Et le matin bossu passe comme un chameau
mettant la vitre à cran pour que le jour soit sobre
et passe le désert de nos sables mouvants
avec la dignité mortelle du ver blanc ;
sous l’agave du songe évanoui du temps
bat le cœur de l’amour qui est un mot fléché
vers l’horizon jamais déçu par l’oreiller
des nuages qui ont les lèvres du baiser ;
un amas de draps morts clame l’heure qui vient
déjà totalisée par le cadran solaire
et les sueurs mêlées des souvenirs séchés
dans les sables dorés des pages déchirées ;
au galet féminin d’un cœur de corps qui bat
dans le poème écrit comme une caravane
se dédie la strophe sans mélancolie
de l’ange méditant sa salve de chemin ;
le réveil prend le mors aux dents pour un lever
et un patin roulé à la langue du gouffre
où il est temps de prendre celui qui n’est plus
en tombant de son lit en lettres majuscules ;