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Enfin, ô bonheur, ô raison, j'écartai du ciel l'azur, qui est du noir, et je vécus, étincelle d'or de la lumière nature. De joie, je prenais une expression bouffonne et égarée au possible :
Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Éternité.
C'est la mer mêlée
Au soleil. |
Pour insister encore sur la lisibilité de mes poèmes, je demande aux lecteurs, (dois-je dire au lecteur au singulier ?), de les aborder naïvement, sans à priori intellectuel, comme on aborde n'importe quel élément qui surgit inopinément sous le regard, comme un galet ou un météore ou encore un instant sur lequel on bute et qui vient instaurer un espace et une perspective inattendus. Je m'absente du poème autant que faire se peut, pour que mon écriture me renseigne sur ce moi qui prend la place de celui qui lit, en disant Je. Cependant j'y suis, ce je dans la coulisse, qui longe la ligne où se jouent les enjeux de l'être ou l'être pas et à flanc de falaise des mots. Gilbert Bourson. |
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LES POÈTES
du Chasseur abstrait
Poésie... « projet d'ordre esthétique consistant à mettre en question toute représentation du réel effectif et de faire accomplir à la langue, jusque là médiatrice entre exprimable et exprimé, un saut radical qui la fait changer de statut à l'intérieur de son propre code », écrit Gilbert Bourson à propos de Rimbaud.
Pour Jacques Roubaud, « la poésie s'adresse particulièrement à ceux qui la reçoivent [...] elle n'a pas une intention de récit ou de pensée. »
On n'en finit pas de gloser sur la pertinence des propos et du propos. Certes, mais la poésie ne peut pas se passer de commentaires. Sans eux, elle perd non pas son sens, mais le sens de ses chemins. Entre autres, ceux que nous empruntons ici, au coeur même du catalogue du Chasseur abstrait.
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Bientôt !
nº 75 - septembre 2011
LES NARRATEURS
roman - nouvelle
du Chasseur abstrait
Édito
Gilbert BOURSON
La ré-invention du corps chez Rimbaud
Mais n’oublions pas ceci non plus, c’est qu’il suffit de forger des noms nouveaux, de nouvelles appréciations et de nouvelles probabilités pour créer à la longue aussi des « choses » nouvelles.
[...] le grand amour, l’amour total, l’amour complet, c’est de la nature,
par conséquent, comme toute nature, chose « immorale » éternellement. - Nietzsche
- Le Gai savoir.
II y a chez Rimbaud, un projet d’ordre esthétique consistant à mettre en question toute représentation du réel effectif et de faire accomplir à la langue, jusque là médiatrice entre exprimable et exprimé, un saut radical qui la fait changer de statut à l’intérieur de son propre code. Là, où le sens raisonnable renvoyait abstraitement et instrumentalement à la chose « à dire », la langue de Rimbaud nous amène à considérer que ce qui est pensé, est littéralement ce qui est exprimé... ça dit ce que ça dit littéralement et dans tous les sens... Ce que l’autre, (le lecteur) voit, entend, est la chose même qui est pensée/écrite/dansée... fanfare atroce où je ne trébuche point (matinée d’ivresse).
Les Illuminations sont en quelque sorte l’aboutissement, même imparfait, (heureusement) de ce projet, chaque texte du recueil renvoyant à son propre mode de production où l’image n’est jamais descriptive, mais déclenchée épiphaniquement à partir d’un vide que la langue remplit... la pensée accrochant la pensée et tirant (lettre du voyant).
Dans barbare, un hors-texte nous avertit :
Le pavillon en viande saignante sur la soie des mers et des fleurs arctiques (elles n’existent pas).
Ce qui est ici mis entre.parenthèses, c’est la formule banale d’avertissement, qu’on parle une autre langue (avertissement au lecteur). II est d’ailleurs curieux et troublant de constater que seules, elles, la soie des mers et les fleurs arctiques n’existent pas. Quid du pavillon en viande saignante, le corps de celui qui écrit ?
[...] le nihilisme en tant qu’état psychologique devra survenir [...] quand à tout événement nous aurons cherché un « sens » qui n’y est pas [...], ce sens pourrait avoir été : « l’accomplissement » d’un ordre moral supérieur dans tout événement, l’ordre moral universel [...] un but est toujours un sens [...] ce que toutes ces sortes de représentations ont en
commun, c’est qu’à travers le processus même, quelque chose doit être atteint et c’est alors que l’on conçoit qu’avec le devenir rien n’est visé, rien n’est atteint. Nietzsche, Le Nihilisme européen, trad. G.
Bianquis.
Ce vide que la langue remplit, est ce qui sépare le soi de l’autre, le sujet écrivant, du je du texte, le Prince, du Génie (conte)...
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Tous les éditos :
T&P 78
Une anthologie poétique
PARTICIPEZ !
Dans son prochain numéro de T&P,
Le chasseur abstrait éditeur réunira les
poètes qui participent régulièrement aux travaux de la RAL,M
ainsi que ceux qui souhaitent s’y associer.
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Auteurs du mois
ROBERT VITTON
Voilà la poésie ! Une invention sans cesse renouvelée, un jeu des images et un langage à la fois direct et porté sur la musique, une profonde tendresse, enfin une poésie de coeur et de gorge. Pierre Seghers. |
Je trouve tes textes magnifiques, pleins de belle langue, de belle musique, charnus, forts, exaltants aussi parfois. Bref - A mon avis, tu es un grand poète, un poète en tout cas comme je n’en ai pas lu depuis longtemps. Henri Gougaud. |
J'ai lu vos textes avec grand intérêt et avec grand plaisir... Je les trouve tout à fait remarquables. Jean Ferrat. |
Robert Vitton est un des créateurs de la RAL,M. C'est aussi un de nos grands poètes français. Des problèmes de santé l'avait un peu éloigné de nos travaux. Le voici de retour, toujours sur le zinc d'une poésie qui ne prendra pas une ride parce qu'elle est vraie et construite de main de maître. Cette œuvre épatante est éditée par Le chasseur abstrait ICI. |
Cliquez sur le portrait pour accéder à l'espace de Robert Vitton.
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Appel à contribution
Cahiers de la RAL,M
MALLARMÉ
Il y a belle lurette que le projet d’un "Cahier Mallarmé" agite la RAL,M. Quelques auteurs y ont déjà contribué en proposant leurs livres, de l’essai documenté de Serge Meitinger aux signes théâtraux de Gilbert Bourson, en passant par les glanes discursives de Patrick Cintas, les objets exposés naguère à la bibliothèque de Toulouse sous l’aile d’Ann-Sarah Laroche et les observations praticiennes de Nacer Khelouz.
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