Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Forum] [Contact e-mail]
  
Fairy
Navigation

Voir aussi la [Galerie de peintures] de Jacques Cauda

[E-mail]
 Article publié le 23 mars 2025.

oOo

Vêtue de brocatelle à l’abri des étrivières voici `

Une pensée mortelle comme une lettre de

Derrière

Cause de terribles beautés 

À la limite cette lettre-pensée fuite par le bout

C’est la langue quand cela est

Aussitôt l’inconnu diffère et le proche manque aussitôt

Puis viennent les sèves ornementales (fairy d’après Rimbaud)

Féérie ! c’est donc le jour du jour mat avec un centre évidé

La lettre l’appelle le pas encore mais doux si doux neigés

Pour dire qu’elle est gorgée de poison vital

Coiffée par brassées de clarté

L’air et le rêve fraîchissent à portée d’aiguille peut-être

Fériale qui sait ? dans le brouillard du palais où l’humide

Le dispute aux musiques rose et chair brandies fols bouquets

Souffle ô palmes et franchises premières est-ce cela entre

Elle et son Autre ?

Tandis que l’Esprit se prend au jeu des figements bleu-sentine

Le dire décorpore l’écrire : faudrait-il alors raturer le

Mot pour le mot et dispenser l’immoral au cœur des oreilles ?

Oui ! la bouche sera celle qui dira la surprise et la peur éternelle

(L’œil furieux par ailleurs !)

Enfin multipliée la Fée-féérie s’ombreporte jusqu’aux pierres qui la

Jouent à pilpoul et face autrement

Car nous sommes de tout c’est-à-dire un corps

Un corps qu’on imagine plein de membres pensants (Pascal, pensée 403)…

 

Jacques Cauda

FORUM
Pour participer, voir en bas de page>>


Commentaires :

  Fairy par Catherine Andrieu

La lettre, la fée, le vertige

Fairy de Jacques Cauda n’est pas un poème qu’on comprend. C’est un poème qu’on traverse, comme un souffle dans le brouillard, ou un regard dans une langue qui n’aurait pas encore été dite.

Ici, la lettre n’est plus véhicule, mais être. Elle pense, elle fuit, elle brûle. Elle est ce qui reste quand tout le reste manque. C’est elle, peut-être, la fairy, la fée du poème : une pensée vive, qui tremble entre la naissance et l’effacement, entre le corps et son image, entre l’être et l’écriture. Elle ne révèle rien : elle rend sensible.

Car Fairy ne parle pas du monde, il parle de ce qui se tient derrière — l’invisible qui fait vibrer la parole. Il y a, dans ce poème, des choses vues à travers un voile : une femme vêtue de brocatelle, une clarté qui coiffe, un palais de brouillard où la chair se mêle à la musique. C’est une langue qui tangue, une syntaxe volontairement ouverte, qui cherche non à dire, mais à faire naître.

La beauté ici n’est pas décorative. Elle est terrible, au sens où elle engage tout : le corps, l’esprit, le dire, le silence. Le poème invente un espace où la parole devient matière — non plus pour signifier, mais pour exister. Chaque mot pèse, chute ou s’élève. Il y a du Pascal, du Rimbaud, et du pur Cauda : un chant de l’entre-deux, une fêlure offerte comme prière.

Lire Fairy, c’est approcher ce point d’énigme où le poème devient ce qu’il évoque — un lieu habité par ce qui nous manque. La fée, c’est peut-être cela : la forme mouvante de ce qui nous traverse quand on écrit pour ne pas mourir.


 

Un commentaire, une critique...?
modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Ajouter un document

Retour à la RALM Revue d'Art et de Littérature, Musique - Espaces d'auteurs [Contact e-mail]
2004/2025 Revue d'art et de littérature, musique

publiée par Patrick Cintas - pcintas@ral-m.com - 06 62 37 88 76

Copyrights: - Le site: © Patrick CINTAS (webmaster). - Textes, images, musiques: © Les auteurs

 

- Dépôt légal: ISSN 2274-0457 -

- Hébergement: infomaniak.ch -