« La vie n’a qu’un charme vrai : c’est le charme du jeu. Mais s’il nous est indifférent de gagner ou de perdre ? » — du lynx, du lion et de la louve, c’est le lion qui fait les frais du jeu — c’est que le poète — bon ou mauvais — est un propriétaire — curieuse prétention pour qui n’est pas le maître de sa langue — et prisonnier du langage ! — rongé par son système de défense (de protection) et son code de comparaison — cerné par sa propre critique de l’autre — et rôdant chez l’autre — finalement ne jouant pas — ignorant peut-être ce charme. Comme l’enfer n’existe pas, même en pensée — ce ne sont pas la luxure et l’avarice que nous placerions de chaque côté de l’orgueil — mais la pile et la face de la même pièce — soi-même au contact de la vie et de ses fines existences — la « fin de tout » de chaque côté — et le sentiment de n’avoir pas perdu un temps précieux à peaufiner un texte forcément inachevable et achevé, comme on dit. Jouer avec le texte, c’est mourir à petit feu — sans esprit de propriété — ni sentiment de culpabilité — c’est attendre qu’il se passe quelque chose — et il ne se passe rien si on ne met pas le nez dehors pour évaluer l’effet qu’on produit sur les autres. Affaire personnelle — au fond — festin sans invité et sans hôte — cela ressemble de près au désir — mais plus encore à ce qu’on peut savoir du charme — surtout si on a réussi — par quel exploit ! — à le personnifier au point d’avoir acquis le pouvoir de relancer sans cesse le texte — jusqu’à peut-être que cela n’ait plus aucun sens — jusqu’à épuisement du sujet. Jouer avec un revolver ou autre chose — ne pas devenir le larbin au service du bienfaiteur — ne pas croire que c’est facile — que c’est avant tout une question de chance — plutôt d’inattendu pour contrer l’espoir — ne jamais troquer l’attente contre l’espoir — jouer ça ne prend pas de temps ! C’est ça, le sens du mot charme. Pan !