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Article publié le 14 décembre 2008. oOo
Mistral Maestro Quel bon vent vous amène
Boute-feu boute-en-train Flanqué de gens avides Le Mistral Nous laissse les mains vides Et nous brise les reins
Nous sommes ses crincrins Ses arlequins livides
Le Mistral Ce satyre en ribote Le Mistral Caprices de despote Le Mistral Nous gerce et nous tripote
Le Mistral Nous lie nous échevelle Le Mistral Nous envoie aux nouvelles Le Mistral Nous tourne la cervelle
Vieille carne à tous crins Vieux routier impavide Le Mistral Nous laisse les yeux vides Et nous brise les reins
Nous sommes ses crincrins Ses arlequins livides
Ses cliques vert-de-gris Ses claques fanfaronnes Entonnent le mépris Dans la vallée du Rhône
A tort et à raison Sa mastoc soldatesque Saccage les saisons Et nos hymnes grotesques
Son fidèle escadron Sur ses cavales trides A la besogne aride De plus en plus se rompt
Sa rafale écornifle Nos cyprès entêtés Ses sévères mornifles Ecornent nos cités
Ses pailles sont des poutres Pour nous pauvres badauds Nos fardiers et nos dos Fléchiraient sous ses outres
Il chipe sans remords Nos chapeaux nos ombrelles Son souffle enchante à mort Nos grêles chanterelles
Les béates ma foi Goûtent ses bagatelles Et lui doivent parfois Une fière chandelle
Ses tâcherons en feu Assurés de son aide Embrasent nos pinèdes Et nos filles de peu
Dans le finale casse De son grand opéra Les amants se fracassent Et n’emportent qu’un drap
Nos musiciens remballent Leurs piteux instruments Dès qu’infernalement Il blouse ses timbales
Sur ses tambours rebours Sa meute âpre de pages Pile de bourg en bourg Le chant des équipages
Ses fines pointes d’ail Transpercent ma capote Comme un épouvantail J’entre dans ses gavottes
De son sac de noyaux A sa frêle mâture Mon gabier qui l’endure Rend tripes et boyaux
Sur nos nerfs sans mesure Il racle ses archets Qui nous ont à l’usure Avec leurs airs penchés
Quand il sort de ses gongs Avec ses vieux béliers Il crosse nos voiliers Et nos journées sont longues
Boute-feu boute-en-train Flanqué de gens avides Le Mistral Nous laisse les mains vides Et nous brise les reins
Nous sommes ses crincrins Ses arlequins livides
Le Mistral Ce satyre en ribote Le Mistral Caprices de despote Le Mistral Nous gerce et nous tripote
Le Mistral Nous lie nous échevelle Le Mistral Nous envoie aux nouvelles Le Mistral Nous tourne la cervelle
Vieille carne à tous crins Vieux routier impavide Le Mistral Nous laisse les yeux vides Et nous brise les reins
Nous sommes ses crincrins Ses arlequins livides
Maestro Quel bon vent vous emmène
Allez bon vent
Robert VITTON, 1984 |
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