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La question de la liberté / Cano & le bleu de Prusse
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 Article publié le 6 novembre 2005.

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Quelle distance me sépare de Cano ? Cano est un peintre du dimanche. Ses paysages sont appréciés par ceux-là mêmes qui doutent de ma capacité à peindre des paysages, d’autant que ceux-ci, peints gentiment à l’huile sur de la toile de lin, sont accompagnés d’expériences qui témoignent du peu de cas que j’accorde à l’art d’accrocher des oeuvres d’art sur les murs de l’environnement familier, voire intime. Je demeure curieux de représentation et m’aventure trop dans la description. Les toiles de Cano ornent aussi bien le salon que la cuisine ou la chambre conjugale. Évidemment, Cano ne sait pas dessiner. Il reproduit ses paysages sur la toile avec un rétroprojecteur[94]. Il est quelquefois agacé parce qu’un concurrent a utilisé la même carte postale que lui. Aussi a-t-il songé à photographier lui-même les paysages que son inspiration ne trouve pas ailleurs, mais la photographie est un art, il a eu tôt fait de s’en apercevoir tant son optique s’est révélée peu adaptée à la visée et au cadrage. Il n’a d’ailleurs pas l’intention de s’intéresser à l’optique et il est férocement déçu par la photographie digitale qui ne résout pas son problème d’inspiration et qui prétend lui imposer, en plus des questions optiques qui demeurent les mêmes, une autre évaluation mathématique de la lumière. Il est donc rapidement revenu aux cartes postales et il harcèle le vendeur pour tenter de le convaincre de vendre des modèles uniques. Il lui arrive d’acheter tout le lot s’il estime que le paysage en question a quelque chance d’inspirer un concurrent. On n’est jamais surpris de le voir déposer sur l’escarcelle du vendeur une poignée de cartes postales du même modèle, alors que l’usage prétend à la diversité ; en effet, deux amis qui recevraient le même sujet n’auraient aucun intérêt à se rencontrer. Mais Cano n’écrit pas à ses amis, le vendeur de cartes postales le sait, il en parle quelquefois avec d’autres clients, avec moi souvent, et on rit. Le vendeur ne rit pas pour les raisons qui agitent mon joyeux plexus. Cano m’a révélé qu’il devait tout au violet Titan, un violet si envahissant que j’ai d’abord supposé qu’il était à base de Bleu de Prusse, un cyanure de fer au comportement étrange et ambigu[95]. Le violet de Cano, comme je l’appelle maintenant, est composé de bleu de phtalocyanine et de rouge de quinacridone avec une charge de blanc de zinc, un mélange appréciable que Cano, en praticien sans aventure, apprécie d’ailleurs à sa juste valeur, c’est-à-dire à la valeur qu’il lui attribue ou que ses recherches lui ont conférée. Il met du violet de Cano partout. Je lui ai même un jour conseillé d’en badigeonner la toile avant de s’y mettre à frais, et l’expérience s’est conclue par le meilleur paysage que Cano ai jamais conçu sans douleur. Depuis, les paysages se succèdent et la clientèle ne cache pas ses ravissements, d’autant que Cano négocie à bas prix, et comme son art a l’air d’en être un, on spécule un peu sur l’avenir. Les gens sont petits, et l’art qu’il cultive sur les murs de leurs cabanes familiales n’est pas grand. Un équilibre qui satisfait tout le monde. Les paysages de Cano sont violets, ses montagnes mélangent le vert au violet, les lointains personnages de ses coteaux sont violets dans la lumière et dans l’ombre, sa signature est purement violette. On est étonné de ne pas trouver dans son regard une touche de violet qui confirmerait son génie. La voilette violette qu’il dépose par mélange[96] sur ses paysages est sa marque de fabrique et le signe qu’il a compris quelque chose qu’on ne peut pas savoir aussi clairement que lui, mais dont on a une idée. Cano est considéré comme un poète, ce que je ne suis qu’accessoirement, quand je reviens à de plus pures expressions du destin de l’homme. Je suis en dessous de Cano, ce que je reconnais bien volontiers, car je n’ai pas l’esprit à la chipote. Mais au fond, j’en souffre. D’abord parce que j’ai consacré le meilleur de mon temps à étudier l’art et que j’en connais les moyens avec, souvent, une profondeur que des âmes moins fermées ne me contestent pas. Seulement, je n’ai aucun désir, cela se comprend aisément, de convaincre les convaincus, les connaisseurs. Je suis un homme du peuple. Je veux revenir aux miens avec les bras chargés d’une oeuvre moderne. Au fond de moi, je sais que l’art est l’art des artistes[97] et je ne m’en veux pas. Mais la vie est la vie des vivants et il n’y en a pas d’autres, tandis que l’art est aussi divers que ses artistes. Partant de ce principe, je suppose peut-être erronément que l’art est l’art de tout le monde, ce qui, je le reconnais, est difficile à croire. J’aime bien Cano parce que c’est un imbécile et qu’il fait grand cas de mes conseils. Il connaît, sans les reconnaître, l’efficacité de mes connaissances de la matière. Avec les autres, quand il parle de moi, il est condescendant et il rappelle qu’il m’a acheté un paysage pour sa collection personnelle. Il me fait de la publicité. Mais on ne peut jamais s’empêcher de me demander, quand on est sur le point de céder à la tentation d’acquérir une de mes oeuvres, pourquoi j’ai peint tel détail en dépit du bon sens. Le bon sens a une couleur, le violet de Cano en est la preuve, et une forme héritée de la carte postale. C’est en effet la chose la mieux partagée du monde.

Cano n’est pas le seul poète à succès de ma connaissance. Il y en a qui écrivent. Eux aussi ont trouvé un truc qui les différencie, et j’appelle ces procédés, ces ruses, des violets de Cano. Des voilettes violettes. Mais quelle distance il y a entre celui qui s’échine sans recours autres que ceux que lui autorise son art et celui qui applique son violet de Cano à ses productions à la gomme ! Quelle distance infranchissable entre la sincérité et l’hypocrisie ! Il faut être poète pour la mesurer exactement. Et pourtant, poète, on ne l’est pas aux yeux qui vous regardent. On n’est que l’éclaboussure inévitable de l’art, une fatalité qu’on est prêt à accepter si on ne perd pas de vue le bouchon. Je me surprends souvent, trop souvent, en pleine surveillance de ce bouchon que j’ai jeté à l’eau des poissons symboliques de mon art. L’eau de mon art est aussi le miroir de ma médiocrité. Cano m’aura au moins enseigné quelque chose.

C’est comme le lieutenant Castain. Ce n’est pas moi qui l’ai connu, c’est André Breton[98]. Le lieutenant Castain avait reçu un rapport de police présentant Breton comme "un agitateur dangereux". Il n’était pas bon, en ce temps-là, de passer pour un agitateur, mais le lieutenant Castain avait des Lettres et il trouvait Breton "personnellement très sympathique". Ce qui l’embêtait, c’était que Breton fût aussi présenté comme écrivain et journaliste. Journaliste, "ce mot était souligné d’une expression d’alarme particulière". On comprend alors la réponse de Breton : "Non, vraiment, je ne suis en rien journaliste, j’écris - j’y insiste, sentant à partir de là ma cause gagnée - des livres d’intérêt strictement poétique et psychologique." Le soir même, le commandant du camp me transmet l’autorisation de résider librement... La liberté contre un aveu d’impuissance et d’humour. Puis le commandant de gendarmerie : "La grossièreté foncière de ses propos le dispute à une bonhomie de commande, encore plus difficilement supportable : Il faut tout l’attrait de la liberté reconquise pour endurer, ne serait-ce que quelques minutes, ce que les manières d’un tel être ont d’outrageant."

On sait en quoi pouvait consister l’outrage. Nous avons tous vécu de semblables situations, mais rarement avec un tel degré d’intensité. Et il y a plus intense encore, quand le suicide se propose à l’esprit plongé dans les affres de l’impuissance à s’en sortir par ses propres moyens[99]. Cano aurait peut-être mieux résisté que Breton dans la même situation. Pourquoi douter du courage de Cano ? Mais Cano n’aurait pas pu éluder la question du journalisme parce que Cano n’est pas journaliste. Cano peint des paysages. Il serait peut-être un agitateur dangereux en cas de guerre, mais tout ce qu’on pourrait lui reprocher en plus, ce serait de peindre, ce qui serait absurde car Cano ne peint que des tableaux qui n’ont même pas d’intérêt strictement poétique et psychologique. Si le lieutenant Castain avait eu affaire à Cano, il ne l’aurait même pas trouvé sympathique. Il s’en serait tenu strictement à d’autres préoccupations. Cano, s’il avait vécu une quelconque confrontation avec le régime de Franco, ne s’en serait peut-être pas sorti aussi facilement. La liberté de Cano tient à sa peinture violette. Elle ne tiendrait pas accrochée au fil d’activités dangereuses, voire de journalisme. Breton s’en tire parce qu’il est sympathique a priori et qu’il se soumet ensuite. Si donc on souhaite obtenir le résultat de la différence entre Cano et Breton, on constate :

 - que Cano n’est pas un poète ;

 - qu’il n’est pas non plus un journaliste.

Sa seule chance de passer pour un héros, c’est l’action et l’injure. Sinon, il s’accroît dans une médiocrité qu’il faut bien ajouter à la trivialité de son art.

Breton se sauve des embarras de la guerre[100] et demeure poète et journaliste. Qui le lui reprochera ?

Après tant de considérations sur la forme et le fond, après ces questions d’esthétiques qui se centrent sur le moi, les aventures de Cano et de Breton nous prennent par la main pour nous poser des questions plus terre-à-terre. Une éthique est en vue. Après avoir, par attouchements autoreproductibles, fait plus ou moins le tour d’un art en effet strictement poétique et psychologique[101], il est nécessaire d’en venir aux mains, de se battre, de se défendre pour ne pas se taire, de se réfugier pour parler enfin. S’écraser bêtement ne sert sans doute pas à grand-chose. Bien sûr, les concessions accordées à la tranquillité peuvent aussi bien sauver de l’enfermement que de l’exclusion sociale. On admet généralement que la ruse, si on n’en abuse pas, est un outil relativement acceptable moralement. Ce qu’on juge alors, ce sont les circonstances qui l’ont inspirée. Breton est absous. Cano le serait s’il était fusillé. Et l’autre, cet autre moi qui peint des paysages et qui ne dit rien ? Certes, il ne consent pas à changer les détails de son ouvrage sous prétexte que la faim le tenaille ou que la menace d’exclusion est imminente. Il se tient simplement à l’écart, n’accordant son temps de paroles qu’à son art, que personne ou presque ne comprend. Plongé dans une situation réellement difficile, n’étant pas journaliste et n’ayant donc pas le choix de prétendre ne pas l’être, il serait dans la situation de Cano, avec en moins le violet capable de le sauver au moins du ridicule. Cette situation a été vécue par Ernest Hemingway auquel on se réfère souvent pour expliquer comment un individualiste seulement préoccupé par son art devient un défenseur de la liberté[102]. Garcia Marquez, Vargas Llosa, etc., un grand nombre d’écrivains importants ont été et sont des journalistes, c’est-à-dire des hommes s’exprimant sur l’actualité pour en tirer des conclusions qui n’ont qu’un lointain rapport avec leur art.

"On me pardonnera d’insister avec tant de maladresse sur quelques vérités premières, où je ne sais que trop qu’il est de mauvais ton, pour qui du moins se mêle d’écrire, de paraître s’attarder. Un esprit délicat peut bien les débattre en lui-même, comme malgré lui et parce qu’il y est forcé ; il se gardera avec soin de s’en occuper publiquement. Les questions qu’elles soulèvent étant sans réponse, il est enfantin de se les poser. Elles ne peuvent guère servir qu’à des développements poétiques, et d’une poésie d’ailleurs bien usée : la poésie du pourquoi, à quoi il convient sans doute de préférer la science du comment.[103]"

Mon coeur balance. J’ai deux amours. Je ne sais toujours pas si cette poésie de circonstance, que je préférerais sans doute à l’article journalistique si l’occasion m’était donnée de m’exprimer dans une ou deux colonnes, a sa place dans le texte que j’écris depuis si longtemps que je n’envisage même plus de ne plus l’écrire. Bien sûr, le cri poussé contre les despotes et la destinée est présent, mais il convient de reconnaître qu’il n’a pas valeur de revendication. La satire, particulièrement présente dans le "Tractatus ologicus", n’a pas ce pouvoir de l’immédiate compréhension qui sert à quelque chose. Le texte tourne plutôt à la fable s’il se met à moraliser un peu, et non pas à l’argumentaire ayant quelque utilité pour l’homme et surtout pour celui qui souffre. Je n’aime pas la majesté des souffrances humaines[104], quitte à escagasser un alexandrin de cette qualité prébaudelérienne. C’est en effet une poésie usée. Je ne la renouvelle que dans la farce, mais une farce qui ne peut pas recevoir l’agrément du plus grand nombre, de ceux qui ont besoin de se voir ou de se revoir sur la scène littéraire[105] au moins pour avoir l’impression qu’on pense à eux. La revendication est une affaire sérieuse et je considère que ce n’est pas la mienne. Je ne peux apparaître que comme conscient de difficultés qui ne sont pas les miennes. Et les miennes n’ont d’intérêt qu’à partir du moment où je sais comment.

Au fond, la seule chose qui me sépare ou me différencie de Cano, c’est le fait que j’en connais beaucoup plus que lui en matière de technique picturale et que ma main est capable de répondre autant à mon oeil qu’aux pulsions de mon cerveau. Ce n’est qu’une question d’éducation et de chance et non pas le résultat d’un labeur pertinent. Je réussis à l’endroit même où il est lamentable, c’est-à-dire sur la toile. Et il réussit dans la tête des gens sans doute parce qu’il leur ressemble et que je m’en distingue nettement. Je n’appelle pas cela une grande différence. Si je me compare maintenant à Breton ou à Hemingway[106], je reconnais que je ne les vaux pas techniquement. Cela ne me coûte pas grand-chose d’affirmer une évidence qu’on pourrait d’ailleurs prendre pour de la fausse modestie. De plus, c’est un bon moyen de passer sous silence le vrai problème qu’ils me posent : leur littérature, contrairement à celle de Jean-Paul Sartre, est aussi engagée[107]. La mienne ne l’est pas. Elle est peut-être poétique[108], je suis peut-être un bon écrivain, mais qui ne l’est pas ?[109]

 

L’AUTEUR - Ce qui va faire l’objet du chapitre suivant...

LA VIEILLE DAME - Ah ? Bon. Je croyais que c’était fini.


[94] Je n’ai rien contre le rétroprojecteur, mais Lichstenstein savait s’en servir dans le cadre même de son art.

[95] Le bleu de Prusse n’est pas seulement envahissant, il disparaît au soleil et reparaît quand l’ombre revient sur lui. Un néon.

[96] Malgré de louables efforts, Cano n’a pas réussi à faire quelque chose du glacis.

[97] Tristan Tzara.

[98] André Breton - "Martinique, charmeuse de serpent", où Aimé Césaire renaît une troisième fois.

[99] Primo Levi : Le suicide est un acte philosophique. J’ai été proche de l’idée du suicide. Avant et après le camp. Jamais à l’intérieur du camp. (RAL,M)

[100] Il sauve surtout sa femme et son enfant. Comme Dantec nourrit les siens.

[101] Surtout si l’on s’enfonce dans la théorie de Kandinsky.

[102] Un homme seul est foutu d’avance, dit Harry Morgan dans "En avoir ou pas".

[103] Ramuz - Taille de l’homme. Que je cite à propos de Nacer Khelouz, et on va voir que ce n’est pas en vain dans l’excellente rubrique qu’il offre à la RAL,M : Side effects.

[104] Alfred de Vigny -  J’aime la majesté des souffrances humaines... - "Les destinées. La maison du berger".

[105] Ou picturale. Mais je lui préfère le viseur implaccable des photographes. Sinon, il y a le dessin humoristique, cruellement humoristique.

[106] Mes maîtres. J’ai appris de Breton la liberté et d’Hemingway l’implicite.

[107] On a bien compris que la littérature de Sartre est engagée mais qu’elle ne vaut pas tripette.

[108] Ce n’est pas à moi d’en décider.

[109] Philosophant ainsi, j’en viens aussi à me portraiturer. Portrait philosophique, bien sûr.

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 La rivière Noire - Le Syrphe - [lecture] (en travaux...)
 Poésies de Patrick Cintas - Choix de poèmes (Patrick Cintas)
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ESSAIS - ARTICLES - Actor (essais), Galère de notre temps (articles).
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Livres publiés chez [Le chasseur abstrait] et/ou dans la RALM (voir ci-dessous).
Quelquefois avec la collaboration de
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BIOGRAPHIE
A propos de ce chantier

« Le travail d'un seul homme... » - Ferdinand Cheval.
...Commencé dans les années 80, sans réseau mais avec un assembleur, basic et une extension base de données, le projet "électronique" de ce festin a suivi les chemins parallèles de la technologie informatique grand-public et la nécessaire évolution du texte lui-même.

Il faut dire qu'il avait été précédé d'une longue et intense réflexion sur le support/surface à lui donner impérativement, non pas pour échapper aux normes éditoriales toujours en vigueur aujourd'hui, mais dans la perspective d'une invention propre aux exigences particulières de sa lecture.

Le « site » a subi, avec les ans, puis avec les décennies, les convulsions dont tout patient expérimental est la victime consentante. Cette « longue impatience » a fini par porter des fruits. Comme ils sont ce qu'ils sont et que je ne suis pas du genre à me préférer aux autres, j'ai travaillé dans la tranquillité de mon espace privé sans jamais cesser de m'intéresser aux travaux de mes contemporains même les moins reconnus par le pyramidion et ses angles domestiques.

Et c'est après 15 ans d'activité au sein de la RALM que je me décide à donner à ce travail le caractère officiel d'une édition à proprement parler.

On trouvera chez Le chasseur abstrait et dans la RALM les livres et le chantier qui servent de lit à cet ouvrage obstiné. Et [ici], la grille (ou porte) que je construis depuis si longtemps sans avoir jamais réussi à l'entourer d'un palais comme j'en ai rêvé dans ma laborieuse adolescence. Mais pourquoi cesser d'en rêver alors que je suis beaucoup plus proche de ma mort que de ma naissance ? Avec le temps, le rêve est devenu urgence.

« À ceux-là je présente cette composition simplement comme un objet d'Art ; — disons comme un Roman, ou, si ma prétention n'est pas jugée trop haute, comme un Poème. » - Edgar Poe. Eureka.

 

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