…

— De quelle manière s’en occupe-t-elle ? D’après le témoignage que j’ai…

— Comment voulez-vous qu’on s’occupe des enfants ? On leur donne à manger, on les empêche de s’ennuyer, on les surveille…

— Ça, je le sais déjà…

— Vous avez des enfants ?

— Pourquoi les avoir « grimés » —c’est le terme usé par le témoin, et les avoir « exposés » —je cite toujours…

— « Grimés » c’est bien le terme exact, monsieur l’inspecteur… mais que voulez-vous dire par « exposés » ?

— Ce n’est pas moi qui le dis. C’est le terme usé par le…

— Il n’y a pas eu d’exposition, monsieur… Les enfants étaient grimés, certes, en hommage au Saint du jour qui, comme vous le savez, a été dévoré par des lions sous les yeux de Néron… mais « exposés » non… Ils sont descendus pour se rafraîchir et je leur ai servi un banana split et…

— Avec qui est montée la petite fille ? Le témoin parle d’un homme…

— Ils sont montés ensemble par hasard… Je ne vois pas d’autre explication. Elle montait et lui aussi montait. Rien de plus. Qu’allez-vous imaginer… ?

— Ce n’est pas moi qui imagine, monsieur Gu. Le témoin dit que…

— Il s’imagine que… Oh ! sans doute confond-il ses désirs avec…

— Je ne vous demande pas d’apprécier les dires de mon témoin. Il ne vous revient pas de…

— Mais enfin, monsieur l’inspecteur ! Je ne peux pas laisser dire…

— Moi oui !

Chercos sortit alors son revolver. Le coup partit. Le Chinois se redressa puis s’écroula.

— Il va falloir que je m’explique, dit tout haut le flic et il sortit.

 

 

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