LA GUILLOTINE
Le ciel s’abat sur moi comme une guillotine.
La chaleur du couperet accentue ma dissociation : mon esprit, mon corps, séparés, j’erre dans l’existence tel un voyageur dans la réalité.
Le voyage est déchirement et le regard se fige : la division de l’intégrité de soi- même engendre la perte de conscience physique et psychique.
Les fonctions vitales ralentissent et ma main tendue tente désespérément d’atteindre cette tête mutilée.
D’un coup de pied, l’autre, riant, projette mon esprit loin du corps, les divisant à jamais.
Plongé dans le désespoir le plus profond, je me mets à rêver. L’angoisse d’exister dessine sur mon corps des plaies interdites, mutilation salvatrice.
Ce sang sur mes mains est celui de la victoire.
L’élan de conservation de soi, de mon corps, s’efface, laissant place à une agressivité retournée.
Atteinte à la personne ou à ce qui n’a jamais existé, le geste est imminent.
Suicide, délivrance ou quiétude, peu importe le terme : je suis presque prête.