L’EXPLOSION
J’étais assise sur cette chaise, le regard fixe, le cerveau vide.
Tout à coup, je sentis que mon corps s’élevait vers des sphères métaphysiques.
Mon corps se mit à flotter dans les airs, puis vint l’éclatement de mon être.
Je relevais la tête comme pour observer le spectacle de ma déchirure matérielle : ça et là, les membres de mon corps se déplaçaient dans l’espace.
Regardez ! Ici une jambe, là un bras !
J’étais le spectateur passif qui observait la désintégration de sa propre personne : l’éclatement de l’âme était devenue l’éclatement du corps.
Je voulus me lever pour courir derrière mes membres écartelés : ils dansaient dans les airs, me narguant de leur liberté nouvelle.
Je voulus leur parler pour qu’ils rejoignent leur demeure charnelle mais aucun son ne sortit de ma bouche.
Mon cerveau s’éleva dans les airs, puis il tomba et se mit à rouler à terre, tel roulerait la tête de l’homme guillotiné.
J’étais cet individu assassiné que mon corps avait abandonné.
Sans corps, il n’y avait plus d’esprit et sans esprit, plus de corps.
C’est ainsi que l’existence végétative débuta à la grande joie du meurtrier… le corps.