ANN’EVE : Les arbres dans la forêt ne se confessent pas, et pourtant ils poussent. Arno Schmidt (Soir bordé d’or)

Quand il m’a attirée dans la grange sous prétexte qu’il tombait des cordes j’ai pas protesté, je les ai vu entrer dans la grange, z ‘étaient trempés par la pluie et je les ai suivis, tout comme j’ai suivi votre inspecteur pour la reconstitution qu’il disait, et il m’a mis les mains partout mon corps touché mon ventre, mes nichons pour de vrai, et lui l’a jetée dans le foin, je les ai vus les deux, où je m’étais cachée dans un coin de la grange, cachée par le foin, jetée dans le foin, j’avais pas envie de me débattre quand sa main s’est glissée entre mes cuisses et a touché son sexe pour reconsti machin… elle a crié non, non, arrêtez, non, non, non, sa bouche grande ouverte, je sentais sa langue caresser mes dents, ses lèvres, et continuait non de crier, mais de gémir : lâchez moi lâchez moi, sa langue suçait, buvait ses paroles, les miennes, et avec ma salive avec le foin séché piquant entre les fesses, il l’a déshabillée, mon corsage déboutonné laissait passer sa main, ses mains le repoussaient je l’ai dit à votre collègue, l’a poussée dans le foin, je vous montre comment, votre collègue m’a fait, m’a dit montre moi, et ne fais pas semblant, la pluie oui il pleuvait, m’a dit viens dans la grange, c’est ce qu’il a dit à la fille, m’a trainée plutôt que menée dans la grange, cette odeur de foin m’excite d’y penser, il l’a déshabillée, déchirée, lâchez moi, j’entendais prenez moi, quand j’y pense à nouveau, et ses mains sur mon corps, elle était bien foutue la fille avec son corps, aurait pu présenter des slips, des bikinis, des strings on dit ce temps, ma culotte sentait un peu comme la pluie, j’avais aussi un peu uriné dans la cour et c’est là que je les ai vus, elle se débattait un peu, je m’essuyai un peu, j’étais curieuse de savoir ce qu’ils feraient, aussi je ne me suis pas même débattue un peu pour pimenter la chose, montrer à votre inspecteur comme elle s’est débattue, pimenter cette reconstitution j’ai dis, elle criait, j’ai crié pour montrer à votre collègue comment elle criait, puis gémi pour montrer comment la fille gémissait, la reconstitution était bien agréable on le fait dans les films en y faisant semblant, moi j’y crois pas mon œil, et je disais à l’inspecteur votre collègue, pour de vrai, inspecteur, profitons du semblant, je ne lui disais pas mais le pensais au fond, le foin sentait le foin voyez c’est du vrai foin inspecteur, et lui, en se moquant : pas pendant le service, et j’entendais plutôt : pas pendant les sévices et lui se foutait bien du service mon cul, et lui : montre moi juste ce que tu as vu, tu les as vus entrer dans la grange et le foin, et la pluie tombait dru comme vache qui pisse, j’y ai répondu, ma culotte mouillait ses doigts, c’est de l’urine, non c’est de la pluie, j’aurais dû lui répondre oui oh oui c’en est, il lui criait tu as pissé salope et elle, laissez-moi et lui, ses mains partout, son truc dressé en moi, me disait parle encore et sa voix qui tremblait, et la mienne pareil, ah, il l’a besognée comme on dit dans les livres, et lui m’a besognée et me besogne là en ce moment où je vous parle, me souviens, me branle, l’inspecteur me disait montre moi comment ils faisaient merde, alors en vous disant c’est comme si j’y étais, me disait que c’était pour la reconstitution, et moi : il lui a mis son engin dans mon trou, son trou, et l’inspecteur a fait ce qu’il a fait, disant ou je te fourre au trou si tu, alors moi j’y étais obligée, j’ai laissé faire, et la pluie rigolait sur ses seins, sur son cul à lui couché dessus, et sur son dos la pluie, alors ils sont rentrés, suis rentrée, l’inspecteur m’a obligée d’entrer dans la grange et le foin, en reconstitution du viol qu’il prétendait, votre collègue à vous, et ma déposition devait pas, pas un mot, un de bien compliqué, ha c’est ça : mentionner, que nous avons, de vrai, et lui venue en moi, en elle, et lui : raconte encore, alors j’ai raconté et lui : toujours encore, encore ou je te fous, et moi j’aime bien raconter le viol que j’ai vu, qu’il m’a, qu’ils ont, alors son oiseau a chanté en moi dans mon nid d’amour voilà-voilà à force de vous raconter, c’est comme s’il avait plu entre mes, j’ai parlé vous m’avez fait parler, mouiller sous cette pluie de mots, paroles, dégrafer et violer cette image en moi, ce foin sec sous mon cul, alors j’aimerai bien vous la faire toucher cette culotte ou string ou slip qu’elle portait, la mienne déchirée par l’inspecteur mon cul, pas pendant le sévice, et ma déposition en règle mentionnée, mouillée, relisez la sur moi, en moi, où c’est toujours mouillé, montrez moi s’il vous plait où je dois la signer inspecteur, en écartant l’idée que je mentionnerai le collègue et vous-même, et si vous avez peur alors déchirez-moi déposez moi ici, et rentrez votre oiseau dans mon nid imbibé de tout ce témoignage et toute sa salade à fourrer au panier.