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Article publié le 8 octobre 2023. oOo J’entends le latin de cuisine Des écumeurs, des marmitons, La reine n’est pas ma cousine, J’ai le béguin pour ma voisine Qui peaufine et peint des santons.
Vous ne laissez que des décombres, Que des filandres belliqueux, Que des rognures qui encombrent, Vous êtes là pour faire nombre, Fouille-au-pot, gâte-sauce, queux…
Vous me laissez les effondrilles, Les graillons, les morceaux honteux, Les restes du rata des drilles, Nourris et logés à l’étrille, Les rogatons des maupiteux.
Vous me laissez les écaflotes, Les reliefs et les résidus, Tout ce qui coule et ce qui flotte, Ce qui peut faire des pelotes, Les fonds, les culs, le pain perdu…
Vous me laissez des gringuenaudes De comté, de brie, de banon, Un calendos qui baguenaude… Ma muse en est toute quinaude Et plaint vos toutous, vos minons.
Vous me laissez des sacs d’ordures, Des débris, des rouges abats Et des frémissantes vidures. Je n’ai pas la digestion dure Et je vais sans forcer par bas.
Vous me laissez breuilles, arêtes… Becs, yeux, croupions, plumes, nerfs, peaux, Ergots, pattes, bouts d’aile, crêtes, Le gras de tout ce qu’on apprête… Ô royale galine au pot !
Piquants d’oursins et de rascasse ! Coquilles d’huîtres, de bulots, De moules, d’escargots ! Carcasses D’écrevisses… L’on t’en fricasse, Prends ta béquille et ton ballot !
Vous me laissez râpes, râpures, Écailles, noyaux, os, trognons, Épluchures, bribes impures Comme des monceaux de guipure… Et pour pleurer, un champ d’oignons.
Chez nous, les festoyeurs foisonnent, Chez nous, les pochards sont devins, Chez nous, les sages déraisonnent, Chez moi, je trinque avec Ausone Qui chanta la table et le vin.
Robert VITTON, 2023
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