L’intention transparaitra peut-être comme la lumière du matin à travers les persiennes fraîchement repeintes ; on s’empressera de les relever pour jouir, en toute transparence, de la neuve lumière, toutes choses posées alentour dans le grand jardin respirant le calme et la sérénité dans la certitude inébranlable d’exister.

L’intention transparaîtra peut-être jusqu’à atteindre un point de transparence intolérable.

N’oublie pas que, lorsqu’il t’arrive d’atteindre ce point d’incandescence, la matière dont tu uses et que tu désires tant ne s’est offerte à tes désirs que dans l’intention de t’amener à forger en sa compagnie une arme nouvelle d’une solidité et d’un tranchant à nul autre pareil.

L’incandescence éblouit en un point fixe, éclipsant toute la lumière alentour devenue superflue, l’espace de seulement quelques instants, le temps de te mettre à la tâche ; le fer, alors, rougeoie tout comme les braises de ta forge. Il est alors temps de marteler la matière que tu t’es choisie sur une enclume conforme à tes ambitions.

Et forgeant, tu te forges une réputation ; nul ne te voit à la tâche, tout le monde admire le produit fini de tes efforts et s’imagine ainsi détenir la clef de ton Dire. Maitrisant et le feu et ton marteau, tu te voues entièrement à la matière qui dialogue avec toi.

Jean-Michel Guyot

26 octobre 2023