En quête d’innovation et poussés par le désir d’expérimenter d’autres horizons dans le domaine de la littérature écrite, nous avons longuement et mûrement réfléchi à une nouvelle forme d’écriture qui se veut être un autre moyen d’expression plus en phase avec la réalité socioculturelle contemporaine. Car à notre avis, l’écriture est : d’abord un champ vaste, ouvert, que le génie créatif humain est appelé à renouveler sans cesse, à enrichir par de nouveaux apports culturels ; mais également le reflet d’une époque avec sa mentalité, ses aspirations, sa façon de s’exprimer et de concevoir l’existence.
C’est ainsi que nous avons élaboré un nouveau concept d’écriture que nous avons baptisé « Le Roman-Rap ». « Roman-Rap » nous direz-vous ? Encore un terme fraîchement inventé par quelque auteur en quête de notoriété ! Un autre concept parmi tant d’autres existant déjà dans la littérature mondiale et qui ne manque certainement pas d’étonner, de choquer même dans la mesure où l’association du Rap et du Roman paraît presque paradoxale à plus d’uns. Roman oui mais Rap, voilà qui détonne ! Car le Rap, avec ses messages violents et crus, son rythme saccadé, son accent contestataire , son impulsivité, est d’abord aux yeux de la grande majorité des observateurs, des pontifes littéraires et même des lecteurs un simple courant musical, vulgaire et juvénile, une forme d’expression violente, dénuée de tout esthétisme, réservée à la “culture de la rue”, une sorte de contre-culture , de sous-culture même. 
Que vient donc dans ce cas chercher le Rap dans la littérature ?
A ceux qui se posent cette interrogation, nous osons leur affirmer tout haut qu’ils ont mésestimé la valeur artistique du rap. Oui le Rap est aujourd’hui -et nul ne peut le nier- une forme d’expression culturelle à part entière, reconnue et appréciée par une très large partie de la société contemporaine. D’ailleurs le terme RAP est un sigle anglais qui signifie Rhythm and Poetry, rythme et poésie :c’est donc en quelque sorte une poésie rythmée sur un fond musical et de ce fait le Rap et le roman peuvent très bien se rejoindre. Comme tout courant artistique, il possède ses propres valeurs, ses codes soigneusement élaborées, ses repères socioculturels ; le rap est aujourd’hui l’une des tendances musicales les plus populaires au monde, écouté par toutes les couches sociales, des communautés noires pauvres du Bronx aux quartiers huppés de Manhattan ou de Londres.
 C’est donc fort de ce constat, que nous nous sommes proposé de tenter l’aventure en concevant le « Roman-Rap ». A la rigueur quelque peu abstraite et linéaire du roman classique, nous avons voulu adjoindre la vigueur, le souffle déclamatoire, l’élan créatif et percutant du rap. Qu’en sortira-t-il de cette association ? Nous ne pouvons en toute honnêteté le prévoir. Nous espérons tout simplement insuffler une énergie nouvelle au roman classique tout en ouvrant d’autres champs de création.
 Le concept bien sûr est à ses premiers balbutiements et j’ai même songé à l’appeler « Roman-Poème » vu qu’en certains aspects, notamment à l’écrit, la limite entre le Rap et la Poésie devient parfois assez floue. En tout cas, « Roman-Rap » ou « Roman-Poème », l’idée directrice demeurerait la même : allier les deux genres pour produire quelque chose de neuf, de plus percutant, qui offre de nouvelles possibilités d’écriture et qui peut-être attirera un public ( plus jeune) que la prose “figée” du roman classique rebute de plus en plus ces temps-ci.
 Quelle est la structure du « Roman-Rap », telle que nous l’envisageons ? Rien de plus simple puisque les formes du Roman et du Rap ont déjà été définies : entre les paragraphes de votre texte, intercalez des couplets ou des strophes rimées pour renforcer l’idée, le message véhiculé ou simplement relayer la narration. Nous avons pensé, afin de garder une certaine homogénéité dans le texte, à fixer le même nombre de mètres pour les vers et de strophes par chapitre ; de même que nous avons envisagé la possibilité qu’une même strophe (ou un même couplet) débute et termine un chapitre. Bien entendu, ces ébauches de règles sont en fait flexibles et tout auteur peut s’en affranchir s’il le désire, l’essentiel étant de rester dans l’idée du concept.
 Le « Roman-Rap » est donc lancé. Survivra-t-il pour se développer et se répandre dans le monde entier comme le Slam de Marc Smith ou mourra-t-il dans l’œuf, faute de convaincre le public ? La réponse à cette question vous appartient, vous lecteurs et auteurs. Parlez-en, discutez-en sur les blogs, dans les revues en ligne, partout afin qu’il fasse son chemin. Les suggestions tout comme les critiques sont les bienvenues .Nous vous invitons à adhérer à cette expérience nouvelle, à l’enrichir de votre génie, de votre talent en vous y essayant : n’hésitez pas à publier des œuvres (romans, nouvelles) et même à expérimenter d’autres sous-concepts (dans la mesure de votre créativité) dans ce courant littéraire qui fait ses premiers pas. Car si le Slam, le Spoken Word, le Rap, la Soul, le Jazz , le R & B, le Techno sont devenus universels et incontournables aujourd’hui, c’est d’abord et en grande partie grâce à la foule des créateurs qui y ont cru à leurs débuts et y ont apporté leur contribution.